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Interview   

Oceansize : comme un poisson dans l’eau


Peut-être vous souvenez-vous d’une publicité pour l’opérateur téléphonique Orange. La scène se déroulait à la surface d’un océan et mettait en vedette un poisson se libérant de son bocal en verre. Le réalisateur de cette publicité avait eu le bon goût d’utiliser le titre « Music For A Nurse » d’Oceansize pour la bande son. Mine de rien ce choix n’est peut être pas si anodin – le thème océanographique va de pair avec le nom du groupe anglais – et semble même prémonitoire. En effet, après quelques tentatives de se conformer aux pratiques commerciales, c’est aujourd’hui un Oceansize définitivement libéré que l’on retrouve, sans concession sur sa créativité, mais également plus mature.

C’est ce que Steve Durose, guitariste, confesse dans nos colonnes mais c’est aussi une évidence lorsque l’on écoute le nouvel album, sobrement intitulé Self Preserved While The Bodies Float Up, et rien qu’un tel titre c’est un signe !

Mais laissons Steve nous expliquer tout ça.

« Quand on envisage de sortir un single, de réaliser un clip, on espère forcément que cela aura un impact positif sur les ventes d’albums. En réalité il n y a pas eu de véritables changements. Cela n’a pas eu l’effet escompté. Ainsi on a complètement arrêté le principe des singles, cela ne nous correspond pas vraiment. Alors maintenant nous faisons simplement ce que nous voulons. »

Radio Metal : L’année dernière vous avez sorti Feed To Feed, c’est un coffret rassemblant une version live de vos trois premiers albums. Crois-tu que c’était le bon moment pour proposer une rétrospective aussi importante ?

Steve Durose (guitare) : Je ne sais pas, je n’y ai pas vraiment réfléchi. Je crois que c’est quelque chose que nous avons toujours souhaité faire. C’est arrivé au moment où cela faisait dix ans que nous étions ensemble dans le groupe. C’était un moyen de souffler notre dixième bougie. Tout cela s’est mis en place en parallèle avec le fait que nous voulions faire trois concerts. C’est seulement une fois ces trois concerts confirmés que nous avons décidé de les filmer. On s’est dit que cela pourrait être sympa d’en faire un box set. Je crois que si on ne l’avait pas fait à ce moment là on aurait dû encore attendre dix années de plus (rires)

Self Preserved While The Bodies Float Up est un titre très compliqué pour un album. Qu’est ce qu’il signifie ?

C’est une célébration de la longévité. Cela fait tellement longtemps que nous sommes ensemble maintenant ! Nous n’avons jamais eu l’impression d’appartenir à une scène en particulier. Nous avons toujours vogué en solitaire, un peu comme si nous vivions dans une bulle, travaillant de notre côté et ce pendant de nombreuses années ! Nous ne sommes toujours pas vraiment connus dans le monde alors c’est une sorte de cérémonie en l’honneur de notre auto-préservation. Peut être qu’un jour futur nous ferons exploser cette bulle…

Et crois-tu que vous serez toujours sur le devant de la scène dans dix ans ?

J’espère bien oui ! Nous trouvons toujours autant d’intérêt à travailler ensemble donc aussi longtemps que cela durera nous n’arrêterons pas.

Au sujet de l’album, Mike Vennart a dit qu’il y avait une « putain » de chanson qui était « simplement la chose la plus forte, la plus odieuse, la plus salle, horrible et puissante que le groupe n’ait jamais composée. » Faisait-il allusion au titre « Part Cardiac » ?

Oui c’est bien ça !

Comment en êtes-vous arrivés à écrire un titre aussi lourd, sombre et macabre ? C’est quelque peu inhabituel pour Oceansize.

Pour tout te dire, je ne suis pas sûr, c’était une idée de Mike… Il a un esprit vraiment dingue parfois, n’est ce pas ?

D’ailleurs l’album démarre avec « Part Cardiac », n’était-ce pas trop risqué de commencer l’album avec une telle chanson ?

Honnêtement, je ne crois pas que nous ayons jamais été préoccupés par ce qui était risqué ou pas. Nous avons juste décidé d’ouvrir avec ce Big Bang mais je vois ce que tu veux dire. D’un point de vue commercial, ça n’est probablement pas le titre idéal pour débuter un album. Mais nous aimons surprendre les gens.

Juste après « Part Cardiac » il y a le titre « Super Imposer » qui ressemble davantage à ce qu’on peut attendre d’Oceansize. On dirait un deuxième départ pour l’album, était-ce une démarche intentionnée ?

Nous voulions que les quinze premières minutes ressemblent à une sorte d’agression continue. Dans ce sens, ces deux titres semblent bien fonctionner ensemble. « Super Imposer » à l’air de correspondre avec l’idée d’une intro heavy metal un peu décalée située avant le véritable début de l’album. Donc oui, c’était quelque chose de réfléchi.

« Super Imposer » semble être connecté au dernier titre de l’album, « Super Imposter », bien évidemment à cause de leurs titres respectifs. Que peux-tu nous dire sur le lien qui unit ces deux morceaux ?

D’un point de vue musical, il n y a aucun lien, c’est déjà plus probable au niveau des paroles. C’est vraiment difficile pour moi de l’expliquer. Mike a légèrement tendance à garder ses paroles pour lui. Je suis un véritable fan de son style d’écriture donc je préfère lui laisser cette partie du travail. Ne me demande pas trop de détails à ce sujet. J’aime les images qu’il utilise mais je ne peux pas lire à travers ses paroles, c’est peut être une question que tu pourras lui poser si jamais tu l’interviewes.

« Je pense que nous avons développé une meilleure compréhension du moment où une chanson doit se terminer. Avec le recul, lorsque nous rejouons nos toutes premières chansons, notamment celles sur Effloresce, on a l’impression que nous les avons peut-être portées plus loin que nécessaire. »

On dirait que le groupe aime jouer avec ses auditeurs, notamment les quinze minutes d’agression au début de l’album, le fait d’avoir choisi un morceau puissant pour l’intro…

Oui c’est vrai, nous essayons assurément de ne pas suivre un but trop précis. Nous ne tentons pas volontairement de nous moquer des auditeurs mais juste de les provoquer un peu.

Il n y a que deux titres assez longs sur l’album, tous les autres sont relativement concis. L’album contient également des passages très intenses et puissants comparé par exemple à Frames. Qu’est ce qui vous a conduit à aller plus à l’efficace ?

Je pense que nous avons développé une meilleure compréhension du moment où une chanson doit se terminer. Avec le recul, lorsque nous rejouons nos toutes premières chansons, notamment celles sur Effloresce, on a l’impression que nous les avons peut-être portées plus loin que nécessaire. C’est plus un ressenti personnel qu’un changement de direction ou quoi que ce soit d’autre. Nous avons ressenti qu’il était plus facile pour nous de terminer les chansons cette fois. Nous savions quand les émotions étaient finies ou quand les chansons arrivaient naturellement à leur fin. Nous avons cette fois-ci essayé de ne pas inclure trop d’idées différentes dans une même composition. C’est juste ainsi que cela s’est passé. Ce n’était pas quelque chose de conscient ; c’est sorti comme ça.

En octobre 2009 vous avez sorti un EP intitulé Home & Minor, c’est un EP qui est en quelque sorte plus léger. En comparaison avec le nouvel album, est-ce que tu qualifierais cet EP du « calme avant la tempête » ?

Oui, à cet égard cela y fait penser, n’est ce pas ? A l’époque on voulait juste sortir un album pour que les fans n’aient pas trop à attendre avant l’opus principal. Depuis de nombreuses années nous avions l’idée de faire un EP plus mélodique mais sans jamais en avoir eu l’opportunité. Évidemment, nous ne voulions pas produire un album complet sur cette thématique qui aurait été un peu en décalage avec ce que les gens sont habitués à entendre. Nous aimons le côté plus léger de nos compositions, cela nous plaît vraiment. C’est peut être comme une immersion dans quelque chose qui ne peut pas être développé sur un album entier.

Bien que l’album contienne des chansons très heavy, il conserve une nouvelle fois la diversité caractéristique d’Oceansize. Est-ce important pour vous ?

Savoir si c’est important ou pas est une bonne question. C’est quelque chose dont on ne s’écarte jamais. Nos chansons sont constamment très hétéroclites. Sur chaque album que l’on compose, il y a ce style de chansons colorées mélangeant le léger avec le sombre créant ainsi une sorte de clash. Je n’en connais pas spécialement la raison, c’est juste la manière dont cela évolue. Cela faisait déjà quatre ans que nous travaillions ensemble avant de signer chez un label, par conséquent ce style musical était déjà en nous, nous nous y sommes habitués et l’avons fait perdurer au cours de notre carrière professionnelle. Il s’agit de quelque chose que nous faisons naturellement, on ne peut pas s’en séparer. C’est probablement quelque chose que l’on cultive d’une certaine manière puisque personne ne sait quelles étiquettes nous coller. Mais on ne s’en soucit pas plus que ça. En ce qui nous concerne, nous pensons que cet album est intéressant et c’est tout ce qui importe.

Apparemment vous avez eu la possibilité de jouer certains titres en live avant de les enregistrer. Est-ce que vous voyez ça comme un moyen de les tester ?

Oui, on a toujours aimé procéder ainsi. On peut rester en studio des mois et des mois simplement à interpréter des titres mais tant qu’on ne les a pas joués devant un public on ne peut pas connaître leur véritable émotion. Les réactions du public nous aident un peu. Et puis, jouer des chansons pour la première fois au cours d’un seul concert donne l’impression de les avoir jouées pendant dix répétitions. Tu vois ce que je veux dire ? Je ne sais pas si c’est psychologique, peut-être… Mais lorsque l’on revient avec ces titres à la maison, on a vraiment l’impression qu’ils font maintenant partie de nous car nous les avons partagés.

Avez-vous modifié certains titres après les avoir joués en live ?

Pas tellement. Je n’ai pas d’exemples spécifiques en tête, nous l’avons peut être fait un peu. C’est toujours une occasion d’assembler ce qu’on a ressenti pendant un concert avec ce que l’on a déjà fait se disant que tel élément devrait plus être comme ci ou comme ça. Mais dans l’ensemble nous étions plutôt satisfaits de la façon dont ça s’est déroulé, nous étions à l’aise avec ces titres.

Qu’est-ce qui a poussé le groupe à prendre en charge lui-même la production de cet album ?

Maintenant nous possédons notre propre studio et il est nettement plus rentable pour nous d’être en mesure de nous produire nous-mêmes. Un grand studio situé à la campagne coûte une fortune de nos jours. Nous avons pensé à Chris Sheldon pour mixer l’album car nous aimons vraiment ce qu’il fait et nous aimons lorsqu’il est impliqué. Ceci n’a pas changé. Mais cela nous revenait moins cher d’utiliser notre studio. De plus, mieux vaut rentabiliser ce que l’on achète, n’est ce pas ?

Qu’est-ce qui vous a fait croire que vous seriez capables de produire vous-mêmes cet album ?

(rires) C’est une bonne question ! Pour être honnête, je me suis chargé de la plus grande partie des enregistrements. Je savais plutôt bien comment faire, mais je n’étais pas si sûr de moi. C’était une lourde charge que je portais sur mes épaules. Au final je suis content de l’avoir fait, c’était une bonne expérience. Je suis plutôt fier de moi. Je crois que maintenant je serais capable de recommencer dès que nous entamerons un nouveau projet.

Nous avons juste le sentiment que si nous changions autant notre musique pour que cela puisse, peut-être, nous profiter financièrement, nous perdrions, d’une certaine manière, l’estime de notre travail.

Mike Vennart a confié n’avoir jamais été aussi excité pendant l’enregistrement d’un disque depuis Everyone Into Position. Je sais pourtant que certains membres du groupe ont fait entendre qu’ils avaient des sentiments partagés quant à cet album. On dirait que les opinions divergent sur ce sujet. Est-ce que le groupe a l’habitude d’endurer ce genre d’opinions contradictoires et précisément sur sa propre musique ?

Oui, en permanence, je suppose que c’est ce qui fait ce que nous sommes. Je crois que si nous étions d’accord sur tout, notre musique serait terne. Le fait de nous battre constamment pour essayer d’avoir ce que l’on veut pour la musique se perçoit dans nos compositions. Everyone Into Position était un album assez bizarre car à cette époque nous venions juste de sortir notre premier opus et nous ne savions pas vraiment ce que l’avenir nous réserverait pour le second album. Nous avons essayé plusieurs choses ; nous avons essayé de sortir quelques singles ce qui ne nous a d’ailleurs pas été spécialement bénéfique. Avec le recul, je dois admettre que cet album contient certaines de mes chansons préférées comme « The Last Wrongs » ou « Music For A Nurse ». Il n’y a aucune raison de le regretter. Nous avons en effet voulu essayer quelques trucs commerciaux et sortir quelques singles comme « Heaven Alive » et « New Pin ». Au final, cela ne nous a pas tant réussi que ça et je ne pense pas que l’on réessaiera. Je n’éprouve pas le moindre regret sur cette galette, il est bon et j’aime bien l’écouter. Je crois juste qu’à l’époque c’était un peu étrange pour nous.

Savais-tu que « Music For A Nurse » était utilisé pour une publicité en France ?

Oui ! (rires)

L’as-tu vu ?

Oui, elle a aussi servi pour une pub au Royaume-Uni.

En es-tu fier ?

Oui, disons qu’elle nous a permis d’avoir de la nourriture à table. (rires)

Au sujet des singles que vous avez sortis par le passé, tu viens d’affirmer que ça ne vous a pas tant réussi que ça. Que veux tu dire ? Je sais, d’ailleurs, qu’il est arrivé à Gambler d’affirmer la même chose…

Je crois que notre public nous suivait peu importe ce que l’on faisait. Quand on envisage de sortir un single, de réaliser un clip, on espère forcement que cela aura un impact positif sur les ventes d’albums. En réalité il n y a pas eu de véritables changements. Cela n’a pas eu l’effet escompté. Ainsi on a complètement arrêté le principe des singles, cela ne nous correspond pas vraiment. Alors maintenant nous faisons simplement ce que nous voulons.

Dans la biographie qui accompagnait l’album promo, il y a un essai écrit par le groupe concernant les baskets merdiques que vous portiez à l’époque et que vous portez toujours. Au début ces baskets étaient démodées et aujourd’hui des foules de centaines voire de milliers de personnes les portent ! Crois-tu que c’est le meilleur moyen de résumer le groupe ? Une formation démodée qui devient au final une référence ?

En fait, c’était Gambler qui faisait de l’humour. Mais c’est absolument cela, depuis le début nous étions toujours ce groupe aux baskets démodées, nous étions toujours ce groupe qui ne correspondait à aucune catégorie musicale, donc, oui, je crois que cela résume exactement ce que nous sommes.

Mike Vennart a dit qu’après le deuxième album le groupe avait arrêté de se fixer des objectifs. Il ajouta que c’était quelque chose de trop risqué et qu’il ne croyait pas que beaucoup de groupes étaient capables de le faire, d’élever le groupe tout en haut de l’échelle. Est-ce que cela signifie que vous avez peur de gravir les échelons ?

Non, nous n’avons pas du tout peur de gravir les échelons avec quoi que ce soit. Nous avons juste le sentiment que si nous changions autant notre musique pour que cela puisse, peut-être, nous profiter financièrement, nous perdrions, d’une certaine manière, l’estime de notre travail. Je crois que c’est ce que nous craignons à propos de tout cela. Alors si nous pouvons simplement continuer à écrire la musique la plus intéressante dont nous sommes capables, à avoir la possibilité de sortir des albums, alors nous le ferons. Cependant, nous ne nous forcerons pas trop à chercher le succès commercial car nous ne voulons pas que la musique en pâtisse et je ne crois pas que nos fans le veulent également.

NB : Le groupe se produira le 9 novembre prochain à Paris (Nouveau Casino)

Interview réalisée en Septembre 2010 par phoner
Myspace Oceansize : http://www.myspace.com/oceansizeuk



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