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Interview   

Revocation dans le cauchemar technologique


Après avoir vertement critiqué la religion et la politique, David Davidson s’attique désormais à de nouveaux dieux et maîtres, technologiques ceux-là. L’IA en est forcément la tête de proue, dépeinte comme une monstruosité, presque comme l’une de ces horreurs qui jonchent les récits de Lovecraft dont le musicien est friand, sur la pochette de New Gods, New Masters, nouvel album de Revocation. On ne s’étonnera pas non plus d’y retrouver un vibrant hommage au réalisateur David Cronenberg, maître du body horror, pour pousser un peu plus l’angoisse… en s’amusant.

Musicalement, ce neuvième album ne déboussolera pas les fans et poursuit l’évolution très graduelle du groupe, à base de death metal technique infusé de jazz et d’une multitude d’influences. On pourrait passer des heures à décortiquer les subtilités musicales des morceaux de Revocation, mais laissons ça aux théoriciens pour plutôt laisser Davidson nous donner quelques clés de lecture du disque, notamment du point de vue thématique.

« On n’est pas obligé de s’arrêter aux normes du metal et de tout le temps utiliser une gamme diminuée pour écrire un bon riff heavy. »

Radio Metal : Vous avez du sang neuf dans le groupe, avec l’arrivée officielle de Harry Lannon et d’Alex Weber. Comment ce changement de line-up s’est-il produit ?

David Davidson (chant & guitare) : J’ai vu Harry jouer avec le groupe de death metal Cognitive, du New Jersey. Il m’a beaucoup impressionné. Je lui ai donc demandé si ça l’intéressait pour du remplacement dans Revocation sur quelques tournées. Il a fait du super boulot, donc nous avons fini par lui offrir le poste. Brett [Bamberger] a quitté le groupe à l’époque où nous avons fait le festival Metal Injection – probablement juste après – et c’est là qu’Alex est arrivé. C’est un atout précieux, un bassiste fantastique. Je pense que c’est l’un des meilleurs bassistes de metal actuellement ! Et il joue aussi du jazz. C’est un musicien vraiment incroyable. C’est un plaisir de les avoir tous les deux à bord ! Les musiques du nouvel album étaient déjà écrites quand ils sont arrivés. Harry n’a pas joué dessus, mais Alex oui. Il a enregistré de superbes lignes de basse !

Revocation évolue très progressivement, sans rupture ni changement majeur. Tout réside plutôt dans les détails, un riff, un groove, etc. Considères-tu ça comme une œuvre continue ?

Je vois chaque album comme une pièce à part entière de notre discographie, mais il est certain que si on dézoome suffisamment, on peut voir une frise chronologique et une évolution régulière. Nous avons introduit différents éléments sur différents disques, tout en perpétuant une ambiance générale dans notre style d’écriture. Pour moi, c’est une grande source de fierté. Je veux que chaque album sonne comme une évolution du groupe. Je veux que deux choses se produisent : que les gens puissent instantanément reconnaître qu’il s’agit de Revocation, mais à la fois, qu’ils soient surpris, qu’ils disent : « Ce riff est vraiment inattendu ! », « La façon dont ils sont passés sur cette partie était surprenant ! », etc. Je veux que les gens restent sur le qui-vive mais aussi qu’ils apprécient le langage de Revocation que nous avons créé au fil des années. Avec le temps, nous avons distillé de nombreux éléments de notre son, et j’ai l’impression que chaque morceau de ce nouvel album est indéniablement Revocation, tout en faisant ressortir des éléments différents. On a bien sûr des morceaux rapides et percutants, mais aussi plus progressifs, avec des tempos et des textures variés, etc. J’ai l’impression que c’est un album très diversifié.

Vous avez même un morceau très heavy, presque sludge, avec « Confines Of Infinity ».

Exactement ! Même notre décision de le mettre en premier single m’a semblé plutôt amusante, car d’habitude, nous dévoilons au début des morceaux plus rapides, rentre-dedans, qui déchirent. Nous voulions varier un peu les plaisirs et sortir des sentiers battus, même pour les singles.

D’ailleurs comment faites-vous ce type de morceau sans sacrifier la clarté de la musique ?

Il faut juste jouer en étant carré et s’assurer que tous ces palm mutes et chugs sont heavy mais également clairs. Mais avoir un côté un peu sale, c’est bien aussi. Nous voulions que ce soit gras et que ça explose au visage. C’est d’ailleurs plus facile de faire que ce genre de morceau sonne en place que ceux qui sont vraiment techniques, car ça requiert moins de précision. Ça n’empêche pas qu’il faut quand même être précis. Et sans doute que plus on est précis, plus efficace on sera – et vice versa, les deux notions se nourrissent ou, en tout cas, devraient se nourrir.

Lors de notre dernière conversation, tu avais dit que tu as « eu une résurgence de death metal durant la pandémie », et que ça se reflétait dans l’album Netherheaven. Alors, qu’en est-il du nouvel album ? Y a-t-il des choses particulières que tu as écoutées ces dernières années et qui ont déteint sur ton inspiration ?

Je suis sûr qu’il y en a eu. Tout ce que j’écoute déteint sur moi, d’une façon ou d’une autre, ne serait-ce qu’au niveau subconscient. Je ne peux pas mettre le doigt sur quelque chose en particulier qui me viendrait en tête, mais j’ai écouté beaucoup de death, de thrash, de black metal, de grind, de jazz, de musique classique, de hip-hop… J’écoute plein de styles de musique différents, tout dépend de mon humeur ! Si on revient à « Confines Of Infinity », par exemple, c’est inspiré par les morceaux plus mid-tempo de Morbid Angel, les grooves hypnotiques de Gojira et certaines chansons écrasantes que fait parfois Cannibal Corpse. Le but était que ce soit hyper lourd et intense, mais je suis sûr qu’on peut identifier plein d’autres influences dans l’album issues de mes écoutes ces dernières années.

« Ce n’est pas mon boulot en tant que parolier de metal de parler des meilleurs scénarios possible. »

Ces dernières années, on a assisté à une explosion de deathcore très moderne, comme Lorna Shore. Que penses-tu de cette scène ? Comprends-tu son succès ?

C’est super pour eux. Nous avons tourné avec plein de groupes qui étaient soient deathcore soit contigus à ce style et c’était des mecs cool. Il semblerait que ça parle aux gens et qu’il y ait un gros potentiel là-dedans pour toucher plusieurs types de public. C’est assez fascinant, mais qui peut prédire ce qui devient gros ou pas ? C’est impossible. Qui aurait pu imaginer qu’après les années 80, le grunge serait énorme ? C’est l’antithèse ! Il y a eu de nombreux groupes de deathcore qui sont apparus puis qui ont disparu. Je vois donc le succès de Lorna Shore comme une sorte d’anomalie. C’est difficile de déterminer quelles en sont les raisons, mais le fait est que leur musique a certainement touché une corde sensible chez beaucoup de monde, et le résultat est qu’ils ont explosé, ils sont énormes !

La dernière fois, tu avais également dit que tu enseignes « la musique, mais [que tu te] considère[s] avant tout comme un étudiant de la musique ». Vois-tu les albums de Revocation comme un outil d’étude ?

Oui, j’essaye de nouvelles choses que je n’avais pas encore essayées, j’apprends, mais je fais toujours ça, quoi qu’il en soit, même en marge du groupe. J’étudie tout le temps la musique, à transcrire, à apprendre un solo ou un truc comme ça que j’analyse, j’y réfléchis et au final j’intègre une part de ce vocabulaire dans mon jeu. Je fais ça dans tous mes projets, que ce soit Revocation, Gargoyl, Pallid Veil, etc. Les choses sur lesquelles je travaille se mettent naturellement à ressortir dans mon processus d’écriture. Ça se passe dans mon subconscient, je ne me dis pas forcément : « Oh, j’ai fait ci, alors je vais faire ça. » Je tâtonne ou bien je travaille sur un concept, puis je n’y pense plus, et ça s’insinue dans mon jeu ici et là, et je me dis : « Oh, cool, ce truc sur lequel j’ai travaillé il y a un an s’est retrouvé dans mon jeu ici ! » Et je n’étudie pas ma musique après coup, car je l’ai déjà écrite, c’est assez inné et j’ai déjà été en profondeur dedans, mais il se peut que j’aille encore un peu plus loin si j’enseigne quelque chose. Si j’enseigne une chanson de Revocation, il se peut que j’esquisse les différentes techniques que j’utilise ou que je décortique une gamme que j’ai utilisée machinalement.

Il est intéressant de noter que tu utilises parfois ce qui se rapproche de modes majeurs. Penses-tu qu’il existe une idée fausse sur ces derniers, surtout dans le metal, où la tendance est de les éviter car ce n’est pas suffisamment « méchant » ?

Suivant comment on écrit, une gamme majeure peut véhiculer un sentiment de malheur, sonner épique ou avoir un côté mystérieux. On n’est pas obligé de s’arrêter aux normes du metal et de tout le temps utiliser une gamme diminuée pour écrire un bon riff heavy. Chuck Schuldiner a écrit d’excellents riffs avec un côté lydien, or ce sont précisément mes riffs préférés. C’est pour ça que j’utilise beaucoup le mode lydien qui revient à partir d’une gamme majeure et avec de la tension ajoutée grâce une quarte augmentée. Si tu prends une triade majeure et l’associes à une note de basse différente, tu peux obtenir une sonorité sombre, inquiétante. Je trouve que c’est bien d’amener de la diversité dans sa musique, pas seulement rythmiquement, mais aussi mélodiquement et harmoniquement. Ça rend le tout plus intéressant. J’aime expérimenter avec ça.

Plusieurs chansons explorent la thématique de l’IA et son impact sur l’humanité. L’IA est le nouveau grand bouleversement technologique. Tu t’es dit être « fasciné par le développement de l’IA ». Compte tenu du cauchemar technologique représenté sur l’artwork, on dirait qu’il s’agit davantage d’une fascination par l’horreur que par la beauté…

Oui. Je la perçois comme une menace existentielle pour l’humanité, donc je ne vais pas la dépeindre sous son meilleur jour ou l’édulcorer. Aujourd’hui, on utilise tous la technologie et l’IA d’une façon ou d’une autre. Rien qu’en surfant sur internet, en faisant une recherche sur Google, on utilise de l’IA. Cependant, ce n’est pas mon boulot en tant que parolier de metal de parler des meilleurs scénarios possible. Car oui, ça pourrait devenir une utopie, soigner toutes les maladies, trouver différents moyens de produire de l’énergie, éliminer la pauvreté et la famine partout sur la planète, etc. Ce serait génial, mais le revers sombre de la médaille est que nous perdons notre autonomie, l’essence même de ce que ça signifie être humain, et à terme, ça pourrait mener à l’extinction de la race humaine. Si nous créons une super-intelligence… En fait, disons-le ainsi : nous, les humains, sommes les créatures les plus intelligente sur Terre. Qu’avons-nous fait à toutes les espèces ici ? En gros, nous les avons assujetties. Donc si quelque chose est incroyablement plus intelligent que nous, qu’est-ce qui nous dit que ça ne fera pas pareil avec nous ?

« Il y a des gens qui évaluent le risque qu’une super-intelligence nous anéantisse à quatre-vingt-dix-neuf pour cent, et d’autres à cinq pour cent. Mais même cinq pour cent… Je ne sais pas si ça vaut la peine de faire le pari. C’est un peu une roulette russe. »

Le film Terminator serait alors peut-être visionnaire…

Oui, ou l’IA pourrait trouver un moyen beaucoup plus efficace d’en finir avec nous. Il faut beaucoup d’effort et de temps pour construire toute une armée de robots quand elle pourrait créer un virus qui nous anéantirait tous. Nous avons des connaissances sur la biologie humaine, mais nous n’en savons pas énormément sur la biologie en général. En théorie, on pourrait créer un super virus qui se répand silencieusement dans la population, qu’on activerait avec quelque chose et boum, on tombe raide mort. Je n’en suis pas venu à cette conclusion tout seul, ça vient de diverses recherches et de gens que j’ai écoutés. Il y a des chercheurs qui ont des années d’expérience. Enfin, Sam Altman est le PDG de ChatGPT et il a dit que ça pourrait conduire à la fin de l’espèce humaine, or c’est lui qui crée ça ! Ne m’écoutez pas. Ecoutez le CEO qui a créé une IA. Avec un peu de chance, ça n’arrivera pas et nous aurons tout bon du premier coup, mais il y a la possibilité que nous n’y arrivions pas du premier coup. Et souvent, quand on travaille avec la science, des erreurs surviennent, donc si on crée une super-intelligence qui n’est pas en phase avec l’humanité, ça ne veut pas automatiquement dire qu’elle va nous anéantir, mais il y a des gens qui évaluent ce risque à quatre-vingt-dix-neuf pour cent, et d’autres à cinq pour cent. Mais même cinq pour cent… Je ne sais pas si ça vaut la peine de faire le pari. C’est un peu une roulette russe. Je préfèrerais ne pas prendre le risque. Je préfèrerais que les êtres humains fassent les choses eux-mêmes, que ça prenne un peu plus de temps, et qu’on limite les capacités de calcul de l’intelligence artificielle pour les laisser telles qu’elles sont aujourd’hui, voire les faire revenir à un état antérieur, plutôt que de se précipiter vers quelque chose qu’on ne comprend pas forcément. Car on ne comprend plus comment ça fonctionne. C’est ce qui est le plus effrayant.

Tu es fan de Lovecraft et tu t’es souvent inspiré de ses histoires. Considères-tu parfois la technologie, et l’IA en particulier, comme une créature lovecraftienne ?

C’est assurément quelque chose qu’on retrouverait dans un roman de science-fiction. Il y a même des gens qui utilisent le langage lovecraftien pour décrire ce genre de chose ; ils décrivent l’IA comme étant nos Shoggoths, qui sont les créatures que les dieux anciens ont créées pour les servir, sauf que les Shoggoths sont aussi très puissants au final. Nous sommes en train de créer ces nouveaux dieux en ce moment même. On pourrait mettre n’importe quelle instruction dans un grand nombre de ces grands modèles de langage, mathématiques, peu importe, et ça peut nous donner une réponse. Parfois, la réponse est mauvaise, et d’autres fois, l’IA hallucine quelque chose de dingue, mais il semblerait qu’elle trouve le moyen que ça se produise de moins en moins avec le temps. Ça devient de plus en plus précis. Je ne peux pas prédire l’avenir, mais nous avons certainement ouvert la boîte de Pandore et nous avons créé quelque chose de très étranger, très extraterrestre, dans sa façon de penser.

L’album précédent, Netherheaven, était très critique envers le catholicisme et la politique. En fin de compte, New Gods, New Masters ne s’inscrit-il pas dans une certaine continuité, si ce n’est que les dieux religieux et les maîtres politiques sont remplacés par des dieux et des maîtres technologiques ?

Oui. Je trouve que c’est une façon vraiment cool de voir les choses. On en revient à l’une de tes premières questions sur le fait de zoomer et dézoomer sur notre discographie. Il y a ces concepts avec lesquels on a tous lutté, en pensant à Dieu, à l’au-delà et à la place de l’homme dans l’univers, et ceci en est l’itération suivante. Ça renvoie en partie à la vieille science-fiction. On pourrait faire l’analogie avec le monstre de Frankenstein que nous serions en train de créer actuellement. Il est certain que l’autrice originale de cette histoire n’aurait pas pu prévoir où les choses nous mèneraient aujourd’hui, mais il y a des parallèles qui pourraient être établis avec ce scientifique fou qui, dans un laboratoire, manipule des forces qu’il ne comprend pas et qui finit par créer un monstre. Qui sait ? C’est peut-être ce qu’on est en train de faire en ce moment même. Mais oui, je pense qu’on peut certainement voir un lien entre ce sujet et ma fascination pour la religion qui apparaît dans plusieurs albums de Revocation.

« ‘Cronenberged’ est mon hommage au genre body horror, qui est très amusant et dégoûtant ! Les deux vont de pair [rires]. Parfois, il y a des scènes tellement horriblement dégueulasses qu’on ne peut s’empêcher de rire bêtement. »

Tu as d’ailleurs déclaré que « les religions des anciens dieux commencent à devenir obsolètes ». D’un autre côté, on a constaté l’enthousiasme suscité par la nomination du nouveau pape, tout comme les interrogations qui agitent les esprits quant à la place de certaines religions dans la société. Les anciens dieux sont-ils vraiment en perte de vitesse ?

Je pense qu’en général, la progression vers la laïcité est peut-être lente, mais j’ai l’impression que la société, dans son ensemble, évolue vers une laïcité accrue. Le battage médiatique autour du nouveau pape est une chose, mais en général, j’ai l’impression que les gouvernements se sont de plus en plus éloignés de la religion. Ce n’est plus une théocratie, ou je ne sais quoi, comme c’était peut-être le cas par le passé. A la fois, les êtres humains sont surprenants, et parfois les vieilles habitudes ont la vie dure. Alors que le monde devient de plus en plus chaotique, peut-être revient-on aux vieux dieux. Mais ça change constamment. Les gens ne croient plus aux dieux nordiques, en l’occurrence. Enfin, l’évolution humaine à long terme est relativement limitée, alors qui sait ? Dans cinquante ans, dans cent ans, on verra bien comment ça évolue. Mais il est possible qu’à court terme, la tendance connaisse des hauts et des bas : ça s’atténue, puis ça repart à la hausse. Je pense donc que, potentiellement, ça s’oriente plus vers des idéaux laïcs, du moins dans la pratique. Mais qui sait ? On va peut-être, dans cette vie, créer un nouveau Dieu qu’on va tous adorer intentionnellement ou non.

On retrouve dans l’album une chanson intitulée « Cronenberged », qui raconte une expérience scientifique qui a mal tourné. C’est un hommage évident à David Cronenberg : que représente ce réalisateur pour toi ?

C’est le roi du body horror ! C’est certainement l’un des pionniers du genre. J’adore l’horreur et la science-fiction. Je trouve qu’il a réalisé des films incroyables au fil des années, et il continue. C’était mon hommage au genre science-fiction / horreur, et plus spécifiquement au genre body horror, qui est très amusant et dégoûtant ! Les deux vont de pair [rires]. Si tu prends La Mouche, c’est un film répugnant, mais il y a des passages vraiment amusant dedans. Parfois, il y a des scènes tellement horriblement dégueulasses qu’on ne peut s’empêcher de rire bêtement. Mais pour revenir au titre de la chanson, j’ai piqué ça à un épisode de Rick And Morty, une comédie de science-fiction en dessin animé. Dans un des premiers épisodes, dans la première saison, je crois, Rick crée une sorte de concoction pour aider Morty à attirer l’attention d’une fille dont il est amoureux au lycée. En gros, le chaos s’installe et la potion de Rick se transforme en un virus qui mute toute l’humanité. Il appelle ça « être cronenbergé ». J’ai trouvé ça très intelligent, alors je m’en suis servi pour le titre de la chanson.

Il y a plusieurs invités sur l’album : Jonny Davy (Job For A Cowboy), Luc Lemay (Gorguts) et Travis Ryan (Cattle Decapitation). Il est devenu courant pour vous de faire appel à d’autres chanteurs ; sur Netherheaven, il y en avait même deux sur le morceau « Crucified ». Aurais-tu l’ambition secrète de faire un opéra death metal ?

Qui sait ! Ça me plaît quand tu le dis comme ça, c’est drôle. J’apprécie vraiment d’avoir des invités sur ces morceaux et j’aimerais beaucoup en avoir plus souvent. Je trouve que ça apporte de nouveaux éléments au son de Revocation. J’ai tellement d’amis formidables et talentueux que c’est un plaisir de collaborer avec eux. Je ne refuserais certainement pas l’opportunité de créer un opéra death metal, ça a l’air génial aussi ! Je crois que personne n’a encore jamais fait ça, d’ailleurs.

Vous avez également bénéficié d’une contribution du jazzman Gilad Hekselman sur « The All Seeing ». Tu viens du jazz que tu étudies beaucoup : quel est ton rapport à la scène jazz ? Y est-on facilement accepté lorsqu’on joue du death metal, ou y a-t-il aussi des préjugés ?

Avec le jazz, c’est compliqué parce qu’il y des gens qui n’aiment que certains styles ou des puristes qui n’écoutent rien d’autre que du jazz, et donc ne comprennent pas forcément la musique ou n’apprécient pas le niveau de compétence et de technique nécessaire pour être un guitariste de death metal. J’ai reçu des regards étranges au fil des années, mais je pense qu’en général, les gens acceptent de plus en plus les musiciens officiant dans d’autres styles. Avec le temps, j’ai noué d’excellentes relations sur la scène jazz avec des personnes qui partagent mon état d’esprit. J’ai récemment donné des concerts de free jazz avec Kenny Grohowski à la batterie, Alex, mon bassiste, un soir, Nick Jost de Baroness un autre soir, et Ryan Clackner était l’autre guitariste – ce dernier fait du free jazz et joue également dans plusieurs groupes de black metal. C’est formidable de rencontrer des personnes qui sont sur la même longueur d’onde que moi et qui peuvent évoluer dans les deux mondes.

Interview réalisée en visio le 5 septembre 2025 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Alex Morgan.

Site officiel de Revocation : www.revocationband.com.

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  • Heureusement qu il étudie la musique parfois je me pose des questions sur les musiciens de métal…Si il arrive a faire du mode lydien du 4eme degrés de la gamme majeur qui est une « gamme lumineuse » heuuu a voir.. Au moins il est cohérent de jouer du lydien sur du majeur!!lol et il parle après d un accord alteré qui va créer une tension (du jazz quoi) et qui va demande résolution sur un accord diatonique.

  • Arch Enemy + Eluveitie + Amorphis @ Paris
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