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Interview   

Refused est mort, vive Refused


En 2025, Dennis Lyxzén se penche une nouvelle fois sur les soubresauts de son propre parcours artistique, cette fois à travers la dissolution retentissante de Refused, groupe phare du hardcore suédois. Au-delà des cris et des guitares frénétiques, la rupture de ce dernier soulève une interrogation intemporelle : à quel moment un collectif visionnaire cesse-t-il de résister aux pressions internes, externes, et aux dérives du succès ? Avec une lucidité acérée, Lyxzén revient sur les dynamiques qui ont conduit à l’arrêt brutal – le second – d’un tel projet, exposant les paradoxes et les fractures intrinsèques d’une formation qui, tout en changeant le visage d’une scène politique musicale, s’est vue rattrapée par des forces insaisissables : ambitions divergentes, épuisement et transformations sociétales.

Produit à la croisée des chemins entre lutte idéologique et introspection personnelle, le récit de Lyxzén ne se cantonne pas à la nostalgie d’une époque révolue : il décortique la nécessité de se réinventer, l’impact de la renommée sur la substance d’une œuvre, et la difficulté de conserver une identité contestataire face aux nécessaires compromis. Porté par les courants de l’histoire collective aussi bien que par les brisures individuelles, Dennis Lyxzén invite à vivre et à comprendre Refused et sa séparation au-delà des apparences : non pas comme une fin, mais comme, à la fois, une célébration et un point de départ pour repenser l’engagement et la création musicale.

A noter que la tournée d’adieu de Refused passera par l’Elysée Montmartre de Paris et l’Aéronef de Lille, respectivement, les 8 et 9 octobre prochain ! (Billetterie ici)

« Quand j’étais jeune, j’étais assez allergique aux vieux qui jouaient dans des groupes [rires], puis je suis moi-même devenu un vieux et j’ai mis de l’eau dans mon vin. »

Radio Metal : Refused est en tournée d’adieu depuis mars de cette année. Vous n’avez pas donné un seul concert en quatre ans, entre mars 2020 et juin 2024. Que s’est-il passé pendant ces années ?

Dennis Lyxzén (chant) : Tout d’abord, il y a eu les deux années de pandémie – n’oublions pas à quel point c’était horrible ! Après la pandémie, nous avons décidé de faire une pause avec le groupe, que nous n’allions pas jouer. David [Sandström] ne se sentait pas inspiré, donc il a dit : « Faisons une pause, et quand l’inspiration reviendra, on pourra rejouer. » Nous avons reçu une offre pour faire un festival l’an dernier, donc nous nous sommes poussés à exister à nouveau, mais ça nous a aussi poussés à nous séparer [rires].

Vous avez intitulé cette tournée Refused Are F**cking Dead (And This Time They Really Mean It). Je suppose que c’est en référence à votre première séparation, mais aussi à tous ces groupes qui font leur tournée d’adieu et reviennent quelques années plus tard. Est-ce que ça t’énerve ?

Honnêtement, oui et non. Ça paraît toujours un peu cynique d’annoncer que c’est la dernière tournée, puis les gens paient plus cher pour la voir et deux ans plus tard, le groupe est là : « Bon, en fait… » D’un autre côté, la plupart d’entre nous voulons juste jouer et parfois, certains prennent une décision hâtive en annonçant se séparer, puis quelques années passent et ils finissent par regretter. Je crois que les gens devraient avoir le droit de changer d’avis. Je suis donc mitigé sur la question. Quand j’étais jeune, j’étais assez allergique aux vieux qui jouaient dans des groupes [rires], puis je suis moi-même devenu un vieux et j’ai mis de l’eau dans mon vin. Il y a plein de groupes qui se reforment et se remettent à tourner et qui ne gagnent pas énormément d’argent. Ils se reforment juste parce qu’ils ont envie de faire des concerts et être avec leurs amis. Plus je vieillis, plus je comprends et respecte ça. Donc parfois, ça ressemble à de l’argent facile, et parfois, c’est juste qu’ils veulent rejouer de la musique. Je ne crois pas que ce soit aussi manichéen que les réseaux sociaux veulent que ce soit [petits rires].

Et du coup, êtes-vous certains que ça n’arrivera pas avec Refused ?

Je connais David depuis toujours, donc j’en suis pratiquement sûr [rires]. Comme je l’ai dit, il ne veut plus faire ça et c’est quelqu’un de très têtu. Il suffit de voir : la dernière fois, quatorze ans se sont écoulés entre notre séparation et notre retour. Je dois aussi être honnête, jouer avec Refused, c’est assez éprouvant sur le plan physique et si nous voulons revenir dans huit ans, j’aurai soixante ans, or je n’ai pas envie de faire ça sans être en mesure de donner tout ce que j’ai. En ce sens, j’ai aussi le sentiment que c’est très définitif. Nous allons continuer à jouer de la musique et faire des choses ensemble, mais sous un autre nom et, pour ma part, je pourrai adopter un autre langage sur scène, je ne serai pas obligé de faire constamment le fou, ce qui est sympa [petits rires].

A propos de David, il a publié un communiqué il y a quelques jours où il dit, notamment, que votre première rupture était involontaire. Cette deuxième rupture, en revanche, est une décision mûrement réfléchie et planifiée. Est-il important pour vous de mettre fin à ce groupe comme vous l’avez toujours vécu, c’est-à-dire selon vos propres conditions ?

Oui. Quand nous nous sommes séparés en 1998, ce n’était pas génial. C’était en pleine tournée, les gens étaient mécontents… C’était vraiment triste. Cette fois, quand nous avons discuté de la séparation, nous avons dit : « Célébrons le groupe que nous avons été pendant toutes ces années et offrons aux gens ce qu’ils veulent. Jouons les chansons une dernière fois. » Comme tu l’as dit, c’est très soigneusement pensé. Tous les groupes d’ouverture ont été méticuleusement choisis. Nous contrôlons tout. Ça fait donc du bien de pouvoir arrêter dans la célébration, en disant : « Ce sera fantastique ! » La première fois était horrible, cette fois, c’est vraiment la célébration de notre héritage.

« Je veux jouer encore plus, je veux faire encore plus de choses, je veux être encore plus actif, car la vie est capricieuse et on ne sait jamais ce qui va arriver. Voilà l’effet que ma crise cardiaque a eu sur moi. »

Il a également déclaré : « Refused n’a jamais été bon pour ma relation avec Dennis. Nous avons chacun notre propre vision de ce que devrait être le groupe et de la façon dont nous devrions nous comporter, et jamais les deux convergent. Et nous préférerions être amis plutôt que de jouer dans un groupe populaire. » Quelle est ta vision de Refused et quelle est la sienne ? À quels moments celles-ci entrent-elles en conflit ?

On pourrait en parler pendant des heures ! [Rires] Mais dans les grandes lignes, ma vision de Refused est très pragmatique, « soyons un groupe, sortons un album, tournons », et tous ceux qui me connaissent savent que je ne refuserais jamais un concert. David, lui, ne veut pas tourner et il ne veut pas que l’économie dicte son art, ce que je trouve être une idée fantastique, mais comme je l’ai dit, je suis un peu plus pragmatique : nous pourrions avoir un groupe qui facilite nos vies et faire tous nos autres projets artistiques à côté. Mais il ne veut pas faire comme ça. Il y a toujours eu des tiraillements entre nous, où je suis là : « On devrait faire cette tournée, on devrait faire cette autre tournée… » Et David est là : « Non. » [Rires] Puis nous nous disputons pour savoir quelle tournée nous devrions faire. Ça a toujours été éprouvant pour notre amitié, car nous voulons vraiment des choses différentes avec Refused. Je pense que faire d’autres projets et groupes ensemble serait plus facile parce que le poids ou les attentes ne seraient pas les mêmes qu’avec Refused.

Ce n’est donc pas tellement une question musicale, mais plus de business…

Oui, absolument. Musicalement – en tout cas, depuis que nous nous sommes reformés en 2012 –, ça n’a jamais été un problème. Nous avons toujours été pas mal en phase sur ce que nous voulions créer et comment nous voulions le créer. C’était plus l’aspect business associé au fait de jouer dans un groupe. David n’a jamais été là-dedans. Il a toujours été quelqu’un d’artistique. C’est mon cas également, mais je suis aussi celui qui s’assure que nous avons du merch, que la tournée se concrétise, etc. Dans le groupe, je suis celui qui parle aux maisons de disques, au management, aux tourneurs, etc. David, lui, veut juste créer [rires].

David a qualifié le départ de Kristofer [Steen] en août 2020 de « coup fatal », même s’il a eu un effet à retardement. Quel a été l’impact de son départ sur vous ?

Ce n’était pas un membre d’origine, mais la façon dont il joue de la guitare et dont il opère était une part importante du son de Refused. Lorsqu’il a décidé de partir, nous nous sommes demandé : « Comment remplace-t-on une personne comme lui ? » Je dois dire que jouer live avec seulement Mattias [Bärjed] a été une révélation. Je trouve que c’est fantastique, nous sonnons mieux que jamais. C’est plus souple et relax. Mais en termes de composition et ce genre de chose, David et Kris étaient tellement soudés – surtout quand nous avons écrit The Shape Of Punk To Come. Quand ils se sont éloignés, c’était difficile pour tous les deux. Il n’y a pas eu de psychodrame quand Kris est parti, nous sommes encore amis et j’espère vraiment qu’il nous rejoindra sur scène pour jouer quelques chansons quand nous jouerons à Stockholm en décembre. Mais il ne voulait simplement plus faire le groupe. Un jour, il nous a dit : « C’est fini pour moi. Je n’ai pas envie de partir en tournée. » La réponse initiale de David était d’arrêter immédiatement. Puis j’ai dit : « Il reste encore nous quatre qui avons encore envie de jouer de la musique. » Nous avons donc fait traîner, avant de finalement décider de faire une tournée d’adieu. Reste que ça sonne très différent sans Kris, avec un seul guitariste, mais de manière très positive.

On aurait pu craindre qu’avec une seule guitare, on perdrait en efficacité, mais en réalité, ça a changé la dynamique de certaines chansons qui sonnaient plus enjouées.

Tu as parfaitement raison. Je pense qu’en tant que guitariste, Mattias est très décontracté, mais quand il devait jouer avec Kris, qui est extrêmement précis, il devait lui-même être super carré. Maintenant que Mattias est devenu le seul guitariste, c’est effectivement plus enjoué, plus détendu. C’est étrange parce que nous jouons de la musique qui est presque mathématique dans sa construction, mais avec Mattias à la guitare, elle semble beaucoup plus souple. La première fois que nous avons répété il y a un an et demi – car nous devions faire cette tournée l’an dernier –, j’étais surpris. Car j’ai tout de suite demandé : « Est-ce qu’on devrait avoir un second guitariste, au cas où ? » Puis nous avons fait deux ou trois répétitions avec Mattias et tout le monde était là : « Non, ce sera parfait ! On n’a pas besoin d’un autre guitariste. » Avec sa façon de remplir le son et la façon dont Magnus [Flagge] remplit le reste du son avec sa basse, je trouve que ça sonne merveilleusement bien. C’est ce qui nous a incités à dire : « On a envie d’explorer ce côté plus enjoué et expérimental au sein d’un nouveau groupe. » Nous avons beaucoup parlé d’utiliser cette énergie que nous avons actuellement avec Refused pour en faire quelque chose de nouveau.

« J’adore le punk et le hardcore, mais je ne me suis jamais vu comme un gros dur. Je préfère accepter la personne que je suis. J’aime danser et j’aime le contraste entre jouer de la musique vraiment heavy et débarquer en dandinant avec un pantalon moulant. Ça rend la chose un peu plus intéressante. »

En effet, comme David l’a annoncé, vous avez tous les quatre formé un nouveau groupe pour continuer à faire de la musique ensemble en dehors de Refused – « Un groupe sans histoire, sans fans à satisfaire. » Tu as commencé à répondre à la question, mais comment la création d’un nouveau groupe avec les mêmes membres changerait-elle les choses ? L’héritage est-il un si grand fardeau ?

[Rires] Si quatre personnes de Refused fondent un nouveau groupe, ce sera compliqué de complètement éviter la comparaison avec Refused ! Nous avons commencé à écrire des chansons après le départ de Kris et certaines nous paraissaient vraiment intéressantes et cool, mais ça ne ressemblait pas à Refused ou à ce que les gens s’attendent de la part de ce groupe. Nous nous sommes donc dit : « Formons un groupe avec lequel il n’y aura pas ces attentes. » Enfin, oui, les gens vont dire que c’est le nouveau groupe des gars de Refused, ce sera inévitable, mais pour nous, en termes de processus créatif… Car même si dans ta tête tu te dis être libre et pouvoir faire tout ce que tu veux, il y a certaines attentes avec un groupe comme Refused, que ce soit dans le langage, la manière de jouer, la construction des choses, etc. Nous voulons créer une entité libre de tout ça. Ma manière de chanter et notre approche des textes et de la composition pourraient être très différentes. Il s’agit donc de trouver une autre façon de jouer et d’être ensemble. Et oui, bien sûr, les gens vont comparer et parler, mais pourtant, nous ne serons pas obligés de jouer « New Noise » en concert, je suppose… [Rires] Cela dit, pour être tout à fait juste, j’adore jouer « New Noise » en concert, c’est fantastique ! Mais c’est aussi pour faire table rase avec le groupe et dire : « Voilà ce qu’on essaye de faire maintenant. » Je pense que ce sera beaucoup plus expérimental et léger. Je ne crois pas que ce sera de la musique pour tout le monde [petits rires].

La tournée d’adieu était initialement prévue pour juin 2024, mais elle a été annulée suite à une crise cardiaque que tu as eue, survenue le lendemain de votre concert secret à Uppsala. Quelles étaient les circonstances quand c’est arrivé ?

Les circonstances sont que c’est une histoire de famille. Il n’y a rien que j’aurais pu faire pour éviter ça. J’ai deux oncles qui ont fait une crise cardiaque, mon père a fait un AVC… Ça fait partie de mauvais gènes, en gros. Bref, nous étions à Uppsala, nous étions censés jouer sur un gros festival le lendemain pour marquer le retour et le début de la fin, puis j’ai eu la crise cardiaque et tout a été annulé et reporté à cette année. Le bon côté est que l’année dernière, nous avions prévu de faire quinze concerts et c’était tout. Maintenant, nous avons soixante-cinq concerts. Je pense que c’est mieux !

Tu as dit que c’était « extrêmement douloureux et terriblement effrayant ». Est-ce que ça a remis en question ta manière de vivre ou ta carrière ?

Bien sûr, ça remet tout en question. Je ne suis pas une vieille personne, donc c’était bizarre d’avoir une crise cardiaque et d’avoir été proche de mourir. Ce qui arrive est que, tout d’abord, tu dois gérer un grand traumatisme – physiquement et mentalement –, mais personnellement, j’adore vivre : je veux jouer encore plus, je veux faire encore plus de choses, je veux être encore plus actif, car la vie est capricieuse et on ne sait jamais ce qui va arriver. Voilà l’effet que ça a eu sur moi : je ne peux rien prendre pour acquis, donc je veux essayer d’en faire autant que possible. Et, à la fois, je me suis dit que je ne peux pas tout faire, car j’avais pour habitude de tout faire tout le temps. Maintenant, je me dis que je dois choisir ce que je veux faire, mais ça m’a fait apprécier d’être en vie et de faire tout ce que je fais. C’est une bonne chose.

As-tu revu ton mode de vie en tournée et même ton attitude sur scène ? Je te pose cette question parce qu’on t’a vu au Hellfest cette année et tu étais en feu, on n’avait pas l’impression de quelqu’un qui a été victime d’une crise cardiaque…

[Rires] Ça a été un long processus, je dois bien l’admettre ! Après la crise cardiaque, tout mon cardio a quitté mon corps. Il a fallu un long processus pour me reconstruire sur le plan physique. Depuis que j’ai retrouvé la forme, je fais constamment de l’exercice, je fais tous les jours du yoga, je travaille très dur pour pouvoir faire ce que je fais sur scène, que ce soit au Hellfest ou ailleurs. C’est tout : il faut bien bosser. Plus je vieillis, plus je réalise que, même si j’adore faire ça, si tu n’y passes pas les heures qu’il faut y passer, tu ne pourras pas assurer. C’est presque comme être un athlète. C’est drôle, parfois, quand je suis chez le médecin, je lui raconte que je joue de la musique et il est là : « Oh, d’accord. » Je lui dis : « Non, tu ne comprends pas. Voilà ce que je fais pendant soixante-quinze minutes… », je lui explique et là il se rend mieux compte de ce que ça implique. J’ai un emploi du temps pour programmer mes exercices pour que mon corps soit en forme. Avant les concerts, je fais beaucoup d’étirements et de choses pour me mettre dans bain. Il faut que je sois très assidu là-dessus.

« En 1994, le public était plus restreint et c’était principalement d’autres hardcoreux qui pensaient exactement ce que nous pensions. Aujourd’hui, il y a plus de gens aux concerts qui ne pensent pas comme nous et parfois il y en a qui s’énervent [petits rires]. »

Sur scène, tu portes des costumes et des chemises raffinés, qui contrastent avec ton attitude débridée. Dirais-tu que ce décalage est aussi à la base de votre musique, qui peut être à la fois sophistiquée et brute ?

J’adore la juxtaposition entre jouer dans un groupe de hardcore et me présenter sur scène de façon élégante. A la fin des années 90, j’ai commencé à être vraiment obsédé par la culture Mod et les beaux costumes. Ne te méprends pas, j’adore le punk et le hardcore, mais je ne me suis jamais vu comme un gros dur. Je n’ai jamais été comme certains groupes de hardcore qui arrivent, montrent les muscles et sont là : « Regardez-moi ! » Je préfère accepter la personne que je suis. J’aime danser et j’aime le contraste entre jouer de la musique vraiment heavy et débarquer en dandinant avec un pantalon moulant. Ça rend la chose un peu plus intéressante, mais ça correspond aussi plus à la personne que je suis. Je ne suis pas un dur à cuire qui pogote – je suis très différent de ça.

Et donc tu penses que ça se reflète dans ta musique ?

C’est intéressant, car je touche à plein de styles différents, mais je crois que oui, ça se reflète dedans. Enfin, comme je le disais plus tôt, Refused parle un certain langage et a une certaine puissance. Et quand nous créons de la musique pour Refused, je me mets dans ce mode-là et je dis : « C’est ainsi que je compose pour Refused. C’est ainsi que je crie quand je suis dans Refused. » Quand je fais d’autres choses, c’est très différent. Je crois donc que des parts de moi ressortent dans toutes les musiques que je fais. Nous ne simulons rien, ceci est ce que nous sommes, mais Refused, c’est de la musique très colérique, violente et agressive, or je ne suis pas une personne très colérique, violente et agressive dans la vraie vie. C’est donc quelque chose que Refused fait ressortir chez moi [rires]. Quand je me suis mis au punk et au hardcore, c’était tellement sympa, car j’étais un adolescent très angoissé et à fleur de peau. Pouvoir crier, aller dans le mosh-pit et faire tous ces trucs était très cathartique – et ça l’est toujours. Avec Refused, quand nous faisons de bons concerts, je suis complètement exténué d’avoir hurlé mes émotions. C’est très agréable ! Jouer dans un groupe comme Refused est peut-être aussi ce qui fait de moi quelqu’un de très détendu quand je ne suis pas sur scène [rires].

Refused s’est formé en 1991 et vous avez donné votre premier concert en février 1992, la semaine même où George H.W. Bush et Boris Eltsine tenaient une conférence de presse à Camp David pour proclamer la fin de la Guerre froide. Cette période vous a-t-elle nourris, toi et le groupe, d’une quelconque manière ? La musique de Refused est-elle un produit de cette époque ?

C’est intéressant parce que, bien sûr, nous sommes vraiment des enfants de notre époque, mais aussi des enfants qui ont été façonnés par le fait d’avoir grandi dans le nord de la Suède. L’isolement et le paysage politique en Suède dans les années 90 nous ont beaucoup affectés. Quand on commence, le côté politique est plus intérieur et personnel, puis on se met à parler des gens autour de soi qui sont des idiots et on finit par étendre le périmètre au monde. Venant du nord de la Suède, j’ai toujours l’impression d’être des outsiders, ce qui fait qu’il est plus facile pour nous de voir et d’analyser le monde depuis l’extérieur. Ça a toujours fait partie de qui nous étions. Surtout David et moi, nous sommes des enfants de la classe ouvrière du nord de la Suède qui n’étaient pas très bons à l’école ou à quoi que ce soit. Nous nous sommes mis à la musique et c’est avec ça que nous avons été éduqués, que nous avons appris. Tu voyages, tu vois le monde, tu intègres ça dans ta conscience politique et tu la partages avec le monde.

Tu évoquais « New Noise » qui est votre grand succès, la chanson pour laquelle tout le monde connaît Refused : est-ce une malédiction ou une bénédiction d’avoir un tel tube dans votre répertoire ?

Je dois dire que c’est une bénédiction à quatre-vingt-dix-neuf pour cent. « New Noise » est ce qui a fait de nous le groupe que nous sommes aujourd’hui. J’adore la totalité de l’album The Shape Of Punk To Come, mais sans « New Noise », qui est le tube, les gens n’auraient pas autant plongé dedans comme ils l’ont fait. C’est étrange d’avoir une chanson comme ça, mais à chaque fois que nous la jouons live, c’est fantastique, avec les réactions que nous obtenons, etc. Ça a donc principalement été du positif pour nous. Je sais qu’il y a des années, lorsque Refused s’est séparé et que j’ai fondé The (International) Noise Conspiracy, je ne trouvais pas ça super amusant d’avoir « New Noise » planer au-dessus de moi, mais c’est assez génial… Quand tu commences à jouer de la musique et que tu es un jeune musicien, tu rêves de créer quelque chose qui vivra pendant quelques années. Nous avons écrit « New Noise » en 1996, c’est il y a presque trente ans, ce qui est démentiel ! Les gens l’aiment encore, ils en parlent encore, elle est encore utilisée dans des séries télé et films. C’est un vrai privilège.

« Beaucoup de gens ont besoin d’être instruits de manière adéquate sur ce qu’est un capitaliste comparé à quelqu’un qui gagne de l’argent, car ce sont deux choses très différentes. Une bonne formation ferait du bien à beaucoup de gens et leur permettrait de comprendre de quoi ils parlent [rires]. »

The Shape Of Punk To Come a près de trente ans : penses-tu que cet album a atteint son objectif, celui de façonner le punk d’aujourd’hui ? Tout du moins, as-tu observé une évolution du punk et du hardcore depuis ?

Les gens me posent cette question et généralement, je suis là : « Je ne sais pas ! » Quand tu es dans un groupe, tu joues dedans, puis il se sépare ou tu fais un autre album, et tu passes à autre chose. Quand Shape a commencé à décoller, j’étais dans The (International) Noise Conspiracy et j’étais à fond dans la soul et le garage rock. Ce qui se passait dans les musiques heavy ne m’intéressait pas, je ne savais ce qui s’y passait. Cela dit, si je regarde ce qui se passe dans le hardcore aujourd’hui, j’aime à quel point ce style de musique est libre et la façon dont nombre de ces groupes repoussent les limites de ce que peut faire la musique heavy. Je ne suis pas sûr si c’est parce qu’ils ont écouté Refused à un moment donné, mais c’est aussi ce que nous essayons de faire. J’adore voir cette attitude chez de jeunes groupes. Je vois plein de groupes de punk et de hardcore qui sont super cool et ont cette attitude consistant à emmener la musique heavy dans plein de directions différentes. J’espère que nous faisions partie des groupes qui faisaient ça aussi et ont aidé à diversifier le genre.

L’année dernière, Obliterated Version Of The Shape Of Punk To Come est sorti. Comment avez-vous choisi les groupes qui ont participé à ce projet ? Certains sont inattendus (Cold Cave, Ho99o9), d’autres n’ont publié aucun morceau depuis deux décennies (Snapcase) et deux se sont même séparés depuis la sortie (Zulu, Gel)…

Nous avons fait une liste de groupes, nouveaux et anciens, que nous adorions pour leur proposer de participer. Je crois que tous ont accepté, à part trois groupes. En fait, deux d’entre eux ne pouvaient pas participer à cause de contraintes de temps – Turnstile et Soul Glo qui sont hyper occupés, donc nous avons compris – et un a participé mais a perdu la master tape – il s’agit de Youth Code, la poisse ! Donc tous ceux à qui nous avons demandé ont dit : « Oui, on est partant, ce sera super ! » Quicksand et Snapcase sont de vieux amis, nous leur avons proposé le projet et ils ont tout suite accepté, ce qui est fantastique. L’album de Zulu sorti il y a deux ans était incroyablement bon – c’est l’un des meilleurs albums de hardcore depuis très longtemps. Pareil pour Gel. Cold Cave, de vieux amis à moi. Igorrr, fantasique. Ho99o9, sacré groupe. Nous leur avons dit : « Voici la chanson, faites ce que vous voulez. Si vous ne conservez que vingt pour cent de l’original, faites. » C’est pour cette raison que nous appelons ça Obliterated. Dans le cas de Quicksand et Snapcase, c’est presque des reprises traditionnelles, mais d’autres ont vraiment déconstruit la chanson pour se l’approprier, et je trouve ça super.

Sur la reprise de « The Apollo Programme Was A Hoax » par Touché Amoré, c’est à se demander si c’est la même chanson…

Je l’adore ! Nous avons même essayé jouer leur version avec Refused. Au final, nous avons dit que ça ne nous ressemble pas, mais je l’aime tellement, car ils se sont dit : « On va prendre un petit peu de ci et un petit peu de ça, et on va en faire notre propre chanson. » C’était fantastique.

Freedom, votre album de retour de 2015, a été perçu comme une rupture avec l’ère Refused de 1994-1998 et a un peu divisé vos fans. Rétrospectivement, qu’en penses-tu ?

Je le trouve assez cool. En tant que musicien, quand tu repenses aux choses, tu te dis : « Oh, on aurait dû changer ci, on aurait dû faire ça autrement. » C’est un album avec lequel nous avons pris pas mal de risques et nous avons voulu poursuivre dans l’esprit de ce que nous faisions avant, mais quinze ou seize ans s’étaient écoulés entre les albums, c’est long ! J’adore certaines parties de ce disque, mais je pense que nous aurions pu sortir n’importe quel album et que les gens auraient toujours dit que ce n’est pas The Shape Of Punk To Come. Au final, nous avons fait ce que nous avions envie de faire.

Le groupe a été actif sur deux périodes principales : 1991-1998 et 2014-2025. En tant qu’observateur du monde à travers des prismes politiques et sociaux, comment les comparerais-tu ?

Je pense qu’il y avait une innocence dans les années 90 : on était à fond dans le boycott, on était tous végans, etc. On essayait juste d’être de bonnes personnes. Aujourd’hui, le paysage politique est très différent et l’hyper-capitalisme actuel est assez perturbant, mais aussi assez difficile à définir. Ce n’est pas simple d’être une bonne personne politique parce que dans tout ce qu’on fait, on est complice d’une absurdité. Il y avait donc beaucoup de naïveté dans les années 90, alors qu’aujourd’hui c’est plus sérieux quand on parle de politique et il y a une plus grande gravité.

« Je comprends, si tu es Tom Morello, c’est plus facile pour les gens de te critiquer, parce qu’ils voient les compromis que tu as faits, ils voient les contradictions. Quand nous étions jeunes dans les années 90, nous refusions ces contradictions, donc nous essayions de vivre d’une manière qui est totalement impossible à vivre [rires]. »

Refused est connu pour ses prises de positions politiques. As-tu constaté une différence entre la manière dont votre message est reçu par le public aujourd’hui et celle de 1994 ?

En 1994, le public était plus restreint et c’était principalement d’autres hardcoreux qui pensaient exactement ce que nous pensions. Enfin, la plupart du temps, les gens savent quel genre de groupe nous sommes quand ils viennent aux concerts – ils savent que nous sommes un groupe politique, que nous parlons beaucoup de problèmes d’ordre politique – mais l’impact aujourd’hui est plus important. Il y a plus de gens aux concerts, mais il y a aussi plus de gens aux concerts qui ne pensent pas comme nous. C’est un petit peu différent. Quand on est jeune et qu’on joue dans une salle face à cinquante autres gamins qui pensent tous exactement pareil, ça n’a pas vraiment d’impact, c’est presque une chambre d’écho. Aujourd’hui, c’est davantage important de parler de politique. Les réactions sont globalement bonnes, mais parfois il y a des gens qui s’énervent [petits rires].

Votre premier album sorti il y a trente et un ans s’appelle This Just Might Be… The Truth : Est-ce que ça fait de vous des visionnaires sur les notions de post-vérité, de faits alternatifs, de fake news, etc. ?

[Rires] Non. C’est fou de vivre dans un monde de post-vérité et de réalités alternatives, car je suis toujours très moderniste dans ma manière de pensée. Je crois encore aux grandes idées. Je crois encore en une vérité. C’est dingue de voir que la vérité n’a plus de sens. Beaucoup de gens sont là : « Je me fiche de savoir si c’est vrai, c’est quand même horrible. » J’ai l’impression que le paysage médiatique est lui aussi tombé là-dedans. Il y a cette fameuse analogie : si quelqu’un dit qu’il pleut et qu’un autre dit qu’il ne pleut pas, alors ton boulot en tant que journaliste est de mettre ta main par la fenêtre et de voir s’il pleut, et pas d’accorder le même mérite aux deux. Ça a été assez problématique au cours des dix à quinze dernières années. Si tu fais une interview à la télévision suédoise et que tu dis que le plus gros parti de droite est fasciste, ils te disent : « Oh mais ils ne sont pas là pour se défendre, tu ne peux pas dire ça. » Je suis là : « Non, mais c’est ce qu’ils sont. » Bref, non, nous n’étions pas assez intelligents ou post-structurels pour anticiper à ce point l’avenir [rires].

Vous avez récemment défendu votre décision de vous produire dans des festivals appartenant à Superstruct Entertainment qui a été racheté par la société d’investissement KKR, tandis que de nombreux artistes les ont boycottés en raison des liens de cette dernière avec les colonies israéliennes en Cisjordanie et de ses investissements dans l’industrie de l’armement. La carrière d’un groupe contestataire comme Refused est-elle parsemée de ce genre de décisions et dilemmes difficiles ?

Oui ! C’est intéressant, parce que si nous avions été un groupe de rock normal, tout le monde se ficherait de savoir si nous jouons sur ces festivals ou pas. Sauf que nous sommes un groupe politisé et nous parlons de ces sujets qui sont importants pour nous. La plupart du temps, quand nous parlons de décisions à prendre, c’est de ça que nous parlons. Nous nous posons ensemble et nous discutons : « Est-ce qu’on peut jouer dans ce festival ? Qu’en est-il de cette salle ? Avez-vous entendu parler de ce groupe ? » On vit dans cette économie où les gens sont là : « Ah, je t’ai eu ! » Tout ce que les gens pensent pouvoir nous reprocher, nous y avons pensé un millier de fois. Avant de prendre la décision de jouer sur ces trois festivals, nous en avons parlé tous les jours pendant trois semaines. Nous avons parlé à des militants, à des politiciens, à d’autres salles de concert, aux tourneurs, etc. C’est une décision que nous avons mis des semaines à prendre. Quand on est dans un groupe qui parle de politique, il y a beaucoup de compromis à faire, car tu joues dans un festival et il s’avère que Pepsi en est le sponsor principal, or Pepsi donne de l’argent à Israël. C’est la réalité dans laquelle on vit. Il y a donc beaucoup de compromis à faire quand on parle de politique comme nous le faisons.

Ça rejoint ce que vous dites dans votre communiqué, où vous expliquez que Live Nation est à l’origine d’autres festivals et concerts auxquels vous participez, que votre musique est sur Spotify, et que ces deux structures posent également problème. Dirais-tu qu’il est devenu pratiquement impossible de concilier les convictions politiques avec l’exposition et l’activité nécessaires à la vie et à la survie d’un groupe ?

Je pense qu’il n’y a pas de bonne manière de consommer dans le capitalisme. En tant que groupe, c’est pareil, tu es complice de tout, comme avec Spotify ou les autres plateformes qui, je suis sûr, sont tout aussi mauvaises. C’est ainsi que tout le monde doit vivre dans ce monde. Je ne crois pas que nos idées et ce que nous disons dans nos chansons sont dévalorisés parce qu’on vit dans un monde hyper capitaliste, car il n’y a rien en dehors du capitalisme, donc il n’y a aucun moyen pour nous de nous en extraire en disant : « Voici la vérité depuis l’extérieur. » Ce n’est pas possible. A chaque fois que tu vas dans un magasin ou que tu prends l’avion pour faire un concert, tu es complice de quelque chose. Je pense que les idées sont quand mêmes valides et ont du sens. Le seul point positif dans tout ça est que ça expose le capitalisme pour l’entité qu’il est et le fait qu’il n’y a rien en dehors. Si on veut vraiment changer les choses, je ne crois pas que boycotter une société de houmous israélienne changera les structures du pouvoir mondial. Les structures du pouvoir mondial, la culture économique, les structures sociales du capitalisme, c’est ça qui doit changer. C’est ce qui est exposé à beaucoup de gens quand ils réalisent que cinq conglomérats possèdent tout. C’est donc un peu une bonne chose, même si parfois ça paraît désespéré.

« En vérité, je suis plus obsédé par la musique que par la politique. J’aurais aimé ne pas avoir à parler de politique, mais le monde dans lequel on vit est ce qu’il est. »

Quelqu’un comme Tom Morello est beaucoup critiqué pour son opposition virulente au capitalisme tout en vivant grâce à lui, mais je suppose que tu viens de répondre à sa place…

Oui, car, comme je l’ai dit, je ne crois pas qu’il y un « en dehors ». Je pense aussi que beaucoup de gens – peut-être principalement en Amérique – ont besoin d’être instruits de manière adéquate sur ce qu’est un capitaliste comparé à quelqu’un qui gagne de l’argent, car ce sont deux choses très différentes [rires]. Si tu travailles et que tu te fais de l’argent, ça ne fait pas de toi un capitaliste. Il y a donc aussi une énorme disparité dans le niveau d’instruction des gens. Des gens sont là : « Vous vendez des t-shirts, vous êtes des porcs capitalistes ! » Ce n’est pas comme ça que ça marche, ce n’est pas ça le capitalisme. Une bonne formation ferait du bien à beaucoup de gens et leur permettrait de comprendre de quoi ils parlent [rires]. A la fois, on a un pays où ils qualifient Barack Obama de socialiste, donc ça n’a pas vraiment n’importance [rires]. Mais je comprends, si tu es Tom Morello, c’est plus facile pour les gens de te critiquer, parce qu’ils voient les compromis que tu as faits, ils voient les contradictions. Ça fait un peu partie de la vie. Quand nous étions jeunes dans les années 90, nous refusions ces contradictions, donc nous essayions de vivre d’une manière qui est totalement impossible à vivre [rires]. Puis avec l’âge, tu comprends que ça fait partie du monde dans lequel on vit. Il faut l’accepter et te dire que ce que tu fais maintenant est, avec un peu de chance, ce qui a le plus de sens et a le plus grand impact. Je pourrai peut-être repenser dans dix ans à notre décision de jouer sur ces festivals… Car nous ne savons pas. Personne ne sait si c’est la bonne ou mauvaise chose à faire. C’est juste ce que nous avons décidé de faire. On navigue tous du mieux qu’on peut dans ce monde et parfois on marche dans une merde, parce que le monde est comme ça ! [Rires]

Sur un autre sujet, tes frères Jonas et Fredrik sont respectivement membres de Nix et de Left Hand Of Darkness, qui participeront tous deux aux ultimes concerts. Comment était la vie à la maison pendant votre enfance et adolescence avec trois fans de punk hardcore ?

C’était sympa. Mon frère Jonas a deux ans de moins que moi et a joué dans Abhinanda, puis il a été dans Separation et Demon System 13. Il a joué toute sa vie dans des groupes de hardcore. Pareil avec Fedrik, mais lui est dix ans plus jeune que moi, donc j’étais parti de la maison quand il s’est mis au punk et au hardcore. Mais oui, durant les repas de famille, il n’y a que de la nourriture végane et nous ne parlons que de hardcore, donc c’est super [rires]. J’ai été le premier à commencer à jouer de la musique et à m’intéresser au punk et au hardcore, donc je suppose que j’ai eu une influence sur eux. Mon frère Fredrik est l’ingé son d’INVSN, donc nous avons pas mal tourné ensemble. Il enregistre plein de trucs que je fais, il a son propre studio, donc nous travaillons beaucoup ensemble sur de la musique. Et mon frère Jonas travaille dans des programmes d’éducation pour adultes en Suède. Il organise de nombreux spectacles punk et hardcore vers chez nous. C’est une bonne famille, avec beaucoup de musique et de bonnes choses [petits rires].

Comment voudrais-tu que les fans se souviennent de Refused : comme d’un collectif de militants ou plutôt comme d’une légende du hardcore ?

Ça ne dépend pas de nous. J’aime l’aspect collectif de militants, mais en vérité, je suis plus obsédé par la musique que par la politique. J’aurais aimé ne pas avoir à parler de politique, mais le monde dans lequel on vit est ce qu’il est. Quoi qu’il en soit, j’aimerais qu’on se souvienne de Refused comme d’un groupe qui a fait les choses à sa manière, que les gens repensent à notre trajectoire et disent : « Ils ont suivi leur propre route. Ils n’ont pas eu peur des risques. » Ce serait sympa.

Comment imagines-tu le tout dernier concert du groupe ?

Toute la tournée suédoise sera un étrange festival de nostalgie, car tous les groupes avec qui nous jouons sont de vieux amis. Nous allons faire monter plein d’invités sur scène. Je ne sais pas ce qu’il en sera du dernier concert ; là tout de suite, nous sommes encore en mode tournée. Je suis sûr qu’il y aura des pleurs… J’espère que ce sera une magnifique célébration de Refused. Je pense aussi que le tout dernier concert le dimanche, où nous jouerons avec Abhinanda et Final Exist, sera une soirée hardcore très old school [rires]. Je pense que ce sera fantastique. Nous venons bientôt en France et je suis super excité à cette idée, donc je n’ai pas envie de trop penser au dernier concert. Il nous reste encore vingt-cinq shows à faire avant !

Interview réalisée en visio le 18 septembre 2025 par Xavier Vigilant et Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Tim Tronckoe & Nicolas Gricourt (live).

Site officiel de Refused : www.officialrefused.com



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