Paradise Lost a trente-sept ans et dix-sept albums au compteur. Ce groupe est le précurseur du metal gothique, inventant une formule qu’il n’a de cesse de bonifier avec le temps. En live, les cinq membres ne sont certes pas des plus spectaculaires, mais ils font preuve d’une grande constance dans l’interprétation.
Ils tournent en Europe cette fin d’année pour promouvoir leur dernier album Ascension. Acclamé par la critique, il s’agit d’un recueil de dix titres qui maintient le groupe au pinacle du genre. Quel est le secret du quintette pour se maintenir au sommet ? Comment vont-ils résumer une si longue carrière en une soirée ? Paradise Lost a-t-il encore la foi ? Son public a-t-il conservé sa ferveur ? Plongeons dans l’ambiance de ce 21 octobre 2025 à la Rayonne de Villeurbanne pour le découvrir, avec Lacrimas Profundere et Messa qui ont ouvert un bal à la teinte résolument gothique.
Artiste : Paradise Lost – Messa – Lacrimas Profundere
Date : 21 octobre 2025
Salle : La Rayonne
Ville : Villeurbanne [69]
Messa vient d’Italie, adopte un look metal extrême pour le batteur, psyché pour le guitariste et gothique pour la chanteuse. Sara Bianchin reprend de la tête aux pieds les codes du genre : cheveux noirs longs et ondulants, maquillage, piercing, veste et pantalon noir. Sobre, élégant, dark. Niveau musique, le groupe donne plus dans un rock teinté de noirceur et une touche de psychédélique. On pourrait même presque parler d’accents jazzy lors des solos. Un des morceaux marquants du set est interprété à la guitare slide, comme pourrait le faire Led Zeppelin ou Kirk Hammet en pleine période Load. Un riff rock, donc, et une batterie qui marque le tempo ponctué de passages en blast beat. Ce n’est pas banal et surtout loin de gimmicks « lourdeur et déprime » qu’on laisse au roi de la soirée.
Marco Zanin se tient avec sa basse à gauche de la scène. Il est mis à l’écart par les lumières et séparé du reste du groupe par un clavier. Pourtant, il assure ses parties avec prestance, quelque part entre Lemmy et David Vincent. Il joue certains passages avec un synthé analogique vintage. Un choix artistique qui accentue la singularité du son de Messa. Il est agréable en 2025 d’entendre une formation jouer avec de vrais amplis : Alberto Piccolo fait sortir de très beaux sons de son Vox. La batterie est elle aussi pleine de dynamique. Derrière ses fûts, Mistyr passe de « ghost notes » subtiles à une frappe massive, donnant beaucoup de relief au flow de la musique. Messa aura offert une belle mise en bouche.
Plat de résistance : Paradise Lost entre sur scène avec, en fond, une bande sonore qui plonge le public dans l’ambiance. Une voix féminine, une harmonie de guitare bien plombante, une mélodie, entrée crescendo de la batterie et la voix de Nick Holmes éructe un growl sur « Serpent On The Cross ». Ce titre issu du dernier album Ascension fait office d’excellente ouverture. Sombre, lourde, dynamique, voilà une composition poignante comme seul Greg Mackintosh sait en créer, avec cette touche unique de misérabilité et ce côté divin qui fait regarder vers le ciel. Et ce sera, peu ou prou, la même recette lors des seize titres joués ce soir à la Rayonne.
Le son dans la salle est très bon. Les instruments s’entendent très clairement, notamment la batterie avec le ping aigu de la cymbale ride, les éclats de la cymbale chinoise, etc. A noter que Jeff Singer, de retour au bercail, est placé derrière un paravent en plexiglass. Sa frappe est contenue et n’envahit pas l’espace sonore des autres musiciens. Vu des gradins, ce dispositif acoustique donne de jolis jeux de reflets en renvoyant les dos de Mackintosh, Edmondson et Aedy. Un petit plus sympa qui donne à voir l’envers du show !
Les lumières sont elles-mêmes excellentes. Sur « True Belief » elles sont en forme de croix bleues puis dorées qui tournent au sol. Pendant « One Second », le groupe n’est pratiquement plus visible, jouant à contre-jour dans le brouillard de fumée. Une mise en scène des plus immersives. « Once Solemm » rompt le côté solennel. Ce titre très heavy et énergique fait bouger la fosse. Les lumières deviennent alors couleur Draconian Times, violettes et rouges pour replonger en 1995. Dans le public, on compte des nostalgiques : cette même année sortait tout de même Demanufacture, A Change Of Season, Slaughter Of The Soul ou encore Domination. Mais il y a aussi un renouveau : on aperçoit des jeunes piqués par la curiosité, découvrant un des vieux pots du metal, dans lequel on fait l’une des meilleures soupes.
Séquence doom avec le massif « Beneath Broken Earth », puis synthpop avec « Nothing Sacred ». Une salle, deux ambiances. C’est bien là tout le talent de ce groupe de ménestrels du désespoir : conter une émotion sous diverses formes. Remarquons qu’en live, le son de Host n’est, finalement, pas si éloigné de celui de The Plague Whithin. Ici les samples fonctionnent à merveille avec le groove de la batterie et les guitares. Notons que la formation, comme beaucoup d’autres de nos jours, joue sur scène sans ampli. De fait, les sons de guitare, même les plus viscéraux, sont synthétiques.
Paradise Lost assume sa discographie et rend justice au fantastique Host dans des lumières bleu ciel. Il revendique son identité à multiples facettes et se porte très bien. L’assurance de Jeff, la discrétion de Stephen, l’énergie d’Aaron, la classe de Greg, la conviction de Nick font du quintette une valeur sûre lorsqu’il s’agit de sortir écouter de la musique live. Le frontman introduit « Mouth », encore un très bon titre pop rock, terriblement efficace. « Say Just Word » clôt le récital.
Paradise Lost revient sur les planches pour le rappel. En guise de dessert le public s’enfile trois titres, un retour vers le futur musical du début des années 2000 jusqu’à aujourd’hui avec « No Celebration », « Ghosts » tiré d’Obsidian et « Silence Like The Grave » d’Ascension. Une dernière chanson qui scelle cette soirée à la Rayonne. La messe est dite. Pas de hits. Pas de « No Hope In Sight » ou « The Last Time ». Pourtant aucun manque ne se fait ressentir. La carrière du groupe est suffisamment riche pour remplir une setlist équilibrée. Quatre-vingts minutes pendant lesquelles le temps ne comptait plus.
Setlist :
Serpent On The Cross
Tragic Idol
True Belief
One Second
Once solemn
Faith Divides Us – Death Unites Us
Pityt The Sadness
Beneath Broken Earth
Nothing Sacred
Tyrants Serenade
Requiem
Mouth
Say Just Words
Rappels :
No Celebration
Ghosts
Silence Like The Grave































180 mn, Je me suis emballé !!
Et comme le dit la conclusion: un concert pendant lequel le temps ne compte plus.
Au moins ça fait plaisir d’avoir des gens qui lisent avec intérêt jusqu’au bout 🙂
180 minutes ? Ça fait 3 heures de concert !!!!! Vous êtes sûr ????
Plutôt 80 minutes de jeu je pense, comme à Paris.