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Rock En Seine : Vingt Ans Déjà !


Catherine de Médicis, Oasis, le duc d’Orléans, Amy Winehouse, Marie-Antoinette, System Of A Down, R.E.M, Cypress Hill sont certains des noms associés à l’histoire du parc de Saint-Cloud. Laissons les personnages de l’histoire de France tranquilles pour nous intéresser à l’histoire de Rock En Seine qui continue à s’écrire avec cette édition 2023 ensoleillée. Billie Eilish, les Strokes, Placebo ou The Chemical Brothers, qui pour certains sont déjà passés en terres clodoaldiennes, étaient les têtes d’affiche pour les vingt ans du festival.

Vingt ans ! Vingt ans que le Parc, classé monument historique, vibre aux sons des musiques amplifiées, accueille des fans avides d’émotions sonores. Bravo ! Cette année, vous avez été cent quarante-quatre mille sur les quatre jours à profiter d’une affiche finalement très rock. Prêts pour une balade subjective ?

Artistes : Rock En Seine
Date : 23 et 25 au 27 Août 2023
Salle : Parc de Saint-Cloud
Ville : Saint-Cloud [92]

Mercredi 23 août, il fait encore très chaud sur la région parisienne. Côté manufacture de Sèvres, là où se trouve l’accueil Médias, une drôle de file d’attente est en place. Il s’agit des fans qui ont payé le droit d’entrer les premiers pour être au premier rang. Les couvertures de survie qui jonchent le sol montrent que pour certains l’attente a dû être longue et chaude. Les fans sont libérés grappe par grappe, sont invités à ne pas courir, à rester calmes. Ils sont jeunes, habillés pour la circonstance, maquillés, impatients de voir Billie !

Côté médias, le système informatique n’est pas prêt à nous scanner. Il nous faut attendre le patch de 17h00. Les joies et mystères des systèmes d’information ! Tout rentrera dans l’ordre et nous entrerons à temps pour les concerts et la découverte du site, son espace VIP, son Garden. Le Garden est un espace un peu privilégié avec bar privé, offre de restauration, toilettes loin de celles du festivalier moyen, accès aux concerts de la Grande Scène dans un espace auquel tout le monde n’a pas accès (mais qui ne garantit pas du tout une vue imprenable sur le concert). Pour y accéder, il faut avoir payé le billet adéquat. En effet, il existe plusieurs tarifs pour la billetterie. Le basique, le billet qui permet d’entrer avant les autres pour chiper les places collées aux barrières, très prisées des fans de Billie Eilish manifestement, et le Garden. Privilèges quand vous nous tenez ! Mais Rock En Seine n’est pas uniquement terre de privilèges – un peu mais pas que. Rock En Seine sait aussi s’engager dans les débats actuels.

Les femmes à l’honneur de cette édition

En effet, il y a eu le 8 mars, et en ce mercredi 23 août, Rock En Seine met les femmes à l’honneur avec une programmation exclusivement féminine. Entre la scène Firestone et la Grande Scène, elles nous proposeront toutes quelque chose d’intéressant. En dehors de la tête d’affiche, Girl In Red a déployé une belle énergie, Tove Lo a été magnétique et Hannah Grae a proposé son pop-rock avec toute la fougue de sa jeunesse et un guitariste rock qui ne force pas le trait, naturellement rock, sans ostentation. De son côté, Billie Eilish a proposé une prestation appréciée, avec discours sur la protection de la planète (« No Music On A Dead Planet »), sur le fait de se protéger, se soutenir les uns les autres. Avec feu d’artifice et « bain » de foule finaux. En effet, elle est descendue dans la fosse et est sortie par l’allée séparant le Garden du reste du monde.

Le site se remplit très vite, la date affiche complet et l’inégalité des sexes pointe son nez. N’en déplaise aux uns et aux autres, il est manifeste quand on voit les files d’attente côté toilettes femmes qu’uriner en festival est plus facile quand on est un homme. La vessie étant ce qu’elle est, l’attente peut être compliquée. Et hop, de se glisser derrière les palissades voire même d’uriner devant celles-ci, cachées par une étole, un poncho. Pourtant des toilettes sont réparties sur le site. Pas assez manifestement. Quelles solutions ? Si nous continuons sur l’aspect logistique et site dans son ensemble, les bars, à bières, à vins, à cidres sont là, les stands de restauration aussi. Tout comme les points d’eau. Il y a aussi une jolie exposition photo, portraits d’artistes passés à Rock En Seine, Iggy Pop, Nick Cave, etc. Les quatre scènes de l’année dernière sont là : Bosquet, Firestone avec un son pas toujours très bon, la Cascade, la Grande Scène et la petite Ile-de-France. Peut-être un peu moins d’associations que l’année dernière.

Viagra BoysGenius

Le vendredi, la météo est plus clémente et la fréquentation moindre ; cela se sent dans les déplacements et dans les files d’attente aux toilettes. Mesdames, profitez-en, cela ne durera pas.

Les amateurs de son musclé se régaleront côté Cascade avec la prestation coup de poing de Turnstile – quelle énergie ! – et celle haute en couleur des Viagra Boys, tatouages et joli bidon du chanteur bien mis en avant ! Il y a aussi la prestation de Pogo Car Crash Control, à l’étroit sur la Firestone – qu’ils auraient choisie, dixit Olivier. La foule qui s’est amassée devant la scène montre l’engouement pour le quatuor. Et l’exercice périlleux de surf sur la foule exécuté par Simon est à saluer ! Il est intéressant de voir les différentes sensibilités auxquelles s’adresse le festival. L’univers des Viagra Boys, sales gosses punkoïdes, diffère largement de celui de Premier Métro, quatre garçons popisants, plutôt propres sur eux, maquillés de paillettes que ne renierait pas un Ziggy androgyne. Sans oublier Fever Ray qui nous plonge dans le bizarre. Bizarre, vous avez dit bizarre ? La prestation de Christine And The Queens l’est assurément. Habitée. Peut-être un peu trop même, l’artiste semble seule perchée dans son univers, sur cette grande scène, avec ses statues, loin des spectateurs, seins nus, tétons scotchés. BoyGenius aura offert une belle énergie, avec sa musique gentiment énervée et sa bonne humeur. Moment sympa du festival quand le chanteur de Turnstile s’invite sur scène pour hurler quelques vocalises. Lui succédera aussi le chanteur des Viagra Boys – qui a remis un tee-shirt et boit toujours une Heineken. Les univers peuvent donc différer sans forcément cliver.

Les anglaises ont su occuper l’espace

Placebo ne jouera pas la carte festival en enfilant quelques-uns de ses meilleurs titres mais appuiera sa prestation sur son dernier album, ponctuée néanmoins de quelques tubes, « Song To Say Goodbye », « Bitter End », et conclue par deux reprises. A noter, l’hommage que Brian Molko rendra à Jane Birkin. Scénographiquement, c’est assez sobre. Les écrans géants reproduisent des images de la scène, images passées au travers d’effets distordants. A force, un peu lassant. La consigne donnée par la voix de Brian en début de concert concernant les téléphones est suivie – la sécurité veille au grain et flashe les premiers rangs qui n’auraient pas compris. Demande clairement légitime de la part du groupe et concert visuellement tellement plus agréable. Vivez l’instant présent ! Ne mettez pas d’interface entre vous, vos sens et le moment que vous vivez. Un concert est un condensé d’émotions, spectacle par nature éphémère qui se vit avec son environnement. Et bande d’égoïstes, pensez aux personnes derrière vous qui n’ont que faire de voir le concert au travers de votre téléphone que vous tenez bras tendu évidemment !

Un concert sans portable

Il est intéressant de noter que la croisade contre les téléphones en concert de Placebo se place jusque dans les consignes pour les photographes : pas d’accès au pit pour qui n’aurait pas de matériel professionnel. Pas de téléphone donc.

Si vous le permettez, restons un instant sur l’aspect photographique du festival, côté médias. Il y avait pas mal de monde cette année dans la fosse, avec une apparition très nette de personnes n’utilisant que des téléphones. Chacun aura son avis sur leur légitimité dans un pit mais cela note une tendance nouvelle. A voir son évolution dans le temps. Pour le reste, nous sommes très bien accueillis par le festival, même s’il y a les listes de privilégiés qui pourront photographier Billie ou Placebo. Ces listes sont désormais l’usage. Malheureusement. Et il y a les consignes plus ou moins farfelues données par les groupes. The Stokes qui demande que nous ne photographions pas devant la scène mais avec un angle de soixante degrés. Il y a donc au moins une personne dans l’entourage des Américains qui a pris le temps de pondre cette restriction, qui se termine par une répartition côté gauche, côté droit des photographes. Pas assez de matheux, de rapporteurs. Les Nova Twins, elles, exigent des photos uniquement en couleurs, pas de noir et blanc. Tu veux un rendu ? Paye ton photographe ! Le groupe a d’ailleurs son propre photographe / vidéaste qui intervient, lui, directement sur scène, avec un don manifeste pour se placer sur la partie basse de la scène pile devant les deux jeunes femmes, assurant aux photographes du pit de bien l’avoir lui aussi dans leurs images. Etonnant, l’homme disparaîtra au bout des trois titres. Merci pour la gêne occasionnée.

Une réussite !

Revenons côté spectateurs en ce samedi où la fréquentation est en hausse. Le festival affiche complet trois jours sur quatre. Les files d’attente aux toilettes sont de retour et la circulation est plus compliquée. On voit les photographes peiner à s’extirper de la fosse de la Cascade lors du chouette et visuel concert des Yeah Yeah Yeahs. Visuel grâce à des lumières soignées, en demi-teinte, et grâce à la furie Karen O qui arbore une tenue digne des défilés de haute couture. Belle énergie proposée par les New-Yorkais.

Fait marquant de ce troisième jour, Florence And The Machine a annulé. Cypress Hill prend le créneau. Festival et festivaliers n’ont pas l’air de perdre au change : les Californiens remplissent la prairie devant la Grande Scène. Le début du concert devrait avoir ravi les metalleux, comme les enceintes délivrent un son basé sur Body Count, Black Sabbath ou encore Metallica. Un seul hic, le son. Pas le meilleur du festival. Ce qui n’empêchera pas B-Real, avec son énorme pétard, et Sen Dog de faire bouger Rap En Seine ! Vingt ans de Rock En Seine, trente ans de Black Sunday. Que d’anniversaires !

Rap En Seine !

Retenons la prestation de The Amazons sur la Firestone, l’agréable Ethel Cain avec sa puissante voix qui contraste avec une posture physique plutôt sur la réserve, introvertie. Regrettons de ne pas pouvoir tout voir, en particulier Brutus ou Coach Party. The Chemical Brothers auront secoué une plaine blindée, abreuvée de ces images fantasmagoriques que diffuse le duo anglais et des sons électro des Frères Chimiques. Réussite pour le duo, et pour le festival qui sait toujours proposer, vingt ans après, des têtes d’affiche qui remplissent le Parc.

Dernier jour. Toujours aussi rempli. La météo clémente jusque-là se permettra de mouiller les imprudents, celles et ceux qui ont laissé tomber la cape ou le poncho après les derniers jours sans pluie. En début de soirée, une courte averse, fournie, rappelle à tout le monde les plaisirs du plein air. Dernier jour. Dernière occasion de remplir ses oreilles de décibels. Et l’offre est là. Les deux filles de Nova Twins assurent une prestation musclée, dynamique, utilisant tout l’espace à leur disposition. Mine de rien, occuper l’espace de la Grande Scène à deux n’est pas si évident. The Murder Capital, qui explose la Cascade, marque le coup avec un concert habité. Belle claque. Retour sur la Grande Scène avec les Australiens punkisants d’Amyl And The Sniffers. Quelle efficacité brute ! Quel visuel kaléidoscopique entre guitariste metalloïde, bassiste skinoïde et chanteuse… inclassable que des L7 et autres Debbie Harry ne renieraient pas. Foals est aussi intéressant avec son énergie assez brute. Be Your Own Pet ou Julie font agréablement dresser l’oreille. A creuser.

Aïe !

Et puis il y eu The Strokes. Dommage de terminer sur une prestation en demi-teinte, un rendez-vous que beaucoup qualifient de raté. La faute à un chanteur qui n’y est pas et à des problèmes techniques. L’histoire du Parc, du festival est aussi constituée de ces moments plus délicats. Oasis ou Amy Winehouse, dans d’autres proportions certes, en sont la preuve.

Malgré cela, l’édition 2023 reste une belle édition qui peut afficher sans rougir le Rock de Rock En Seine. Rendez-vous en 2024 car malgré la déferlante JO cette année-là, le festival clodoaldien aura lieu entre les 21 et 25 août, son format sur quatre ou cinq jours n’étant pas encore arrêté. En tous les cas, en ayant pactisé avec les JO 2024… pardon, après s’être associé aux JO 2024, le festival est assuré d’être là. Une bonne nouvelle pour tous les amateurs de bon son !

Oh les fans ! Oh les fans !



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