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Interview   

RMS Hreidmarr et son ultime éclat


L’aveu de ne jamais avoir décroché de la scène black metal ne suffisait peut-être pas à convaincre que RMS Hreidmarr était encore et toujours une figure incontournable de la scène française. C’est pourtant bien à un retour en force que se livre l’ancienne voix d’Anorexia Nervosa et de The CNK – sombre animal endormi mais pas encore éteint – grâce à plusieurs sorties qui n’ont pas manqué de faire du bruit dans le microcosme hexagonal.

D’une part le nouvel album tant attendu de Glaciation, Ultime Éclat, sorti sur fond de polémique puisque la constitution d’un nouveau line-up et le dépôt du nom du groupe par Hreidmarr avaient vivement fait réagir Valnoir, membre fondateur aux côtés de Hugo Moerman et François Duguest. Pour la première fois depuis l’annonce de la sortie de l’album, Hreidmarr expose sa version des faits, et revient sur la genèse d’Ultime Éclat, de la constitution du nouveau line-up à l’enregistrement en condition live.

D’autre part, toujours chez Osmose Productions, quoique dans un cadre volontairement plus intimiste, Hreidmarr évoque avec nous le projet Bâ’a, où il officie en tant que chanteur, et sa première offrande Deus Qui Non Mentitur. Il revient également sur sa participation très commentée au groupe controversé Baise Ma Hache, ainsi que sur son regard sur la scène contemporaine : difficile de dire que ce tôlier du black metal, qui rend plus que jamais honneur à la langue française, pratique la langue de bois dans cet entretien.

« Je ne suis pas passéiste. J’ai énormément de respect et de nostalgie pour la scène des années 1990, parce que je l’ai vécue et que c’était une époque un peu bénie pour ce style de musique. Mais pour moi, essayer de singer, de reproduire, ça confinerait au ridicule, dans la mesure où pour moi, le black metal, c’est un style qui doit casser les codes établis, les modes, l’embourgeoisement musical, j’ai envie de dire. »

Radio Metal : Tu viens de sortir deux albums chez Osmose Productions en l’espace de peu de temps, avec Glaciation fin février et Bâ’a le 24 avril. Est-ce que c’était une volonté de sortir quasi simultanément ces deux projets qui se ressemblent sur plusieurs plans ou c’est un hasard du calendrier ?

RMS Hreidmarr (chant) : C’est un peu un hasard. Pour Glaciation, nous travaillions dessus depuis longtemps, depuis deux ou trois ans. Il était terminé depuis novembre, puis nous avons vu avec Osmose pour une date de sortie et nous avions deux choix : soit nous terminions assez rapidement les derniers détails tels que l’artwork et nous pouvions le sortir soit en février, soit fin avril. Donc nous avons pris le parti de nous dépêcher sur les derniers détails – il n’y avait plus grand-chose à faire – pour qu’il puisse sortir au plus tôt. Ça faisait longtemps que nous étions dessus, nous avions envie qu’il sorte. Bâ’a est le projet d’un ami à moi, que je connais depuis très longtemps. Il m’avait fait écouter ses démos il y a plusieurs années. À l’époque, il n’avait pas vraiment de chanteur, je crois que c’était le guitariste qui faisait le chant un peu par défaut. Il savait qu’on pouvait faire beaucoup mieux au chant, donc il m’avait proposé les morceaux et j’avais vraiment flashé dessus, donc je lui avais dit qu’il n’y avait pas de problème. Et il se trouve qu’il m’a recontacté à peu près à cette période-là ! [Rires] Il m’a dit : « On a fini l’album, il va falloir venir enregistrer. » Et c’est tombé vers la fin de l’année, vers la rentrée. Eux l’ont sorti, pour le coup, dans le seul spot de sortie qui était disponible. Donc ce n’est pas vraiment une volonté à la base. Ça aurait pu être pire, le Glaciation aurait pu sortir exactement simultanément avec le Bâ’a !

Est-ce que c’est toi qui as mis Bâ’a en contact avec Osmose ? Vu que tu y étais déjà avec Glaciation et certains albums d’Anorexia Nervosa…

Tout à fait. Ils cherchaient un label, ils avaient déjà quelques contacts. Je m’entends très bien avec Hervé d’Osmose. C’est même un ami, depuis le temps. En général, dès qu’il y a quelque chose que j’apprécie – pas forcément pour les faire signer, mais même juste pour lui faire écouter –, je lui envoie. Donc là, je lui avais envoyé, et il a vraiment flashé dessus et les a contactés de suite. J’étais bien content de ça, parce que c’est cool pour le groupe.

Où ont été enregistrés les deux projets, Glaciation et Bâ’a ?

Ce sont deux choses assez différentes. Pour Glaciation, nous avons la chance, dans le nouveau line-up, d’avoir un ingénieur du son. La volonté que nous avions, par rapport au premier album qui avait été bricolé à la maison et entre plusieurs endroits, c’était un peu de casser ça, même si j’aime bien comme il sonne. Nous voulions aussi prendre le contre-pied de ce qui se fait actuellement, donc nous avons enregistré live, à l’ancienne. Tout en même temps, à part le chant, évidemment, et quelques solos de guitare que nous avons faits séparément. La guitare rythmique, la basse et la batterie, c’est une prise. Tout le monde joue comme en répétition. Nous voulions faire ça pour qu’il y ait une grosse cohésion de groupe, quelque chose qui fonctionne, et non pas simplement des copier-coller sur un PC. Nous voulions retrouver ça. Donc ça a été enregistré dans l’est de la France, chez le batteur et le bassiste. Nous avons monté un studio dans leur maison [rires], et nous avons fait les prises là-bas. Après, c’est Arnhwald, le guitariste, qui l’a mixé dans son studio, et qui l’a masterisé également.

C’est un sacré retour au black metal que tu as opéré. En 2012, tu disais à nos collègues que tu n’avais jamais décroché du black metal, alors qu’à l’époque, tu te consacrais davantage à The CNK. Est-ce que pour toi, c’était inévitable de revenir à ces racines musicales et de les développer dans plusieurs projets ?

Oui, complètement. Je n’ai jamais arrêté d’en écouter. Après, je pense que c’est comme tout le monde, il y a des périodes où c’est moins que d’autres, ça varie un peu. Ça fait un moment que je cherche, que je propose à des gens de monter un projet vraiment black metal. J’ai toujours été dans cette recherche-là, même pendant ce temps-là. Et il se trouve que quand ils m’ont proposé, à l’époque, dans Glaciation, ça cadrait vraiment pile avec ce que j’avais envie de faire. C’est pour ça que j’ai tout de suite dit oui. D’autant que les morceaux me plaisaient. Mais oui, c’est quelque chose qui ne m’a jamais quitté.

Ce retour au black metal, si on l’aborde, c’est parce que dans le documentaire Bleu Blanc Satan, tu évoques déjà pas mal cet esprit des années 1990 du black metal. Mais est-ce que tu penses que Glaciation, c’est un projet nostalgique ou plutôt un hommage pour refléter une époque qui est un peu révolue ?

[Réfléchit] Il y a un peu de ça. Je ne rejette pas une certaine forme de modernité. Je ne suis pas passéiste. J’ai énormément de respect et de nostalgie pour la scène des années 1990, parce que je l’ai vécue et que c’était une époque un peu bénie pour ce style de musique. Mais pour moi, essayer de singer, de reproduire, ça confinerait au ridicule, dans la mesure où pour moi, le black metal, c’est un style qui doit casser les codes établis, les modes, l’embourgeoisement musical, j’ai envie de dire. C’est quelque chose qui bouscule, ce n’est pas quelque chose qui doit être conservateur. C’est ma vision des choses, en tout cas. Après, ça ne veut pas dire pour autant qu’il faut tout édulcorer, comme ce que l’on voit par moments aujourd’hui au niveau du black et des fusions qui peuvent s’opérer avec d’autres styles. Il y a des gens qui, pour moi, n’ont pas bien compris ce que ça représentait ou qui l’associent avec des choses un peu étranges, on va dire. Donc oui, il y a quelques passages obligés ou des choses à respecter, mais refaire juste un tribute band, pour moi ça n’a pas d’intérêt. C’est pour ça que nous sommes toujours dans l’hommage, le respect, mais plus dans les références. Après, nous essayons quand même d’insuffler quelque chose de nouveau à tous les niveaux, même en termes de prod, d’effets, de rythme, de structure, etc. Nous ne voulons pas rester figés dans quelque chose qui est juste nostalgique.

« Le coup de déposer le nom, c’est vrai que je l’ai fait, mais à la base, c’était pour les faire réagir. »

Tu n’as donc rien contre l’évolution du black metal en général. Est-ce qu’il y a justement des nouveaux groupes de la scène black metal qui t’ont marqué, récemment ?

Oui. Je vais en faire bondir plus d’un… [Rires] Il y a un truc que j’écoute en boucle en ce moment, l’album n’est même pas sorti, c’est quelque chose qui est apparemment hyper-clivant, qui a récemment signé chez Season Of Mist et qui s’appelle Mora Prokaza. C’est un truc biélorusse, qui auparavant faisait du black, bien, mais pas très inspiré, très classique. Et ils ont viré sur quelque chose de… C’est un OVNI, quoi. C’est un mélange de black, de hip-hop, de trap, et avec une imagerie quelque part entre Die Antwoord et la Russie profonde. Je trouve que ça a une patate, une hargne incroyable. Pour moi, ça va marcher, ça va vraiment cartonner. Mais quand je vois les commentaires YouTube, il y a du taf, quand même ! [Rires] Pour moi, c’est la preuve qu’il y a encore des choses que l’on peut faire, en étant vraiment dans une fraîcheur totale. Il y a toujours des gens qui vont dire que ça ressemble à ci ou ça… Je trouve que là, il y a une alliance de visuels qui est très forte et de musiques qui est vraiment bien foutue. Et comme je disais, il y a cette espèce de violence et de hargne, qui, pour moi, doit être là, dans le black metal. On doit ressentir ça. Il y a les ambiances qui dans certains projets peuvent être plus planantes ou autres, mais pour moi, c’est quelque chose qui doit être là. Et je trouve que dans ce mélange-là, on est complètement dans le black metal. Il y a quelque chose de très fort, avec une identité forte et hyper-affirmée. C’est la preuve que ça peut encore exister en 2020.

La sortie de Glaciation a fait beaucoup de bruit sur fond de polémiques. Juste avant la sortie de l’album, Valnoir a publié un communiqué expliquant que tu as récupéré le nom sans l’accord des membres d’origine, à savoir Hugo de Necroblaspheme et François de Diapsiquir. Et puis il dit que tu avais annoncé avoir quitté le groupe. Comment s’est passé Glaciation chronologiquement, de ton point de vue, depuis Sur Les Falaises De Marbre en 2015 ?

C’est une longue histoire, effectivement ! À la sortie des Falaises, nous avions passé pas mal de temps sur l’album. Ce qu’il faut déjà dire, c’est que moi, à la base, quand j’ai intégré le groupe, j’étais OK pour chanter dessus. Par contre, j’avais d’autres choses à faire. J’étais dans une phase assez difficile personnellement, en termes professionnels, relationnels, un peu tout. Je n’avais donc pas vraiment la motivation pour m’occuper d’un groupe. Je leur avais dit : « Je viens, mais je suis plus guest ou chanteur de session. J’arrive, vous me filez les paroles, vous me dites où il faut chanter, et basta. » Et puis ça ne s’est pas du tout passé comme ça ! [Rires] Mon but n’est pas de leur cracher dessus, mais dans les faits, c’est ce qu’il s’est passé : je me suis retrouvé à tout faire parce que personne ne le faisait, donc gérer l’administratif, trouver un label, écrire les textes, trouver le concept… Tout, à part la musique évidemment. En gros, j’étais un peu le gars qui faisait tourner le groupe en tirant les autres par la peau du cul. Ça, ce n’était pas prévu à la base. Je l’ai fait de bon cœur, même si ce n’était pas ce que j’avais prévu. Et puis à la sortie de l’album, il ne s’est pas passé grand-chose.

J’étais motivé pour que nous jouions sur scène. Évidemment, il fallait répéter, chose qui ne s’est jamais passée, alors que j’avais des demandes de concerts qui affluaient. Il faut savoir que quand je suis entré dans le groupe, c’était aussi une des raisons de ma venue ; une des raisons pour lesquelles Valnoir a quitté le groupe, c’était parce qu’il était en désaccord avec les autres, notamment sur ce point-là. C’est-à-dire que lui, il ne voulait absolument pas faire de concert. Je crois qu’ils en ont fait un à l’époque de l’EP, en Roumanie, un festival – qui était d’ailleurs catastrophique, on peut trouver les vidéos sur YouTube. Et puis c’est tout. Il ne voulait absolument pas faire de concert, donc c’est une des raisons qui ont fait qu’il est parti, alors qu’Hugo et François voulaient absolument faire des concerts. Moi, je leur ai dit : « OK, il n’y a pas de problème. » J’ai des contacts dans ce milieu-là, je leur en avais parlé, j’ai eu des retours. Et puis eux ont commencé à ne plus donner de signe de vie, ou très peu. J’avais juste une phrase laconique de temps en temps et ils ne répondaient plus au téléphone. À un moment, j’ai même pensé qu’ils voulaient me virer du groupe mais qu’ils n’osaient pas me le dire. Je leur ai même dit : « Si vous voulez, dites-le, ça sera plus simple. Je comprends si vous avez envie de quelque chose, il n’y a pas de souci. » Ils n’ont pas répondu non plus.

Ça a duré très longtemps, toute cette histoire. Ça a duré deux ans. Pendant deux ans, il ne s’est rien passé. J’avais des demandes de concerts qui s’accumulaient, je ne savais même pas quoi répondre aux organisateurs, donc je passais un peu pour un con auprès de tout le monde. Tout était long et compliqué comme ça. C’est-à-dire que même pour signer un contrat d’édition, ça a pris quatre mois, parce que le temps qu’il renvoie, qu’il aille à la poste, tout était compliqué… Sur Les Falaises De Marbre a été mixé au Drudenhaus Studio. Benoît Roux, du Drudenhaus, est un ancien d’Anorexia, c’est un très bon ami à moi. C’est pour ça que je les ai envoyés là-bas. Je les envoie, Osmose paie le mix, l’argent est envoyé, et Benoît vient tous les six mois me dire : « Par contre, ça serait cool que tu leur dises qu’ils me paient, ça commence à être un peu long. » Encore une fois je passais pour un débile, et je n’aime pas ça du tout. Et ça a duré comme ça. Donc au bout d’un moment, vu que de toute façon ils m’ont… C’est un terme très postmoderne, on appelle ça du ghosting, c’est lorsqu’une collégienne veut larguer son copain et qu’elle ne lui répond plus [rires]. Je me suis dit : « Il n’y a pas de raison, je ne me suis pas autant investi dans ce truc pendant plusieurs années, à tous les niveaux, pour rien, pour qu’ils ne me répondent plus, pour qu’ils mettent l’album sur la cheminée et qu’ils soient contents. » Donc dans ces conditions-là, je leur ai dit : « Vous ne voulez rien en faire ? Très bien. Moi je continue, mais sans vous. »

« Je n’avais pas la prétention, en refondant le groupe avec un nouveau line-up, à être dans l’exacte continuité du précédent. Non seulement ça n’était pas possible, mais si nous avions voulu faire ça, ça aurait sonné faux. »

Et ça a été dit précisément ?

Bien sûr ! Ils sont au courant depuis le début. Celui qui écrivait toute la musique, c’était Hugo. François faisait les arrangements et les vagues lignes de synthé que l’on n’entend pas. J’ai proposé plusieurs fois à Hugo que nous continuions ensemble, en intégrant de nouveaux membres. Moi, mon problème, c’était vraiment François, qui traînait toujours des pieds, qui ne voulait rien faire, qui n’avait pas le temps ou qui était toujours sous l’eau, soi-disant. J’avais donc demandé plusieurs fois à Hugo s’il voulait continuer, et j’ai toujours les SMS de lui qui me répondait : « Ouais, carrément ! » Il disait toujours oui, mais il n’y avait pas de suite non plus ! Je lui ai donné sa chance à chaque fois, à Hugo. Je disais : « Oui, on continue », ça me paraissait logique. Mais il a toujours dit oui sans jamais donner suite. Au bout d’un moment, ça m’a aussi gonflé, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose tout seul. Ce que je voulais à l’origine, c’était qu’Hugo reste, et que nous intégrions d’autres membres, dont Arnhwald, et puis que nous nous mettions à chercher un batteur et un bassiste. Puis ça ne s’est pas passé comme ça. Et bien évidemment, je les ai prévenus en leur disant : « Je continue sans vous. » Le coup de déposer le nom, c’est vrai que je l’ai fait, mais à la base, c’était pour les faire réagir. Je leur ai dit : « Je continue sans vous, je dépose le nom. » Ils m’ont vaguement répondu, mais de la même manière, mollement, en me disant : « Oh là là, il ne faut pas partir bille en tête comme ça. » Je leur ai dit : « Les gars, ce n’est pas partir bille en tête, ça fait deux ans que je vous demande ce qu’il se passe. » Je ne sais pas si c’est de la fainéantise, je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé. Je ne voulais juste pas laisser mourir le projet, parce que malgré tout, j’y étais vraiment attaché. Il y a des gens qui m’ont dit : « Oui, mais tu aurais pu changer de nom. » Oui, mais je n’allais pas repartir à zéro, surtout qu’un projet, ça se développe. Avant que ça existe pour de bon sur la scène, c’est quand même pas mal de boulot. Je n’allais pas recommencer à zéro pour rien, parce qu’il y a deux gars qui ne veulent pas se sortir les doigts du cul.

Effectivement, on se dit que ton nom seul suffit à ce que tu crées un nouveau projet, et à ce que ça suscite un intérêt. C’est pour ça qu’on peut se poser la question « pourquoi il a gardé Glaciation ? », alors que tu ne faisais pas partie du line-up d’origine…

Je comprends, oui. Mais encore une fois, je voulais garder une continuité, j’étais attaché au projet. Je n’aime pas les one-shot, j’aime bien les choses qui durent, qui ont une cohérence. Pour moi, c’est ça une œuvre. Il y a plusieurs choses qui évoluent avec une identité forte. Donc je n’avais pas envie de vraiment repartir de zéro. Après, je peux comprendre ce point de vue-là. Ce n’est pas de l’ego, mais il y a aussi une part de « pour le principe », parce que j’avais l’impression que dans cette histoire, c’était moi qui me faisais baiser, parce que de la manière dont ça s’était passé, si je recommençais à zéro, je lâchais l’affaire. Je n’ai pas l’habitude de me laisser marcher sur les pieds. J’ai vraiment voulu aller jusqu’au bout pour voir jusqu’où ils allaient ne pas réagir. Et même là, ils n’ont pas réagi directement. C’est-à-dire qu’ils le savaient très bien, comme je te l’ai dit, mais je n’ai pas eu de réaction de leur part. Encore une fois, c’est Valnoir. Mais Valnoir n’était déjà plus dans le groupe lorsque je suis arrivé. Il est parti en 2013, je crois, il a juste fait l’EP. Donc c’est pareil, quelle est sa légitimité ? Il est fondateur, oui. J’en parlais avec Stéphane d’Anorexia, c’est exactement comme si le premier chanteur d’Anorexia était arrivé en 2005 en nous disant : « C’est moi qui ai inventé le nom et le concept ! » Tout le monde aurait dit : « Ben ouais, mais, et alors ? » Ça, c’est le premier point : pourquoi est-ce que c’est lui ? Pourquoi ce n’est pas Hugo qui vient faire un communiqué ? Et pourquoi ils ne le signent pas tous ? Ça, je n’ai pas compris non plus. Après, ce qu’il faut voir aussi, c’est que dans l’histoire, tu le disais aussi, j’aurais très bien pu le sortir sous mon nom ou sous un autre nom. Je sais que j’ai une petite notoriété qui me permettrait de faire que ça fonctionne, mais ça montre aussi bien dans l’autre sens qu’en gardant Glaciation, je n’ai absolument rien à gagner, dans l’histoire. J’ai lu des commentaires qui disaient : « C’est du business ! » Non, ce n’est pas pour ce que représente Glaciation… Ce n’est pas vraiment du business ! [Rires] On ne peut pas parler de business. C’est vraiment plus pour ne pas tout jeter à la poubelle, le temps passé, l’énergie mise dans quelque chose, et de dire : « Non, ça n’existera plus. »

Tu parlais de la question de la légitimité. Valnoir, dans son communiqué, explique que c’est lui qui a formé le projet, et pas simplement en tant que chanteur, vu que tu faisais le parallèle avec Anorexia. Par rapport à cette légitimité, que réponds-tu concrètement sur cette question-là ?

Je réponds que c’est un peu comme ce que je viens de dire. Techniquement, je suis resté dans le groupe plus longtemps que lui ! [Rires] Même si je fais abstraction du nouvel album. Encore une fois, je devais ne faire quasiment que de la session et je me suis retrouvé à tout faire dans le groupe, ou du moins une bonne partie. Je pense que je me suis suffisamment investi dans le groupe pour avoir cette légitimité. L’album Sur Les Falaises De Marbre a plutôt bien marché. L’EP, c’est quand même une sortie beaucoup plus confidentielle. Je crois que c’était un tirage à trois cents, sans compter les cassettes.

Justement, pour toi, quelle est la place de cet EP dans la discographie de Glaciation ?

Je n’ai pas de rancœur là-dessus, je l’aime toujours. Dès la sortie, j’étais dedans, j’accrochais bien. J’aime bien le trip. Après, je n’avais pas envie de faire la même chose. Quand je suis entré dans le groupe, je n’avais pas envie de m’orienter vers la même voie. J’avais peut-être envie de quelque chose d’un peu plus sérieux, moins second degré. Au niveau des textes, nous sommes vraiment partis sur quelque chose de plus littéraire, plus contemplatif et moins « blague », j’ai envie de dire ! [Rires] Et la musique a suivi le même chemin, parce que le premier tenait vraiment de l’hommage au black metal de l’époque, pour le coup.

« Concrètement, si on me proposait un projet avec des textes bas du front, je ne le ferais pas, même si la musique était bien. »

Est-ce qu’eux t’avaient prévenu qu’ils allaient reprendre le nom Glaciation ou pas du tout ? Ils disaient que tous les trois avaient dans l’idée de reprendre le projet… En avais-tu eu écho ?

La dernière fois que j’ai eu des contacts avec eux, je crois que ça remonte à 2016, je leur ai dit : « On est en train de bosser sur l’album avec le nouveau line-up. » Et François m’a dit : « Oui, nous aussi on a un album de prêt. » C’est la dernière fois qu’il me l’a dit et ça remonte à 2016. Manifestement, il n’était pas si prêt que ça… [Rires] Ça aussi, c’est un autre des points. C’est-à-dire qu’ils ont eu le temps. Nous avons pris notre temps, je n’étais pas pressé, c’était assez compliqué en logistique de notre côté pour mettre ça en place, trouver le nouveau line-up, composer les morceaux, les répéter, enregistrer… Tout ça a pris énormément de temps, évidemment. Sur Les Falaises De Marbre étant sorti en 2014, il y a tout ce laps de temps qui s’est écoulé. Je leur ai dit que j’avais le line-up en 2016, l’album sort en 2020, soit quatre ans après… Je pense qu’ils avaient tout le loisir de sortir quelque chose. S’ils l’avaient fait, j’aurais dit : « OK, je cherche un autre nom. » Ça aurait été ridicule de continuer avec le même nom. Eux avec le mec qui compose la musique, un line-up qui a déjà enregistré… Indria et Winterhalter d’Alcest n’étaient pas membres officiels du groupe, mais ils étaient là depuis le début. Donc le line-up est prêt, ils peuvent enregistrer quand ils veulent. C’est pareil pour le label. J’avais prévenu Hervé, mais c’était Glaciation qui était en contrat avec Osmose. S’ils étaient arrivés, je pense que l’album serait sorti sur Osmose et il n’y aurait pas eu de problème. Sauf que ça ne s’est pas passé, parce que [cet album] n’existe pas, à mon avis. Ça m’étonnerait, les connaissant, qu’il existe, parce que pour qu’il se passe quelque chose, il faudrait vraiment qu’ils aient un contremaître derrière.

Sur un terrain plus thématique, tout à l’heure, tu as dit que tu voulais orienter davantage le groupe vers quelque chose de plus littéraire. Est-ce que tu as des inspirations directes pour les textes ?

Oui. Directes, je ne sais pas. En ce qui concerne Sur Les Falaises De Marbre, le parti pris était d’avoir chaque morceau ouvertement inspiré d’un auteur, avec un nom de livre pour chaque titre de morceau – « Les Fiancées Sont Froides » c’est Guy Dupré, « Kaputt » c’est Curzio Malaparte, « Le Soleil et L’Acier » c’est Yukio Mishima, etc. Sur cet album, l’idée était vraiment d’écrire un texte qui soit « à la manière de ». Sur le nouveau, c’est peut-être un peu plus subtil. Il y a toujours des références, mais c’est plus discret, plus intégré.

Le titre même du nouvel album a un peu des allures de testament. Est-ce qu’il y a une référence cachée derrière ?

Non, pas spécialement. Ce titre, c’est par rapport au morceau éponyme qui ouvre l’album. D’ailleurs, sur cet album-là, c’est le seul texte que j’ai écrit. C’est quelque chose que j’ai écrit à la suite de la mort d’un proche. C’est uniquement une référence à ça, il n’y pas de sens caché pour la fin du groupe. D’ailleurs, nous avons commencé à réfléchir au prochain album. Les autres textes, c’est Arnhwald, le guitariste, membre de Deathcode Society, qui en a écrit pas mal, et Ulderic Haus, qui est un ami à moi, avec qui nous avions coécrit tout le texte de « Les Fiancées Sont Froides », en cinquante-cinquante. Et là, il a encore participé. Nous étions tous les trois sur les textes.

Sur cet album, on a l’impression que les influences de Glaciation sont élargies. Dans le line-up, on retrouve des personnes d’horizons très différents, comme des membres d’Ecclesia – plutôt doom – ou bien Katia de Los Disidentes Del Sucio Motel – plus proche du rock et du stoner. Est-ce ce qui explique en partie qu’Ultime Éclat se distingue des autres albums ?

Oui. C’est obligé. Je n’avais pas la prétention, en refondant le groupe avec un nouveau line-up, à être dans l’exacte continuité du précédent. Non seulement ça n’était pas possible, mais si nous avions voulu faire ça, ça aurait sonné faux. Forcément, des nouvelles personnes vont apporter leurs bagages avec elles. Donc oui, ça a joué, c’est sûr. Après, nous savions quand même où nous voulions aller. Nous voulions garder une cohérence, une patte au niveau des ambiances. Ce qui m’avait marqué sur Les Falaises, c’était cette ambiance de fin de bataille, un peu mélancolique mais quand même agressive, quelque chose d’un peu guerrier mais passé, une ambiance de fin de guerre. Je voulais garder ce côté-là, donc c’est quelque chose que nous avons vraiment essayé de travailler. Et puis cet album a vraiment été collégial. Il y a un morceau qui a été composé par Katia, la plupart des morceaux ont été composés par Arnhwald, il y a un morceau qui a été composé par Alexander, notre autre guitariste qui est autrichien. Nous avons même eu des contributeurs extérieurs, comme I. Luciferia de Ende qui a fait deux squelettes de morceaux, il a apporté des riffs et nous avons retravaillé les morceaux avec lui.

Justement, tu parlais de cet aspect collégial. Glaciation présente quand même plusieurs voix, on a aussi évoqué la variété musicale, etc. Penses-tu le projet comme un collectif, une entité, plutôt que comme un groupe ?

C’est un peu ce que je me disais en rigolant, en voyant le passé du groupe. En ayant une vue un peu plus globale, je me disais que le groupe allait continuer d’exister, mais ce ne sont jamais les mêmes gars ! [Rires] Il y a je ne sais plus combien de personnes qui ont participé. Il y a un côté qui peut être intéressant là-dedans. Je pense tout de suite à Laibach, ou à des trucs comme ça, où pendant très longtemps on ne savait même pas qui il y avait dedans exactement, parce qu’ils ne donnaient pas leurs noms, et puis il y avait toujours des contributeurs d’un peu partout, c’était très flou, il y avait un côté collectiviste. Je ne prétends pas à ça. Ce n’est pas une volonté en soi, mais il se trouve que ça s’est passé comme ça. Mais oui, peut-être qu’après, c’est quelque chose qui va perdurer, avec une certaine ambiance, des atmosphères et des choses qui feront le lien et la continuité du projet, pourquoi pas. Je ne sais pas comment ça va se passer. Tout ce que je sais, c’est que nous ne voulons pas que ça soit un one-shot. Et puis, je savais qu’il y aurait des attaques de leur part, donc je n’aurais pas pris le risque, je n’aurais pas fait tout ça, pour juste faire un album et dire au revoir. Tout ce que je sais, c’est qu’il y en aura un autre.

« Je pense aussi, en tant que chanteur, quand on commence, on a tendance à beaucoup imiter. Comme disait Arnhwald, l’animal humain est le plus mimétique au monde. On essaye toujours de reproduire des choses que l’on aime bien. »

Quand tu as reformé ce nouveau line-up, comment est-ce que ça s’est fait ? Tu avais posé ta voix sur un morceau Deathcode Society, mais comment s’est faite la rencontre ?

Arnhwald, je le connais depuis plusieurs années maintenant. Ça doit dater de la démo de Deathcode, qu’il m’avait envoyée à l’époque. Ça remonte, parce qu’ils avaient mis très longtemps à finaliser leur premier album. J’avais vraiment bien accroché à l’époque. Quand ils ont enregistré l’album, il m’a proposé de faire un featuring, que j’ai évidemment accepté. C’était vraiment intéressant parce que c’est une œuvre assez monumentale, ce qu’il a fait. A l’époque où nous avons commencé à enregistrer Les Falaises, je venais de déménager en Haute-Savoie. Arnhwald est passé à Annecy et les trois quarts du chant des Falaises, c’est lui qui les a produits. Je crois que j’avais enregistré un bout de « Les Fiancées Sont Froides » à Montreuil, dans un studio miteux, mais le reste, une grande majorité de l’album, c’est avec Arnhwald que je l’ai enregistré. Et ça s’est super bien passé, j’ai adoré travailler avec lui. Ça m’a rappelé quand j’étais en studio avec Anorexia, c’est-à-dire des gens qui sont vraiment pros, qui savent où ils vont, qui sont agréables. Ça s’est vraiment passé tout seul. Et puis fatalement, connaissant son boulot avec Deathcode, la proximité géographique et les affinités personnelles, quand j’ai cherché quelqu’un, je me suis naturellement tourné vers lui en premier. Même si, au début, j’avais quand même une appréhension. J’aimais bien Deathcode, mais j’avais peur de son côté trop maniaque, trop perfectionniste. Il peut être très extrême là-dedans. Je lui ai dit : « Il faut que ça vive, ce n’est pas une machine, on ne parle pas du même style de musique ! » Et il l’a très bien compris. Je pense que lui aussi, ça lui a fait une petite soupape, parce que je sais que Deathcode lui vrille vraiment le cerveau, il y passe un temps fou, c’est quelque chose qui tourne vraiment à l’obsession. Là, il y avait énormément de boulot sur Glaciation, mais il fallait trouver un mode de fonctionnement plus old school, moins tendu. Donc ça s’est plutôt bien passé, et je ne regrette pas du tout de l’avoir intégré là-dedans, parce que je pense que c’est quelqu’un qui, dans la scène actuelle, est vraiment très doué.

Tu as parlé des groupes qui avaient un line-up un peu obscur. C’était le cas de Bâ’a, dont le line-up est resté secret un moment et qui s’est présenté dès le début comme un projet un peu cryptique. Est-ce qu’il y a une signification du nom du groupe, Bâ’a, est-ce que ça fait référence à quelque chose ?

Je n’en sais pas grand-chose ! [Rires] Le compositeur principal est dans une logique très mystique. Tout ce qu’il m’a dit quand je lui ai demandé, c’est que ça voulait dire « thunderbird » en comanche… [Rires] Je n’en sais pas plus. Après, il y a un côté où ils ne veulent pas se mettre en avant. Après, de toute façon, comme ils m’ont dit, tout le monde va reconnaître ma voix, donc ça ne sert à rien de nier le fait que je sois dedans ! [Rires] Mais pour le reste, c’est plus pour mettre la musique en avant qu’eux-mêmes. Ils ne sont pas du tout dans une logique à la Darkthrone première époque, avec une espèce d’image anti-commerciale. Eux répondent volontiers à des interviews, ils font de la promo, mais ils ne veulent juste pas faire de photo promo, ils ne veulent pas que leurs noms apparaissent, etc.

Les thématiques de Bâ’a attaquent énormément la relation entre les hommes et Dieu. Est-ce que tu sais si c’est une réaction au climat actuel qu’il y a autour des religions ?

Je pourrais difficilement répondre. Je pense, mais je sais qu’en même temps, ils sont vraiment dans la lecture de textes très anciens, des saints notamment… Pour moi, ils vivent dans le monde moderne de toute façon, donc inconsciemment, je pense que c’est forcément lié à ça. C’est plus une critique qui peut être faite nettement aux religieux, que ça soit l’islam, le catholicisme, etc. mais, pour moi, ça peut également être transposé au Moyen Âge. Là, c’est vraiment la représentation de Dieu au sein d’une Église qui va, non pas pervertir, mais mettre un déguisement et transformer une parole en quelque chose d’autre. Donc c’est vraiment sur ce rapport-là, mais je pense que c’est tout à fait transposable à n’importe quelle époque. Il y a eu des excès de ce style à toutes les époques. C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a le sample de Jésus de Nazareth.

Est-ce que c’est quelque chose qui t’a attiré dans le projet, qui t’a poussé à y participer ?

Oui, parce qu’il y a des textes qui sont intelligents, ce qui n’est pas si courant dans le black metal ! [Rires] Concrètement, si on me proposait un projet avec des textes bas du front, je ne le ferais pas, même si la musique était bien.

On n’est pas dans une attaque frontale, avec Bâ’a. Ce sont des faits exposés avec des appuis historiques…

Exactement ! J’ai trouvé ça très bien écrit, et pour moi, ça faisait corps avec la musique. Ça aussi, c’est une autre chose importante pour moi, surtout quand on chante en français. Ce n’est vraiment pas évident de faire sonner du français, surtout en chant saturé. C’est assez casse-gueule, la plupart du temps. Ça tient à la voix, au placement – et donc à la technique – mais ça tient aussi à l’écriture. Il y a des textes qui ne sont simplement pas plaçables, chantables, on sait que ça va être ridicule d’avance, quand on les voit. C’est la première difficulté. C’est-à-dire que si les textes sont trop alambiqués, trop intellectualisés, et pas assez « paroles », comme un poème, on sait que ça ne va pas fonctionner. Je regarde d’abord ça. Si la musique me plaît, je me dis que ça va marcher. Mais si je vois que les textes sont un essai d’un gars de troisième année qui fait son mémoire de fac, je dis non. Et si je vois que ce sont des débilités, je dis non aussi.

« Baise Ma Hache, c’est avant tout un groupe dont le concept cadre très mal avec le monde moderne, actuel. C’est un groupe viriliste, qui prône un retour à la terre, qui est dans une espèce d’esprit à moitié survivaliste, qui prône la force physique, le dépassement de soi, qui fait beaucoup allusion à l’héroïsme et à ce genre de chose et qui, oui, est nationaliste, mais ça dépend de ce que l’on entend par là. »

Justement, c’est ce qui réunit les deux projets : le point d’honneur à chanter en français. Avant, tu faisais ponctuellement, notamment dans Anorexia Nervosa. Est-ce que c’est un choix de ta part de te consacrer uniquement à la langue française maintenant ?

Je ne sais pas si c’est un choix ou si ça s’est fait tout seul. C’est un peu inconscient, en fait. C’est vrai qu’à l’époque d’Anorexia, ça ne me serait pas venu à l’idée d’écrire un morceau entièrement en français, parce qu’il y avait certains automatismes, peut-être, parce que malgré nous, on est conditionnés par tout ce qu’on écoute, pas forcément le black metal, mais tout ce qui est rock, c’est en anglais, la plupart du temps. Quand on débute, on a tendance à aller vers ça, parce que ça paraît plus simple, plus naturel et plus facile. Par certains côtés, ça l’est. A part que je parle bien anglais, mais pour écrire des textes, on manque toujours de vocabulaire ou d’idiomatismes pour être vraiment pertinents quand ce n’est pas notre langue, ou alors il faut être parfaitement bilingue. C’est toujours plus dur d’écrire dans une autre langue. Après, il y a d’autres difficultés en français, comme celle dont je parlais, où l’on est obligés de se contenir sur plein de choses, il y a d’autres contraintes, mais c’est quand même plus simple parce que c’est notre langue. L’anglais, je pense que c’est un passage obligé. Je pense aussi, en tant que chanteur, quand on commence, on a tendance à beaucoup imiter. Comme disait Arnhwald, l’animal humain est le plus mimétique au monde. On essaye toujours de reproduire des choses que l’on aime bien. J’ai mis un moment à faire ça. C’est dans Anorexia que j’ai vraiment trouvé ma voie, mais même dans les versions antérieures de CNK, ça sonnait complètement différent, j’essayais de reproduire des choses que j’aimais bien, comme me rapprocher de Mika Luttinen ou des choses comme ça. Une fois qu’on a trouvé sa propre voie qui est personnelle, qui nous ressemble, il faut ensuite s’affranchir de ça. Ce sont des mécanismes qui prennent pas mal de temps.

Sur ces deux œuvres, ton chant est vraiment intelligible, on n’a pas besoin d’avoir les textes sous les yeux pour les comprendre. Comment as-tu travaillé ça pour valoriser les textes ?

C’était vraiment quelque chose que nous voulions, et nous avons vraiment bossé dans ce sens-là. Déjà, nous avons beaucoup bossé sur l’égalisation de la voix, au niveau purement technique, parce qu’elle n’est pas trop forte dans le mix. J’ai même vu des chroniques qui disaient qu’elle n’était pas assez forte, alors que je la trouve bien frontale. Mais nous ne voulions pas qu’elle soit hors-mix, donc quand même intégrée dedans, avec ce côté intelligible. Il y a donc eu pas mal de recherche au niveau du son pour arriver à ça. Et après, j’ai fait énormément d’efforts de diction, ce qui était plus galère [petits rires]. Nous avons fait beaucoup de prises pour arriver à ça, arriver à avoir ce rendu-là. Ce n’est jamais évident, surtout en voix saturée, et surtout quand, comme moi, on hurle vraiment. Ce n’est pas une voix de gorge, ça vient vraiment du ventre. Souvent, la diction passe un peu à la trappe, c’est la dernière chose à laquelle on pense. Mais je pense que c’est important, surtout pour le français, qui n’est pas un langue avec laquelle on peut se permettre de vraiment mâcher les mots, car sinon ça ne rend pas. Nous avons vraiment accentué ça. Je suis super content du résultat. Je pense qu’au niveau vocal, c’est la meilleure chose que j’aie faite jusque-là.

Du point de vue des thématiques, des atmosphères, du rendu sonore, on peut voir pas mal de parallèles entre Bâ’a et Anorexia Nervosa. Vois-tu Bâ’a comme une forme de continuité d’Anorexia ?

Pour moi, pas vraiment. Je trouve que dans Bâ’a, il y a un côté assez lancinant, avec les riffs qui tournent en boucle, un côté un peu rituel, c’est surtout ça que j’en ai retenu. Après, c’est sûr qu’au niveau du chant, effectivement, on retrouve des placements très similaires à Anorexia. Il y en a beaucoup. Et puis le côté prédicateur fou, qui peut faire penser à Anorexia, je suis d’accord. Mais ce n’est pas forcément voulu. D’autant que pour le chant de Bâ’a, c’est un peu l’inverse de Glaciation, au niveau de l’enregistrement. Ce qu’il s’est passé, c’est que nous ne voulions pas que ça soit parfait, nous voulions que ce soit un peu roots, un peu à l’arrache. En plus, nous n’avions pas beaucoup de temps. Ils sont dans le sud de la France, donc je suis descendu juste un week-end, et j’ai enregistré tout l’album le samedi, en une journée ! [Rires] Et nous avons laissé tous les passages où j’ai la voix un peu fatiguée, ou des fois ça n’est pas vraiment calé, c’est un peu au fond du temps, nous avons laissé tout ça, parce que nous trouvions que ça collait et que ça allait bien avec l’ambiance de l’album, justement.

Pour parler du live, y a-t-il des performances prévues, que ce soit pour Glaciation ou pour Bâ’a ?

Pour Bâ’a, je ne pense pas. Pour Glaciation, oui, clairement, nous voulons le défendre sur scène. Nous avons déjà fait quelques répétitions, qui se sont plutôt bien passées. Maintenant, il faut que nous définissions le set. Après les circonstances actuelles, parce que c’est un peu compliqué en ce moment pour ce qui est concerts, nous le ferons. J’ai toujours des propositions pour des choses assez sérieuses, comme le Tyrant Fest, par exemple, car je connais bien un des organisateurs qui voudrait absolument avoir une exclu pour le premier concert, ce qui sera probablement le cas. C’est clairement en projet.

Pour revenir sur Bâ’a et le studio : y aura-t-il une suite conceptuelle ? Comment se profile la suite de Bâ’a ?

Oui, il y aura une suite. Ils m’ont déjà envoyé de nouveaux morceaux, des instru, pour l’instant, que je trouve très bien. Donc je pense qu’il y aura une suite assez rapidement.

« Il y avait une période où à tous les concerts d’Anorexia, il y avait une baston ! Tout le temps, systématiquement ! Maintenant, j’ai l’impression que tout le monde est un peu plus apaisé. »

On ne va pas te poser la question sur la reformation d’Anorexia Nervosa qui t’a déjà été posée vingt mille fois, mais penses-tu qu’il y aura une suite à The CNK ? Où en est le projet ? Est-ce que c’est encore un peu flou ?

Oui, c’est flou, parce que nous n’avons jamais vraiment arrêté. Ce qu’il s’est passé, c’est que Jean-Sébastien [Ogilvy], le guitariste, qui est un peu le maître à penser du groupe, a totalement changé de vie il y a quelques années. En fait, ça doit correspondre avec la dernière activité que nous avons eue. Il s’est mis au tatouage, qui est quelque chose qui n’avait rien à voir [rires]. Je crois qu’il est d’abord parti en voyage pendant six mois en Australie, puis il s’est mis au tatouage, il a changé de région… Il a vraiment fait table rase. Il n’avait pas le temps, pendant cette période-là. Nous en reparlons de temps en temps, mais il me dit : « Je te dirai quand ça sera le bon moment. Là, j’en sais pas plus. » La dernière fois, vu que j’avais eu des demandes et que c’était très à la mode, je lui avais proposé de faire des concerts en jouant tout un album. J’avais une proposition pour faire tout Ultraviolence Über Alles, je trouvais ça assez sympa. Il m’avait dit : « Ouais, pourquoi pas, mais pas maintenant. » Donc on en est là. J’attends. Pour moi, ce n’est pas mort du tout. Je pense que c’est possible que nous refassions des concerts, et un album pourquoi pas. Nous avions pas mal de morceaux en chantier, nous avons presque un album. Maintenant, il faudrait certainement l’actualiser parce que ça date, mais nous avions des maquettes de six ou sept morceaux. Le morceau du clip, « Street Fight At The End Of The World », en faisait justement partie à cette époque-là.

Ces dernières années, il y a quelque chose qui a fait pas mal de bruit : ta participation en tant que second chanteur dans le groupe Baise Ma Hache. Pour beaucoup de personnes, c’est un groupe qui revendique clairement son penchant nationaliste. D’autres iront même jusqu’à le qualifier de groupe attaché à la scène NSBM (National Socialist Black Metal). Est-ce que Baise Ma Hache est un groupe politisé ? Et toi, comment te positionnes-tu par rapport à tout ça ?

Non, je ne pense pas que ça soit un groupe politisé. Je pense que c’est une étiquette qu’on leur a collée. Moi, quand je pense NSBM, je pense à Absurd ou des groupes comme… Je ne sais pas, il n’y a rien qui me vient en tête. C’est une scène que je connais très mal. Mais ce sont des groupes qui ont clairement des revendications, où tout le discours est axé là-dessus. Baise Ma Hache, c’est avant tout un groupe dont le concept cadre très mal avec le monde moderne, actuel. C’est un groupe viriliste, qui prône un retour à la terre, qui est dans une espèce d’esprit à moitié survivaliste, qui prône la force physique, le dépassement de soi, qui fait beaucoup allusion à l’héroïsme et à ce genre de chose et qui, oui, est nationaliste, mais ça dépend de ce que l’on entend par là. C’est-à-dire que c’est plus de la nostalgie d’une certaine image de la France et de son rayonnement passé, que du nationalisme à la Front National. On est très loin de ça. Donc pour moi, il n’y a pas de politique, il y a vraiment quelque chose de très instinctif, très indépendant, et c’est ça qui m’a plu à la base. Maintenant, à l’heure actuelle, il en faut tellement peu pour se faire coller une étiquette de nazi par MetalSucks et compagnie… Alors oui, eux, pour les critères de ces gens-là, je pense qu’ils sont au dernier stade et que c’est vraiment le truc à abattre. Quand on voit que même des groupes qui n’ont absolument rien à voir se font boycotter… Je pense que l’hystérie aux États-Unis est un peu supérieure, mais c’est en train de venir ici. C’est quelque chose que je trouve assez flippant, parce que dans Baise Ma Hache, je mets n’importe qui au défi de trouver quelque chose de nazi dans les textes. Pour moi, c’est clairement autre chose.

Le seul reproche qu’on puisse leur faire à ce niveau-là, c’est qu’ils ont joué – nous avons joué et nous continuons à le faire – dans des festivals avec des groupes NSBM ou dans ce genre de milieu. La question est : pourquoi ? Ce qu’il se passe, c’est qu’il y a tellement d’ostracisme et de lobbysme dans ce milieu-là que des groupes comme ça sont mis à l’écart, sur simple dénonciation. La plupart du temps, c’est ça. Quand j’étais encore à Paris, je me rappelle qu’il y avait eu Death In June, un groupe de dark folk, qui devait venir jouer sur une péniche, au Petit Bain. Nous connaissions bien le programmateur du Petit Bain, qui n’est absolument pas un nazi. Death In June, bien que leur imagerie soit assez tendancieuse, il y a beaucoup d’humour, ils sont anglais, et homosexuels d’ailleurs, mais il y a des gens qui prennent tout au premier degré. Le programmateur était fan du groupe et voulait les faire jouer, sauf qu’effectivement, il a été harcelé de messages, plus des gens qui ont appelé la mairie et qui ont menacé en disant que si le concert se tenait, il y aurait des problèmes à la sortie du concert, il y aurait des bastons, etc. Donc tout le monde a pris peur, et le concert a été annulé. C’est comme ça que ça se passe, la plupart du temps. C’est dangereux, parce que ce sont des groupes de pression qui font la loi. Ce qu’il se passe après, avec ces groupes-là, c’est qu’ils n’ont plus le choix, ils ne peuvent plus jouer nulle part. Et du coup, qui va les faire jouer ? C’est quasiment leur unique chance de pouvoir jouer live, en France du moins, et on se retrouve avec des gens qui n’auraient eu, normalement, aucune raison de se rencontrer, et qui ont été poussés par des prétendus antifascistes. C’est le serpent qui se mord la queue. Ce sont des choses qui me dépassent. Par exemple, nous avons joué au Steelfest, en Finlande, avec Baise Ma Hache, et c’est un festival généraliste, ce n’est pas un festival NSBM. Il y a des tonnes de groupes, c’est axé black et death metal évidemment, mais il y a des groupes de tout bord, de tout horizon, qui jouent là-bas, y compris des gros, et eux, ça ne leur pose pas de problème. Alors qu’en France…

C’est une différence de pays, de mentalité au niveau national, à ton avis ?

Oui. Je pense que si on va en Allemagne, ça sera la même chose, ça sera forcément des concerts clandestins. En Italie c’est pareil. Après, les pays nordiques s’en foutent, globalement. Aux États-Unis, nous avons été y jouer aussi, et le phénomène antifa est vraiment hyper-centralisé dans les grandes villes, du type San Francisco, New York, mais en dehors, il n’y a rien du tout. Pour une bonne raison. J’avais posé la question à l’organisateur où nous avions joué. Je lui avais dit : « Vous n’avez pas de problème avec ça ? » Il m’a dit : « Non, non ! Ça, c’est que dans les grandes villes ! Ici, les gens sont armés, donc ils ne viennent pas ! » [Rires]. Je pense que c’est finalement quelque chose de très urbain. C’est une énième excroissance du monde moderne.

Par rapport au monde urbain, tu disais en 2012 que les groupes engagés de quelque bord que ce soit avaient un petit côté bourgeois, que ça leur donnait l’impression de faire de grandes choses qui en fait n’en sont pas, qui ne sont que des choses très confortables et très convenues. Est-ce que c’est toujours ta vision des choses ? Quel regard as-tu sur les groupes avec lesquels Baise Ma Hache a pu jouer ?

Très honnêtement, les groupes dont je parlais tout à l’heure, qui font de la propagande pure, ça m’emmerde. Et ça m’emmerde pour une double raison. Déjà, parce que je ne pense pas que ce soit le rôle de la musique. Je pense qu’on peut tout à fait faire passer un message ou une idée, mais on n’est pas là pour faire du militantisme. Et puis, parce que très souvent, c’est très mauvais musicalement. Les trois quarts des groupes NSBM que j’ai vus jouer, c’était juste une blague. C’est de l’amateurisme total. Il y a plein de choses qui se mélangent et que je trouve complètement contradictoires. C’est-à-dire que pour moi, on ne peut pas prôner le nazisme aussi ouvertement, à grand renfort de drapeaux et d’autres choses, et après, jouer comme un manche. Le pire groupe que j’ai vu dans le style, c’est Der Stürmer. C’est un truc grec. Déjà, au niveau des tronches d’Aryens, ils repasseront ! Ils sont plutôt petits, métisses et obèses [rires]. Et ils jouent très mal. C’est-à-dire que même en faisant abstraction du côté nazi, ça ne fait pas de la bonne publicité. Je pense que c’est un non-sens pour la plupart des groupes. Il n’y a rien qui ne fonctionne.

Concernant le microcosme du black metal français, tu en parlais dans Bleu Blanc Satan, il y avait d’abord des petits clans, puis une union, et maintenant, on a l’impression qu’il y a pas mal de petits clans, un phénomène alimenté par les réseaux sociaux. Quel est ton regard là-dessus ? D’où viennent les tensions ?

Je n’ai pas vraiment cette impression-là. Il y a toujours des guéguerres. Ça a toujours existé, je pense. Mais là, pour moi, tout le monde se connaît un peu, et je trouve ça plutôt apaisé par rapport à ce que j’ai connu à la fin des années 1990, où il y avait vraiment de la tension. Il y avait une période où à tous les concerts d’Anorexia, il y avait une baston ! Tout le temps, systématiquement ! Maintenant, j’ai l’impression que tout le monde est un peu plus apaisé. Il y a beaucoup de gens qui ont pris de la bouteille, qui sont autour de la quarantaine comme moi, et nous nous connaissons. Il y a des gens avec qui nous étions à l’époque en froid et avec qui nous arrivons à nous parler maintenant. Je trouve plutôt que ça a tendance à s’améliorer, de mon côté !

C’est juste une histoire de réseaux sociaux, finalement ?

Oui, parce que sur les réseaux sociaux, de toute façon, les gens s’embrouillent, partent en live au bout de deux secondes, et puis tout le monde s’énerve… Je ne pense pas que ça soit très révélateur de la vraie vie, parce qu’on n’aborde pas, de vive voix, en face, les choses de la même façon. On n’est pas aussi péremptoire, les angles sont un peu plus arrondis… C’est naturel.

Justement, on a revu de vieilles archives avec Valnoir, au studio de Radio Metal, où vous étiez côte à côte, ensemble, pour The CNK, en 2008. Qu’est-ce qu’il s’est passé, humainement, toutes ces années, pour que ça prenne cette tournure-là ?

Encore une fois, c’est quasiment la même chose qu’avec les autres. Je n’ai juste pas compris ce qu’il s’est passé avec lui. C’était un très bon pote. À l’époque où j’étais à Paris, j’habitais juste à côté de chez lui, nous étions toujours fourrés ensemble, lui chez moi, moi chez lui. Nous nous sommes vraiment bien marrés ensemble, il a fait pas mal de concerts avec nous, et puis du jour au lendemain, je ne sais pas pourquoi, il s’est un peu brouillé avec tout le milieu des potes que nous voyions, des gens qui venaient du même cercle. Personne n’a compris, c’était assez bizarre. Je ne sais pas si quelqu’un lui a fait une crasse, mais en tout cas, moi pas. Je n’ai jamais compris cette espèce de rancœur. Je pense qu’après, ça a été alimenté par le fait que je le remplace dans Glaciation. Quand il est parti, il l’avait un peu mauvaise. Il est parti de lui-même, mais il considérait – et la preuve qu’il le considère toujours – que c’était un peu son bébé. Déjà, à l’époque, nous ne nous parlions plus trop – pas de mon fait, je ne me suis jamais embrouillé avec lui – et le fait que j’aie repris le poste de chanteur dans Glaciation, je pense que ça n’a pas aidé. Il a dû développer un genre de frustration et de haine vis-à-vis de moi. Je ne sais pas. Franchement, je n’ai pas compris ce qu’il s’était passé. J’ai eu l’impression, de mon point de vue, qu’il s’était un peu servi de moi comme marchepied, et c’était assez désagréable.

Interview réalisée par téléphone le 26 mai 2020 par Jean-Florian Garel & Eric Melkiahn.
Retranscription : Robin Collas.

Page de Glaciation chez Osmose Production : osmoseproductions-label.com/bands/glaciation.
Page de Bâ’a chez Osmose Production : osmoseproductions-label.com/bands/ba-a.

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  • Soit il est de mauvaise foi, soit il est très naïf.

    Il cite Absurd en icône du mouvement NSBM, et c’est justement un groupe que BMH reprend dès son premier album, qui contient en outre une mise en musique d’un poème de Robert Brasillach. Ils participent aussi aux compilations « Flammes de France » avec des groupes qui sont tous sauf ambigus, alors qu’on ne vienne pas nous dire ensuite que les choses se sont déroulées dans l’ordre contraire et qu’ils ne sont que les victimes d’un regrettable malentendu.

    Que je regrette la belle époque de « New Obscurantis Order » …

  • Merci pour cette interview. Saint Morand toujours aussi intéressant et fascinant. Super découverte pour Mara Prokaza.

  • Baise Ma Hache n’est pas un groupe politisé. LOL.

    • Ouais, je suis sceptique également. La première fois que j’en ai entendu parler, c’était dans un article je sais plus où au sujet d’un mini-concert clairement estampillé NSBM avec Peste Noire, avec des saluts douteux et des chants anti-antifas. Truc où le lieu était dévoilé à la zob au dernier moment sur Facebook et tout pour éviter les embrouilles. Mais après, ça peut s’expliquer par ces histoires de « ils ne sont acceptés que dans ce genre de trucs », je sais pas.

      J’avais survolé les paroles du dernier album et c’est pas forcément explicite de ouf, mais pas trop ma came quand même.

      Sinon, musicalement, j’avais testé ce « Bâ’a » et me semble que c’était pas dégueu du tout.

  • Alors les amis, à quand la retranscription ?

  • Red Hot Chili Peppers @ Lyon
    Queens Of The Stone Age @ Lyon
    Kiss @ Lyon
    Skid Row @ Lyon
    Hollywood Vampires @ Paris
    Depeche Mode @ Lyon
    Scorpions @ Lyon
    Thundermother @ Lyon
    Ghost @ Lyon
    Spiritbox @ Lyon
    Metallica @ Saint-Denis
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