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Interview   

The 69 Eyes : les vampires ne vieillissent pas


The 69 Eyes a trente ans, ça se fête non ? Eh bien, pour Jyrki 69, chanteur du groupe, les anniversaires, ce n’est pas forcément sa tasse de thé. Lui se voit comme un éternel ado jouant dans un groupe de garage, alors trente ans, ce n’est pour lui rien d’autre qu’un chiffre abstrait. Mais, compte tenu du culte de l’anniversaire qui sévit actuellement dans l’industrie, il a tout de même fini par céder. Mais plutôt que de regarder dans le rétroviseur, sa manière de célébrer, c’est avant tout de sortir un nouvel album : on invite quelques amis à pousser la chansonnette, on rajoute quelques ballons sur la pochette, un petit documentaire pour accompagner et le tour est joué.

Pour autant, ce West End – dont le titre renvoie surtout à la fin de l’Occident sous un prisme gothique – ne trompe pas quant à l’expérience de The 69 Eyes. Il faut dire que si l’on connaît ceux que l’on surnomme les Helsinki Vampires avant tout comme un groupe de rock gothique, leur fibre artistique s’est construite avec le temps de manière singulière, avec un amalgame d’ingrédients et quelques plaisanteries devenues tout à fait sérieuses. Alors si l’on parle évidemment de West End ci-après avec Jyrki 69, nous avons également saisi l’opportunité de revenir sur la construction du style The 69 Eyes et sur sa longévité.

« De nos jours, le public s’attend à des effets spectaculaires. Notre effet spectaculaire, c’est nous, suant et jouant les chansons telles qu’ils les connaissent, dans notre style, à partager ce moment, peu importe si c’est un concert intime ou lors d’un festival, car c’est ainsi que nos influences faisaient leurs concerts. »

Radio Metal : Vous célébrez cette année les trente ans de The 69 Eyes avec un tout nouvel album intitulé West End. D’ailleurs, cette idée de célébration est suggérée par ces ballons noirs sur la pochette, du genre qu’on trouverait lors d’une fête d’anniversaire gothique. Mais à quel point l’idée de l’anniversaire a imprégné cet album quand vous étiez en train de le concevoir ?

Jyrki 69 (chant) : En fait, ça s’est passé dans l’autre sens. Quelqu’un a fait remarquer : « Hey, on va avoir trente ans l’année prochaine, célébrons-le ! » Mais j’étais contre cette idée. J’étais là : « Pas moyen, c’est horrible ! Oublions ça, sortons un nouvel album et n’en parlons pas. » Car comment pourrais-je être intéressé d’aller voir un groupe en me disant : « Oh, ça fait trente ans qu’ils jouent, allons les voir, c’est super ! » ? Donc j’ai pensé : « N’en parlons pas, peut-être qu’on restera pertinent si on n’en parle pas. » Puis on a fini par me convaincre : « Hey, c’est cool. Tes fans sont à fond dedans ! Faisons la fête pour célébrer ça ! » Il arrive que certains fassent un concert anniversaire, d’autres un concert rétrospectif, ou sortent une compilation, mais nous, nous sortons le meilleur album que nous ayons jamais fait, avec de la toute nouvelle musique plus puissante que jamais. Je trouve que notre groupe, que ce soit en live ou sur album, est au top de sa forme aujourd’hui. Donc sortons cet album et célébrons l’anniversaire de cette manière ! Qui se soucie vraiment que nous jouions depuis si longtemps ? Si tu vois la version physique de l’album… Vous vivez dans un pays civilisé en France, donc vous avez la FNAC et quelques autres lieux pour vous procurer des albums. Plein d’autres pays ne sont plus civilisés, mais vous, vous avez la chance de pouvoir voir le CD physique. Donc la version physique de l’album comprend un DVD sur les trente ans du groupe, c’est un documentaire. J’ai écrit le script et il passe en revue l’histoire du groupe. C’est une manière de rappeler que nous avons joué un petit peu plus longtemps que quelques autres groupes. Autrement, nous célébrions ces trois décennies simplement en ouvrant un nouveau chapitre avec cet album, comme si de rien était.

D’un autre côté, le groupe est à son top. C’est super excitant. C’est la meilleure époque du groupe aujourd’hui. Si on pense aux gens pour qui nous faisons de la musique, ceux qui viennent nous voir… Evidemment, même si on parle d’un nouvel album, de nos jours, on donne des concerts parce qu’on est un groupe de rock n’ roll et que notre public vient nous voir jouer. Nos concerts se basent sur les principes originaux du rock n’ roll, qui sont très simples : nous avons des instruments, parfois ils restent accordés, et ensuite nous avons des chansons à vous offrir, et les chansons sont des chansons que nous avons écrites, elles sont à nous. En l’occurrence, la chanson la plus célèbre à la fin du set n’est pas une reprise, c’est notre chanson. Donc nous avons déjà les chansons que les gens viennent écouter. Nous partageons ce moment avec eux. Ils ne sont pas obligés de nous regarder à une centaine de mètres de distance, nous n’avons jamais été assez gros pour en arriver là. Nos concerts sont assez intimes, car ça correspond au niveau et à l’échelle de notre groupe.

Même si nous jouons lors de festivals, nous n’avons jamais eu de pyrotechnie ou de pluie de confettis. Je veux dire que de nos jours, le public s’attend à des effets spectaculaires. Notre effet spectaculaire, c’est nous, suant et jouant les chansons telles qu’ils les connaissent, dans notre style, à partager ce moment, peu importe si c’est un concert intime ou lors d’un festival, car c’est ainsi que nos influences faisaient leurs concerts. C’est le principal. Peu importe s’ils écoutent le groupe depuis dix ans, vingt ans ou plus, les gens savent à quoi s’attendre et ils connaissent le concept de The 69 Eyes. Nous ne sommes pas un groupe de playlist. Aujourd’hui, les gens écoutent principalement la musique via des playlists, ce qui veut dire qu’ils écoutent les chansons de manière passive. Mais nous ne sommes pas sur les playlists, malheureusement sans doute, mais d’un autre côté, je sais que les gens qui viennent nous voir et nous ont suivis durant toutes ces années savent à quoi s’attendre. C’est une sorte de « société de vampires » qui est présente partout dans le monde et qui vient voir nos concerts. Donc ils savent à quoi s’attendre avec cet album. Je pense que nous assurons et je suis sûr que nous les contenterons. Il y a tous les éléments classiques de The 69 Eyes : il y a du horror punk, du goth n’ roll, du rock n’ roll, ainsi que de la musique mystérieuse.

Tu as dit qu’au départ, tu étais réticent à célébrer les trente ans du groupe. Tu n’aimes pas les anniversaires de façon générale ?

Je ne célèbre pas les anniversaires. Tu sais quel est mon livre préféré que j’ai récemment lu ? Ça pourra peut-être te sembler ennuyeux, mais ça explique beaucoup de choses et je suis toujours scotché – c’est L’Etranger d’Albert Camus. Lisez-le ! Vous n’allez pas en revenir ! Tous ceux qui l’ont lu ont été scotchés, j’ai été scotché. Je l’ai lu sur le tard, mais je suis content de l’avoir enfin fait. Il n’est pas connu mondialement pour rien.

Comment gères-tu le fait de vieillir ?

Je ne vieillis pas ! Je suis toujours le même ! Je joue dans un groupe de rock n’ roll, je mets mes lunettes de soleil, j’enfile ma veste en cuir et je saute sur scène. Voilà ! Je continuerai éternellement si vous le voulez.

D’un autre côté, on dirait que le titre West End a plus à voir avec le monde, bien que tu aies dit qu’il avait plusieurs significations. Quelles significations associes-tu à ce titre ?

J’adore l’Occident. L’Occident m’appelle. Et j’adore la fin, c’est intéressant aussi : qu’est-ce qui va arriver ? Ce sont deux de mes notions préférées en une. D’un autre côté, le monde dans lequel on vit est très sombre et chaotique. Il l’a toujours été, mais aujourd’hui plus que jamais, je pense que le monde est vraiment en train de s’écrouler. Il s’étrangle à un point où il n’y a plus rien d’autre que de mauvaises nouvelles. S’il fait sombre, s’il pleut, on est en novembre, on ouvre les rideaux pour regarder dehors et on dit : « Oh, le temps est vraiment moche. » Mais on peut aussi dire, et c’est notre façon de voir les choses : « Oh, c’est cool, c’est un super temps gothique ! » C’est une autre façon d’affronter la réalité. Voyons donc les choses sous cet angle. C’est un titre intéressant avec de jolis mots, et une autre façon de voir ce qui se passe. Mais ce n’est aussi que le nom d’un album vraiment cool.

« Le monde est vraiment en train de s’écrouler. Il s’étrangle à un point où il n’y a plus rien d’autre que de mauvaises nouvelles. S’il fait sombre, s’il pleut, on est en novembre, on ouvre les rideaux pour regarder dehors et on dit : ‘Oh, le temps est vraiment moche.’ Mais on peut aussi dire, et c’est notre façon de voir les choses : ‘Oh, c’est cool, c’est un super temps gothique !’ C’est une autre façon d’affronter la réalité. Voyons donc les choses sous cet angle. »

Tu as aussi dit que « la question est la suivante : que se passera-t-il quand l’Occident touchera à sa fin ? » A ton avis, quelle est la réponse à cette question ? Comment imagines-tu la fin de l’Occident ?

Je pense juste qu’on est en train de détruire la nature. Ce qui me tue, c’est la cadence à laquelle nous détruisons la nature. Aussi, l’holocauste animal qui a lieu autour de nous est tout bonnement horrible. Notre manière de traiter les animaux n’est pas civilisée. Ça ne va pas. D’un autre côté, si on va autant que possible à l’ouest, on se retrouve à l’est [petits rires]. Donc il n’y a pas de temps à perdre à trop s’inquiéter, mais on peut toujours jouer avec ces mots et ces images. Venant des années 80, à une époque où on vivait dans la peur d’une guerre nucléaire, ça a amené le rock gothique et ça nous a poussés à nous habiller en noir car l’époque était très sombre. C’est pourquoi je porte toujours du noir, parce que je suis un vestige des années 80. Mais c’est aussi une façon de jouer sur les mots et c’est intéressant – deux super mots : « ouest » et « fin ». Il y a un côté très Jim Morrison.

Plus tôt cette année, tu as dit que vous avez « passé trop de temps en studio pour l’album à venir ». Combien de temps avez-vous vraiment passé en studio et penses-tu que ce n’était pas justifié ?

Je ne passe pas beaucoup de temps en studio. J’ai écrit les paroles et j’ai fini mon chant en septembre dernier. Nous faisons les choses un peu à l’envers : on s’imaginerait que le groupe enregistre tout, puis le chant arrive en dernier et l’album est fini. Nous avons fait ça dans l’autre sens cette fois. J’avais déjà enregistré le chant l’an dernier, à l’automne. Ensuite, je ne comprends pas, les guitaristes veulent être tellement précis… Mais ça s’entend ! Ils n’ont pas passé tout ce temps pour rien, mais je ne sais pas ce qui s’est passé, les guitaristes ont passé six mois en studio ! Eh bien, c’est très précis. Et c’est un album très orienté guitare rock, donc les guitares se devaient d’être précises. Je dis juste ça pour exorciser la frustration de ne pas avoir vu l’album être prêt plus tôt. Je ne sais pas. J’ai été en studio, mais je n’étais pas avec eux. Quand nous enregistrons, tout le monde vaque à ses occupations, comme nous le faisons toujours quand nous sommes à Helsinki. La prochaine fois, il faut que nous allions ailleurs, car ça devient incontrôlable. Quand nous sommes chez nous, nous ne nous voyons pas, chacun fait ses propres parties à des moments différents. Cette fois, c’était une très longue session. La prochaine fois, ce sera le moment de sortir d’Helsinki à nouveau pour faire un autre album. Mais ce n’est pas maintenant qu’il faut s’en soucier, même si je te dis ça parce que j’ai déjà un plan.

Vous avez une fois de plus travaillé avec Johnny Lee Michaels. Penses-tu que le groupe a désormais une routine confortable dans la conception des albums ou bien parvenez-vous quand même à essayer différentes approches ?

Nous avons fait un break de presque dix ans avec lui à un moment donné : nous avons fait un album avec le producteur de Slayer, Matt Hyde, et ensuite nous en avons fait un autre avec ces gros producteurs suédois de pop, et ensuite nous avons retravaillé avec Johnny Lee Michaels avec notre précédent album. J’ai croisé le gars dans la rue il n’y a pas longtemps, et je lui ai dit : « On a fait le meilleur et le pire album avec toi », rien que pour voir à sa tête comment il allait réagir. Et il était là : « C’était quoi le pire ?! » « Le dernier album est pire ! Et celui-ci est le meilleur. » Nous sommes très proches et nous sommes un peu inséparables. Mais je pense que la prochaine fois sera le moment de faire un break entre lui et nous. J’ai envie de ne plus voir ce gars pendant un certain temps. Nous sommes tellement passionnés, et c’est la personne la plus passionnée qui soit. C’est un grand perfectionniste.

Vous avez trois invités prestigieux sur cet album, l’un d’entre eux étant Dani Filth de Cradle Of Filth. Cradle Of Filth est un groupe très différent de The 69 Eyes, presque diamétralement opposé à bien des niveaux, mais les deux groupes ont au moins une chose en commun : une forme de romantisme noir. Penses-tu qu’en réalité, ces deux groupes représentent deux extrémités d’un même spectre ?

Oui, et je pense que les deux sont un peu comme des groupes cartoon. J’admire beaucoup le style d’écriture des paroles de Dani Filth. Je lui ai demandé : « Peux-tu s’il te plaît sortir un livre avec tous tes textes ? » Car j’adorerais écouter les albums de Cradle Of Filth en lisant les paroles. Enfin, je les ai sur CD mais j’adorerais avoir un livre. Ce sont des histoires géniales. C’est un extraordinaire parolier. C’est vraiment un de mes groupes préférés. Nous sommes amis depuis le milieu des années 90. Je faisais le DJ à Helsinki à l’époque, dans le plus gros club de rock, et je choisissais toujours les soirées quand y avait des groupes que je voulais voir. Un soir, il y avait Cradle Of Filth. J’avais vu des photos, j’aimais leur musique et c’était un groupe vraiment palpitant. J’ai eu l’occasion de connaître les gars et nous avons fait la fête ensemble. Nous sommes restés en contact depuis. Puis, il y a quinze ans, Cradle Of Filth nous ont pris sur une tournée américaine en tant que groupe d’ouverture. C’était une tournée que tout le monde a vue ; c’est devenu une tournée légendaire aux US que chaque rock star, chaque star cinéma, chaque star du porno a vu. C’était important. C’était un gros truc pour The 69 Eyes. En revanche, après ça, nous ne nous sommes pas donné de nouvelles pendant dix ans.

J’ai récemment repris contact avec Dani et, évidemment, quand on rencontre un confrère musicien et qu’on devient amis, la première chose dont on parle, c’est : « Qu’est-ce qu’on devrait faire ? Faudrait-il qu’on fasse de la musique ? Une tournée ? Faisons quelque chose ensemble. A minima, allons boire un coup. » Et aujourd’hui, ça semblait être le bon moment pour l’inviter sur un album. Il avait du temps. En fait, c’est le producteur Johnny Lee Michaels qui a eu cette idée : « Invitons Dani sur le morceau d’ouverture ‘Two Horns Up’. » Cette chanson est cool, groovy, elle est bien rock, un peu metal, et c’est vraiment sympa d’avoir le chant de Dani dessus. Ça colle parfaitement. Nous venons d’ailleurs tout juste de filmer un clip pour cette chanson le weekend dernier à Los Angeles. Nous avons plein de fans en commun : si nous participons à une séance de dédicace ou que nous donnons un concert, il y a plein de gens qui portent des T-shirts de Cradle Of Filth. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais je suppose qu’ils ont un côté gothique et je trouve que c’est un groupe rock n’ roll, mais en très extrême. Nous avons toujours eu les mêmes fans. Même si, musicalement, nous sommes très différents et venons d’extrémités opposées, il y a quelque chose que nous partageons, et maintenant nous partageons même une chanson qui nous représente tous les deux.

« La seule façon de supporter ce putain d’enfer, c’est d’apprendre à aimer les flammes. »

La chanson « The Last House On The Left » est un hommage au film de Wes Craven du même nom. Ce n’est donc pas une surprise d’y retrouver Wednesday 13 et Calico Cooper…

Et Dani Filth est dessus aussi ! L’histoire est que je connais Wednesday 13 depuis l’époque Murdedolls et ensuite quand il a lancé son propre groupe Wednesday 13. Nous avons fait de nombreuses tournées ensemble, en Angleterre, en Europe, aux Etats-Unis, et puis là encore, dix ans sont passés sans que nous nous donnions des nouvelles ou sans nous voir. Puis je l’ai vu l’année dernière à Hollywood et j’étais là : « Comme tu es là, allons refaire quelque chose ensemble, revenons au bon vieux temps. » Nous avions cette chanson sur notre album qui sonnait comme du horror punk, et j’ai toujours adoré le titre. Wes Craven était un grand réalisateur. Le second single de The 69 Eyes contenait une chanson qui s’appelait « The Hills Have Eyes », un autre film de Wes Craven. Ce n’est pas nouveau pour nous de citer des films de Wes Craven. Ensuite, j’avais une idée de chanson pour « The Last House On The Left », et nous avons écrit les paroles ensemble avec Wednesday. L’idée était d’avoir une intrigue comme dans le film, que ce soit le vieux ou le nouveau – les deux versions sont super.

Nous avions besoin d’une voix féminine vengeresse là-dedans. Donc Calico Cooper de Beastö Blancö… ça fait plusieurs années que nous parlons de faire une tournée avec Beastö Blancö. Ça ne s’est pas encore fait, malheureusement, mais ce qui est intéressant est que, à la fin 2007, nous avons filmé un clip pour notre chanson « Never Say Die » à Los Angeles, et plus tard, quelqu’un nous a fait remarquer : « Vous avez vu que la fille d’Alice Cooper danse dans votre clip ? » Nous étions là : « Quoi ?! » Calico Cooper était en fait dans notre clip sans que nous le sachions ! C’était donc sympa de l’inviter à rejoindre cette super dream team horrifique façon halloween, elle est parfaite là-dedans. Dani Filth est là aussi, comme je l’ai dit. Nous allons sortir ça pour Halloween. C’est une sorte de chanson horror punk pour célébrer Halloween. C’est arrivé simplement parce que nous sommes amis, nous sommes des rockeurs, c’est cool de faire des choses ensemble, ce n’est pas calculé, personne ne nous a dit : « Hey, faites équipe avec eux, ça vous apportera plus d’auditeurs. » C’est juste parce que nous sommes des rockeurs, ils conviennent pour cet album, et c’est juste un truc entre amis. D’un autre côté, c’est aussi un truc nouveau. Attendez de voir le clip que nous avons fait avec Dani, et quand vous lancez la musique de l’album et que Dani Filth vous envoie un bon coup de pied dans les dents, c’est parfait. On est loin d’un vieux groupe trentenaire et fatigué.

Le père de Calico, Alice Cooper est un peu le grand patron du hard rock à Hollywood, et fait d’ailleurs partie des Hollywood Vampires. A quel point a-t-il été une inspiration ?

Alice Cooper est tout. Quand nous avons commencé à jouer avec le groupe, nous n’avions pas nos propres chansons, donc parmi les toutes premières chansons que nous avons essayé de jouer, il y avait « I’m Eighteen » et « Is It My body » d’Alice Cooper ; ces deux chansons étaient dans notre set. C’est donc une des plus grosses influences de tous les temps pour The 69 Eyes.

Au sujet des films d’horreur, ceux-ci peuvent parfois être vus comme des allégories sur des choses bien réelles. Donc, pour faire le lien avec le titre de l’album, West End : penses-tu que ce que le monde traverse en ce moment est assimilable à une histoire d’horreur ?

Oh, question intéressante – ça vient toujours de France ce type de questions. C’est une bonne remarque. On nous parle du paradis, qu’à la fin on va au paradis, mais avant d’y arriver, on traverse beaucoup de souffrances. Donc je suis content que le paradis attende, mais est-ce que ça veut dire qu’on est en enfer ? Parfois, quand on arrive à un certain âge, ou même plus jeune, on se dit : « C’est quoi l’enfer ? Eh bien, c’est cool, au moins, le paradis attend. » Mais la seule façon de supporter ce putain d’enfer, c’est d’apprendre à aimer les flammes, comme je le dis dans pas mal de chansons. On est en enfer mais on peut survivre si on chérit les flammes autour de nous. C’est tiré directement des paroles d’une des chansons de l’album, « Death & Desire ». Pour en venir aux films d’horreur, je pense que le rock n’ roll est vraiment en train de revenir en ce moment ; les gens s’intéressent beaucoup au rock n’ roll, tout d’un coup. C’est le bon moment pour le rock, c’est le message de cet album. Et c’est pareil pour l’horreur : il y a plein de très bons films d’horreur qui sortent aujourd’hui, il y a de très bons nouveaux réalisateurs faisant de très bon films d’horreur. C’est vraiment en effervescence en ce moment, et c’est palpitant. Et peut-être que les deux vont de pair, j’aime à le croire. Il doit bien y avoir quelque chose. Et c’est aussi lié à l’époque dans laquelle on vit.

Quels sont les nouveaux films d’horreur que tu as aimés dernièrement ?

Il y en a des traditionnels, et d’autres qui sont dingues. Comme celui qui s’appelle Mandy. Nicolas Cage en est l’acteur principal. C’est un film très psyché, étrange, hallucinogène. Hereditary est l’un des meilleurs films d’horreur qui ait été fait depuis des années. Il y a aussi deux films réalisés par le même gars : Get Out et Us. Ils sont totalement différents, et très efficaces. J’aime le nouveau Halloween et je suis content qu’il y ait une suite à ça. J’ai aussi aimé The Nun, j’ai trouvé qu’il était cool, c’était un film d’horreur/action très cartoonesque. Il y a plein de films d’horreur qui sortent en ce moment. Je suis comme un dingue, c’est super excitant, en tant que fan d’horreur. C’est très inspirant aussi.

Il y a aussi plein de bonnes séries aujourd’hui…

Tout à fait. Le truc, c’est qu’il y a trop de choses en ce moment, on ne peut pas avoir le temps de tout voir. Evidemment – allez ! – la dernière saison de Game Of Thrones, c’est trop cool que ça se soit fait. La fin est putain de géniale ! J’ai vraiment adoré. C’était fantastique, je suis encore sur le cul. Il y a plein de séries sympas, mais il y a tellement de trucs que c’est impossible de trouver le temps pour tout découvrir. D’un autre côté, je ressens une forme de responsabilité [petits rires] en tant qu’artiste réputé pour adorer les comics et l’horreur, donc évidemment, je vais les regarder. Mais ce que j’attends le plus, c’est le tout premier film d’horreur de Glen Danzig et, bien sûr, Devil’s Reject 2 de Rob Zombie.

« Nous ne nous voyons plus, sauf lorsqu’on fait un concert, et quand nous nous réunissons, quand nous sommes sur scène à jouer, la magie revient et nous sommes de nouveau les mêmes mecs dans un coin d’un bar rock n’ roll en 1989. »

Est-ce que vous parlez souvent de films d’horreur avec Wednesday 13 ?

Nous ne parlons que de ça ! Et avec Dani aussi. C’est cool d’être des fanboys, de comics, d’horreur, de rock n’ roll…

De Warp Your Troubles In Dreams jusqu’à Devils, vous aviez régulièrement Ville Valo de H.I.M. qui était invité sur certaines chansons, ce qui fait de lui une personnalité extérieure importante dans votre carrière. N’as-tu pas envisagé de le faire revenir sur West End ?

Attends, est-ce que je lui ai demandé ? C’est possible, je ne me souviens pas. Mais, tu sais, je ne peux pas parler pour lui mais je crois qu’il a traversé des moments très déprimants, après avoir enterré H.I.M. Ce n’était donc pas le bon moment pour dire : « Hey, éclatons-nous comme on l’a toujours fait. » Il fallait qu’il fasse son deuil. Avec un peu de chance, ça se fera dans le futur. Je veux dire que notre porte est toujours ouverte. Nous ne nous voyons plus tant que ça par rapport à l’époque. Dans le temps, nous étions bien plus jeunes, nous vivions dangereusement, à fond la caisse, dans la vie nocturne d’Helsinki. Maintenant, nous nous sommes éloignés. Cependant, il se trouve que je vais bientôt le voir. Nous allons jouer deux concerts en festival ce weekend, donc je vais le voir lors de ces deux festivals. Peut-être que je devrais le lui faire remarquer que des gens me parlent de lui en interview, j’ai envie de voir sa tête et entendre ce qu’il va dire. Mais honnêtement, je sais que c’était très dur pour Ville de laisser H.I.M. derrière lui, mais je pense que c’est temporaire. Je vais lui dire : « Aller, mec, ne nous abandonne pas, on a besoin que ton groupe revienne ! » En fait, j’ai fait quelques interviews pour cet album et l’une des questions qu’on m’a posées plus tôt faisait remarquer : « Fut un temps, il y avait H.I.M., Sentenced, To Die For et Sharon en Finlande, et maintenant, vous êtes le seul groupe qui reste. » J’étais surpris de ne l’avoir pas remarqué. Mais nous étions le premier groupe apparu de toute façon. Donc, la situation n’est pas nouvelle, nous avons toujours été seuls.

En parlant de vivre dangereusement, le single « 27 & Done » rend hommage au club des 27 et le rapport de Hollywood à la mort. Tu avais 21 ans quand tu as commencé le groupe. Y a-t-il eu des moments durant les six premières années de ta carrière où tu t’es dit que tu pourrais rejoindre ce club ?

On ne parlait pas tant que ça de ce club avant que Kurt Cobain ne meure. Quand il est mort, un petit peu après, les gens ont commencé à en parler. Mais au début, dans les années 80, on savait que Janis Joplin, Jimi Hendrix et Jim Morrison étaient partis au même âge, et bien sûr Brian Jones, mais c’était tout. Et puis, quand Kurt Cobain est mort, ça a remis en avant tout le sujet, et puis plus tard encore avec Amy Winehouse. Ce n’était donc pas un sujet si populaire que ça à l’époque et je n’étais pas inquiet. J’étais plus inquiet par rapport à Elvis qui est mort à 42 ans ; je suppose que je me souciais plus de passer les 42 ans [petits rires]. Mais je m’en fiche maintenant. Je suis bien dans ma peau, et je trouve que c’est putain de cool d’être un rockeur à cinquante ans. Je vis toujours dangereusement. Je ne me fais pas de souci, je vis au jour le jour. D’ailleurs, l’une des chansons de l’album s’appelle « Be Here Now » : c’est comme ça qu’on arrive à affronter y compris les moments difficiles, c’est la philosophie de Ram Dass, le véritable, originel gourou hippie, qui est toujours en vie. C’est une super philosophie : être ici et maintenant, profiter du moment présent et ne pas se soucier de ce qui va se passer dans le futur. Evidemment, on teste nos limites, tout le monde l’a fait de diverses manières : on conduit trop vite, on boit trop, on fait ci, on fait ça à un moment donné, et tout ça devient d’excellents sujets pour écrire des chansons, et c’est ce que j’ai toujours fait. Ça fait partie de nos vies. Je ne me suis pas encore transformé en saint. Je suis toujours vivant, et je ne suis pas un saint. Je suis un pécheur comme tout le monde.

Quelle est la chose la plus dangereuse que tu aies faite ?

Sortir dans la vie nocturne d’Hollywood avec Dani Filth la semaine dernière… C’est ma réponse [rires].

Tu as expliqué avoir été très inspiré pendant que tu traînais à Hollywood mais que tu as perdu cette inspiration dès que tu es revenu en Finlande : les morceaux ne t’excitaient plus tellement. Puis tu es retourné à Hollywood et toute l’inspiration est revenue. Qu’y a-t-il de si spécial là-bas qui t’inspire tant ?

Ça aurait pu être à Paris aussi. Maintenant, je suis à la maison, je suis dans un environnement sûr… Bon, j’ai tous mes livres et autre ici qui m’inspirent infiniment, mais je suppose que j’ai juste besoin de m’évader. Mon style a toujours eu besoin d’échapper un peu à la vie normale pour être inspiré. Mon inspiration vient de l’évasion ou des rêves. Je suis un rêveur invétéré. Evidemment, le rêve américain a toujours été très inspirant. C’était l’inspiration originelle du rock n’ roll et mon intention est d’écrire du rock n’ roll originel, tel qu’il a été créé, à partir des mêmes motivations. Parfois, c’est simplement un lieu qui nous inspire et ensuite on laisse notre esprit vagabonder. Le plus important est de se sentir libre. Je me sens libre chez moi, bien sûr, mais parfois, c’est comme… C’est mon style. Je ne peux pas l’expliquer, mais c’est comme les peintres qui allaient à Aix-en-Provence pour peindre. Pourquoi allaient-ils là-bas ? Pourquoi les artistes allaient à Paris pour y peindre ou composer ? L’absinthe y était-elle moins chère ? Peut-être. Qui sait ? Ou peut-être qu’à Aix-en-Provence, c’était le ciel. C’est pareil pour tous les artistes, l’inspiration vient de quelque part. Quand on commence tout juste à écrire de la musique, on n’a pas beaucoup d’expérience dans la vie, et on a nos comics, nos films, on a connu deux ou trois petites amies ou expériences avec des filles, et puis on écrit sur la base de ces éléments. J’aime conserver la simplicité de ces éléments. La musique de The 69 Eyes est basée sur ces éléments très simples du rock n’ roll. J’aime bien les garder et, d’une certaine façon, je les vois plus clairement quand je suis quelque part où ils existent encore.

« J’en ai eu marre de The 69 Eyes durant les cinq dernières années. […] Puis Dez Fafara a débarqué et il était là : ‘Bordel de merde, The 69 Eyes, vous devez revenir au top. Vous êtes même plus haut que ça : vous êtes un groupe légendaire. Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi vous ne faites que des concerts en Finlande ?’ Il marquait un point. […] Parfois, on a besoin d’une autre vision et d’une personne vraiment cool avec une force de motivation. »

Tu as déclaré que vous êtes « le groupe que le temps a oublié. [Vous êtes] le groupe qui refuse de mourir. [Vous êtes] le groupe qui refuse de changer de membres. » C’est très rare qu’un groupe ait une carrière aussi stable, sans s’arrêter, sans changer de membre… Quel est votre secret ?

Nous sommes plus comme un gang. Ce n’est pas un boulot, ça ne l’a jamais été. Nous n’avons pas formé ce groupe en nous disant : « Créons un groupe de musique et ce sera notre métier ! » Dans le monde du metal – ce n’est pas mal en soi – les groupes sont très professionnels, ils sont menés par des pros, ce sont comme des usines, ils sortent un album, puis partent en tournée, font la promotion, et ensuite, ils prennent des vacances, et après, un autre album arrive, et ainsi de suite. Les groupes savent deux ans à l’avance ce qu’ils vont faire. Pour notre part, quand nous avons commencé dans les années 80, c’était comme une aventure. Nous étions un gang, nous étions les gars qui venaient au bar, qui s’asseyaient à la même table, et les gens nous montraient du doigt, disant : « Ce sont les gars de The 69 Eyes ! » C’était important pour nous quand nous étions de jeunes mecs qui traînaient dans les rues d’Helsinki. C’était cool que les gens soient là : « Tu as l’air d’être dans un groupe, c’est quoi ton groupe ? » « Ouais, je suis dans The 69 Eyes, je suis le chanteur, ça te dit de t’asseoir à notre table ? » C’était important. C’est toujours comme ça, on va au bar, et les gens disent : « Les gars de The 69 Eyes sont à la table. » C’est ainsi que nous nous voyons ; c’était comme ça et c’est toujours comme ça. C’est une tout autre approche. C’est comme un gang. Nous voulions appartenir à quelque chose. Ça n’a jamais été cette conception professionnelle de la musique, à la manière d’une usine. Il s’agissait plus de rencontrer des confrères rockeurs, et de rencontrer nos artistes préférés dans les coulisses des festivals, de jouer dans des salles dont on entendait parler, et c’est toujours aussi excitant.

Crois-tu que la plupart des groupes qui changent de membres durant leur carrière ont perdu leur mentalité de gang ?

Je ne sais pas. Peut-être qu’ils ne l’ont jamais eue. Parfois ça devient un business, donc ça se complique. Les gens changent, ils veulent avoir de vraies vies, mais étrangement, ce mode de vie n’a pas arrêté de nous fasciner durant toutes ces années. Tu sais, je suis un dingue d’horreur, je suis celui qui va voir des films d’horreur, je vais voir des concerts, etc. Les autres gars ont leur propre vie qui est différente de la mienne. Nous ne nous voyons plus, sauf lorsqu’on fait un concert, et quand nous nous réunissons, quand nous sommes sur scène à jouer, la magie revient et nous sommes de nouveau les mêmes mecs dans un coin d’un bar rock n’ roll en 1989. Mais pour les autres gens, chacun fait ce qu’il veut, il n’y a aucun problème. De notre point de vue, c’est comme ça, nous sommes véritablement des « lost boys » (des « mecs paumés », en référence à la chanson du groupe, NDLR).

N’y a-t-il jamais eu de doutes ou de frictions qui ont failli mettre un coup d’arrêt au groupe ou pousser un membre à le quitter ?

J’en ai eu marre de The 69 Eyes durant les cinq dernières années. J’avais un projet parallèle de rockabilly qui s’appelait The 69 Cats aux Etats-Unis, nous avons fait un album, et ensuite j’ai eu mon album solo, j’ai tourné avec mon groupe basé à Los Angeles, et donc je pensais : « D’accord, The 69 Eyes va continuer, mais je vais garder ma motivation en faisant ces autres trucs. » Puis j’ai rencontré Dez Fafara, le chanteur de Coal Chamber et de Devildriver, qui est désormais notre manageur. Il était là : « Attends mec, qu’est-ce que tu fais ? » J’ai dit : « Je fais du rock et je m’éclate. » « Tu dois commencer à te concentrer sur The 69 Eyes, c’est un groupe légendaire ! » Il m’a vraiment convaincu, genre : « Oh wow, c’est donc comme ça ! » Maintenant, je suis totalement concentré sur The 69 Eyes. Il a ramené l’esprit en nous expliquant comment le monde nous voit. L’industrie du disque a changé il y a dix ans, et tout le monde nous a un peu abandonnés. Nous ne payions plus personne d’extérieur au groupe, nous faisions tout par nous-mêmes. Puis Dez a débarqué et il était là : « Bordel de merde, The 69 Eyes, vous devez revenir au top. Vous êtes même plus haut que ça : vous êtes un groupe légendaire. Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi vous ne faites que des concerts en Finlande ? » Il marquait un point. Là, c’est une vraie résurrection, car quelqu’un se souciait du groupe, il était enthousiaste, et en tant que fan, il disait : « On va vous refaire connaître en Amérique ! » Ce qu’il a déjà réussi à faire, et maintenant avec le nouvel album, d’autres choses arrivent. Je ne doutais pas mais j’étais un peu inquiet, car nous rentrions dans le bon vieux cycle, comme je disais avant : nous sortions un album, puis nous faisions la tournée d’Europe centrale, puis nous jouions en Finlande, et il y avait quoi d’autre ? Rien. Donc j’étais là : « D’accord, c’est ça qui se passe, mais au moins j’ai un pied de l’autre côté de l’Atlantique pour faire d’autres choses. » Puis Dez m’a raisonné, il m’a fait réaliser ce que représentait The 69 Eyes et m’a remotivé. Nous sommes aux anges et surexcités. Parfois, on a besoin d’une autre vision et d’une personne vraiment cool avec une force de motivation.

The 69 Eyes a connu une évolution notable, puisque le groupe n’a pas commencé comme le groupe de rock gothique que vous êtes aujourd’hui. Vous étiez plus un groupe de rock n’ roll glam et ce n’était pas avant votre quatrième album, Wrap Your Troubles In Dreams, que vous avez enclenché votre transition jusqu’à Blessed Be. Peux-tu nous parler de ces premières années et comment cette transition s’est faite ?

Quand nous avons commencé, dans les circonstances dont je t’ai parlé, à la fin des années 80, c’était l’époque où Guns N’ Roses était numéro un. Nos groupes préférés étaient The Lords Of The New Church, les Ramones, The Cult, The Cramps, et un paquet d’autres groupes – les débuts d’Alice Cooper, Iggy And The Stooges, Dead Boys, GG Alin… Donc nous voulions ramener ces influences dans notre rock, mais depuis le début, je voulais aussi avoir un parfum d’horreur là-dedans. Mes groupes préférés quand j’avais quinze ans étaient The Meteors, Alien Sex Fiend, et The Cramps, bien entendu, les groupes influencés par l’horreur. Je voulais donc associer leurs thèmes horrifiques et de vampire au rock n’ roll que nous jouions. Donc nous avons clairement démarré en tant que groupe de glam rock de garage, ce que nous sommes toujours, en réalité, je pense. Puis la musique était en train de changer autour de nous, alors que nous jouions encore les mêmes choses, nous restions de gros fans de Lords Of The New Church et de goth rock, mais nous voulions toujours que notre son soit pertinent. Donc dès que Korn, Manson ou Ministry ont débarqué, nous avons voulu avoir des influences modernes et agressives dans notre son également. Nous n’arrêtions pas de chercher notre recette pour obtenir un son original.

« Tout ce qui est bon provient d’une blague. En l’occurrence, […] ‘Velvet Touch’ et ‘Wasting The Dawn’ étaient juste des tentatives où j’ai pris le risque de me ridiculiser sur les démos. Et puis, tout d’un coup, ça a commencé à sonner comme quelque chose de vraiment excitant. »

Ensuite, j’ai fait une démo pour plaisanter où je chantais très grave, et c’était la démo de la chanson « Wasting The Dawn »… En fait, non, avant ça, il y avait une chanson qui s’appelait « Velvet Touch », désolé, et j’avais fait une sorte de chanson blague à la Sisters Of Mercy. Puis l’autre chanson était « Wasting The Dawn », sur laquelle je faisais l’idiot avec ma manière de chanter. Quand nous avons commencé le groupe, j’étais là simplement en tant que chanteur temporaire et je ne savais pas quoi faire. Je ne savais pas comme qui je devais sonner. Je faisais juste de mon mieux et c’était très marrant. Puis, tout d’un coup, quand j’ai fait ces expérimentations… Je ne me voyais pas comme un musicien. C’était cool d’être dans un groupe, de dire que j’étais dans un groupe et de faire un album. Mais je ne composais aucune musique chez moi et je ne jouais d’aucun instrument. Je faisais ces trucs parce que c’était marrant à faire. Mais quand j’ai commencé à avoir du matériel, alors j’ai pu essayer de m’enregistrer et tout a changé, mais ça a pris quelques années. Tout ce qui est bon provient d’une blague. En l’occurrence, « Gothic Girls » n’était qu’une chanson humoristique qui nous restait d’une session, y compris avec les paroles, et puis « Velvet Touch » et « Wasting The Dawn » étaient juste des tentatives où j’ai pris le risque de me ridiculiser sur les démos. Et puis, tout d’un coup, ça a commencé à sonner comme quelque chose de vraiment excitant.

La musique que nous faisions, bien sûr, était influencée par tout ce qui se passait autour de nous. A un moment donné, quand « Wasting The Dawn » est sorti, on nous comparait à The Cult et Type O Negative dans la presse. Puis nous avons fini par rencontrer Johnny Lee Michaels. C’était un claviériste et un compositeur, donc il a écrit les mélodies dans nos chansons. Nous pouvions toujours écrire les chansons mais il apportait les mélodies avec le clavier par-dessus. Puis, bien sûr, ma voix et mon style de chant se sont développés. Il a donc fallu exactement dix ans et quelques albums pour obtenir le son que les gens identifient comme étant celui de The 69 Eyes aujourd’hui. D’un autre côté, je trouve que nos premiers albums et singles sonnent super, c’est toujours très amusant de les jouer. Ils sont également intemporels. Sur cet album, il y a des chansons à part qui auraient pu être sur notre premier album. Rien n’a vraiment changé. Cet album revient d’ailleurs un peu plus sur du rock n’ roll orienté guitares. Comme je l’ai dit, il a fallu longtemps aux guitaristes pour enregistrer leurs parties, mais nous voulions vraiment nous focaliser sur les guitares distordues. Il n’y a aucun son de machine additionnel. Quand nous débarquons dans votre bar le plus proche, allumons les amplis et commençons à jouer, ça sonne exactement comme ce nouvel album.

Comme je l’ai dit, Ville Valo est apparu sur cinq albums consécutifs. Etait-il un peu votre parrain, vous aidant à légitimer votre transition vers le rock gothique, d’une certaine façon ?

Il faut avoir en tête qu’il a dix ans de moins que nous, c’était des gamins par rapport à nous, à l’époque, mais c’était un mec qui apportait de la fraîcheur avec de nouvelles idées et, bien sûr, il était au top en tant que musicien. Nous traînions ensemble et écoutions des albums, et il respectait le fait que nous avions ce groupe rock n’ roll de dingue à Helsinki, jouant des trucs que plus personne ne faisait au milieu des années 90. Il avait donc des idées fraîches, et je pensais que peut-être nous avions besoin de son regard neuf. Je l’ai donc invité chez moi et, quand nous enregistrions les démos de Wasting The Dawn, il était là avec nous. Nous avons dit : « Donne-nous tes idées pour telle et telle chanson. » Il nous donnait vraiment des idées avec un regard neuf, car il était dix ans plus jeune et avait une vision totalement fraîche des choses, et c’était le bienvenu. Il nous a donné de super idées, c’était un mec sympa à avoir à nos côtés à ce moment-là. Puis, tout d’un coup, il est parti et je ne l’ai plus jamais revu, ça s’est passé très vite, mais nous étions excités de vivre ces expériences, d’avoir différentes harmonies vocales dans les chansons, et ainsi de suite. En l’occurrence, nous avons fait une reprise du « Call Me » de Blondie, une version industrielle. Je n’en suis pas satisfait mais elle est faite, et si tu l’écoutes, ça fait : « Call me ! (Call me !). » C’est Ville qui crie en retour. Il était toujours là sur de nombreux albums, et c’était mon truc quand nous faisions des albums à l’époque : j’invitais mes potes de beuverie, et lui en était un, par-dessus tout ; j’invitais un paquet de potes de beuverie et un tas de gens dingues à participer à nos albums. Ça a toujours été comme ça ; il y a plein d’agitateurs de bars locaux et de vieux amis sur nos albums, et il y en avait de plus en plus à un moment donné. Puis, plus récemment, quand nous ne faisions plus les albums à Helsinki, ça s’est perdu, mais de nouveau sur cet album, il y a les mêmes gars qui ont traditionnellement été sur nos albums pendant quinze ans et qui chantent les chœurs.

Hollywood est le foyer du glam rock : avez-vous songé à déménager pour de bon là-bas, comme tant de musiciens l’ont fait au fil des années afin d’atteindre leurs rêves de gloire ?

Quand nous avons sorti notre premier album, en 1992, l’une des premières questions qu’on nous posait en Finlande était : « Est-ce que vous allez déménager à Hollywood maintenant ? » Car c’était l’époque où tout le monde déménageait à Hollywood, tout se passait là-bas. Les temps ont changé, mais aujourd’hui, tout se passe à nouveau là-bas. Si tu veux faire de la musique, n’importe quelle musique, c’est là-bas qu’il faut aller, mec. Tout se passe là-bas en ce moment. Quand l’album Devils est sorti, j’ai dit au reste du groupe que ce serait l’album qui nous ferait percer sur le marché américain. Et c’est vraiment ce qui est arrivé, l’album contenait le single « Lost Boys » et nous avons commencé à faire des clips aux Etats-Unis. C’est aussi la première fois que nous tournions aux Etats-Unis. Puis, l’année dernière, j’ai dit aux gars : « Hey, les gars, j’ai une idée : The 69 Eyes va se relocaliser à Hollywood », ce qui est ce que nous devions faire après trente ans, je pensais que c’était le moment de le faire. Les gars se sont marrés, ils ont trouvé ça drôle, et ensuite c’est vraiment ce qui est arrivé. J’ai aussi dit que l’album à venir – qui n’était pas encore prêt –, dans mon esprit, allait être celui qui nous emmènerait aux Etats-Unis – et ça s’est vraiment produit. Donc le fait de relocaliser le groupe à Hollywood signifie que nous avions un manageur américain basé à Los Angeles qui nous accompagnait à plein temps maintenant et que le marché américain était de nouveau ouvert à The 69 Eyes. Donc, en ce sens, c’est en train d’arriver. J’ai toujours une vision, et j’aime la partager, rien que pour voir la réaction des gens et ce qu’ils en pensent. Ça peut être des rêves au départ, mais la plupart du temps, ça devient réalité. C’est très important, dans la vie, peu importe le temps que ça prend, de croire en ses rêves et de suivre sa vision. Ça peut prendre beaucoup de temps, mais au final, ça se concrétisera si notre vision reste claire et qu’on suit ce rêve.

Interview réalisée par téléphone le 23 juillet 2019 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Adrien Cabiran.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Pasi Klemetti (1 & 5), Vilhelm Sjostrom (2 & 6) & Christin Morris (3 & 7).

Site officiel de The 69 Eyes : 69eyes.com.

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