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Interview   

Vandenberg et sa cuisine musicale


La résurrection du groupe Vandenberg en 2020, avec un premier album en trente-cinq ans, en compagnie du chanteur Ronnie Romero, était un petit événement en soi dans le monde du hard rock. Seulement, la sortie du disque en pleine pandémie aura fortement freiné l’élan du groupe : pas de tournée possible. Et pour couronner le tout, pour des raisons de conflit d’emplois du temps, il a fallu qu’ils se séparent de Romero. Retour à la case départ, ou presque. Mais quand on s’appelle Adrian Vandenberg, avec son CV et son talent, on n’a pas de mal à dénicher les meilleurs chanteurs du circuit hard rock. C’est ainsi que le Suédois Mats Levén (Yngwie Malmsteen, Therion, Candlemass, etc.) est venu prendre la relève, lui qui, il se trouve, est fan de longue date et a toujours voulu travailler avec le guitariste.

Voilà donc la nouvelle incarnation de Vandenberg (complété du bassiste Randy van der Elsen et du batteur Koen Herfst), plus prometteuse que jamais et qui s’est déjà consolidée en live dès fin 2021, avant de produire Sin, un album plus heavy mais aussi avec lequel le passé d’Adrian au sein de Whitesnake refait largement surface. Le musicien francophile, ayant autant un amour pour la musique que pour la peinture, la cuisine et le vin, nous parle de tout ceci depuis le Quercy Blanc où il adore se rendre dès qu’il peut.

« Ce type de musique n’a de sens que si on a la flamme et qu’on y met de la passion, autrement c’est inutile. Quand tu écoutes du rock dans la voiture ou à la maison, tu veux ressentir l’excitation comme si tu étais à un concert. Un musicien incapable de donner ça ne devrait pas jouer du rock. »

Radio Metal : Tu as remonté le groupe Vandenberg en 2020 avec Ronnie Romero au chant, mais ça n’a duré que le temps d’un album. Comment la séparation s’est-elle passée ? Était-ce sa décision ou la tienne ?

Adrian Vandenberg (guitare) : J’ai dû prendre cette décision difficile parce que nous avions fait un superbe album et que j’avais hâte de tourner, mais la période Covid-19 a tout mis sens dessus dessous. Ronnie vit en Roumanie, or dans cette partie de l’Europe, les gens ont eu la possibilité de rejouer sur scène plus tôt que nous. Aux Pays-Bas, en Allemagne, en France, etc., c’est venu plus tard. Au moment où nous avons enfin pu planifier une tournée, l’emploi du temps de Ronnie et le nôtre ne coïncidaient plus. Ça impliquait que nous devions attendre encore six ou sept mois pour monter une tournée avec Ronnie. Malheureusement, j’ai dû prendre la décision de chercher un autre chanteur, mais heureusement, j’ai trouvé Mats [Levén]. Comme tu le sais, il y a très peu de chanteurs capables de chanter ce genre de musique. Il n’y a bien que Ronnie et Dino Jelusić qui me viennent en tête. Il en existe peut-être d’autres, mais je ne les connais pas. J’ai donc eu beaucoup de chance d’être tombé sur Mats. Comme tu peux l’entendre, il fait un boulot formidable et nous avons très bien travaillé ensemble. C’est un super performeur et il a beaucoup d’expérience. Je suis très content de la tournure que ça a prise. De temps en temps, je croise Ronnie lors de festivals ou autre, et tout va bien. Ça marche très bien pour lui avec Michael Schenker et d’autres projets, et moi je suis bien avec mon groupe, donc c’est super.

A l’origine, quand tu as opté pour Ronnie, n’avais-tu pas peur, justement, que ça se passe ainsi ? Car il est connu pour aller de groupe en groupe, de projet en projet – c’est plus un chanteur de sessions qui fait beaucoup de choses…

Oui, il y avait évidemment ce risque, mais Ronnie était très enthousiaste à l’idée de travailler ensemble, tout comme moi. Je pense que s’il n’y avait pas eu le Covid-19, nous aurions au moins fait une grande tournée de trois mois en Europe, puis au Japon, etc. Là, nous aurions pu voir comment ça se passait, mais oui, bien sûr, j’avais conscience du risque, et Ronnie le dit lui-même : « Je suis un chanteur de session. J’aime faire plein de choses. » C’est sa vie et sa carrière, donc pas de souci. Mats est différent. Il dit : « Quand je m’engage dans un groupe, je veux en être membre, je veux m’y consacrer, lui offrir de la qualité et créer notre propre identité. » Ça a très bien fonctionné, comme on peut l’entendre dans cet album. Nous avons déjà fait quelques concerts, et ça n’a de cesse de s’améliorer. Le seul truc, c’est que le Covid-19 a compliqué la planification des choses. Cet album a été repoussé de quelques mois, donc il arrive maintenant assez tard dans l’année et tous les festivals étaient déjà programmés, la plupart des salles de concerts étaient prises, etc. Nous allons faire une tournée aux Pays-Bas en novembre. En août, nous faisons un concert pour la sortie du disque à Londres et deux concerts en Hollande. L’an prochain, nous ferons la tournée européenne, nous jouerons en Angleterre, en France, etc. Ce serait génial de jouer en France parce que j’y passe beaucoup de temps depuis que je suis gamin ! Mes parents m’emmenaient toujours dans le sud de la France pour les vacances et nous y faisions du camping pendant cinq ou six semaines. Je suis donc devenu francophile dès mon plus jeune âge.

Comment as-tu initialement connu Mats Levén ?

Quand j’ai dû prendre la décision difficile d’arrêter avec Ronnie, à cause de nos emplois du temps conflictuels, je me suis dit : « Merde, ça va être compliqué ! » Comme je l’ai dit, je ne connaissais que trois gars [pour faire ce genre de musique]. J’ai découvert Mats quand il était avec Yngwie Malmsteen. Je me suis dit : « Bordel, c’est un super chanteur, je n’avais jamais entendu parler de lui ! » A l’époque, étant un fan de rock, j’ai découvert un groupe scandinave dans lequel il avait joué dans les années 80, baptisé Treat. Il chantait déjà super bien. Quand je me suis dit que j’allais chercher sur YouTube avec quels chanteurs d’autres guitaristes de mon époque ont joué, je n’ai pas voulu d’abord chercher aux Etats-Unis, parce que ça aurait été encore plus dur de planifier les choses à cause des longs voyages en avion et du décalage horaire. J’ai donc d’abord regardé en Europe et j’ai pensé à Yngwie Malmsteen. Je suis tombé sur un concert avec Mats et je me suis dit : « Ah ouais, je me souviens de lui ! » Je l’ai contacté et il était très surpris et content que je le fasse, car il y a quelques années, quand j’ai fondé Vandenberg’s Moonkings et qu’il a lu que j’avais remonté un groupe, il était un peu déçu que je n’aie pas fait appel à lui ! Mais je n’avais pas pensé à lui à l’époque, j’avais un peu oublié sa période avec Yngwie Malmsteen. Il m’a dit que quand il avait environ vingt-cinq ans, il possédait les deux premiers albums de Vandenberg. Il était donc agréablement surpris que je l’appelle.

« Au tout début, David [Coverdale] a dit qu’il trouvait qu’un certain nombre de chansons sur les albums de Vandenberg auraient pu être des chansons de Whitesnake et vice versa. C’est donc parfaitement logique qu’ensemble, nous composions des choses analogues à ce que nous composons séparément. »

Dans l’annonce, tu as dit que Mats Levén était « très expérimenté mais aussi loin qu’humainement possible d’être en pilote automatique ». Est-ce un problème que tu as rencontré par le passé, c’est-à-dire des musiciens et chanteurs expérimentés qui ont tendance à être en pilote automatique ? Penses-tu que ce soit parfois un effet secondaire de l’expérience ?

C’est une question intéressante. Oui, c’est probablement le cas. Je suis un fan – tout comme toi et quiconque a l’habitude d’aller voir des concerts – mais je suis aussi un musicien. En tant que fan, j’ai vu de nombreux groupes, qui ont une carrière aussi longue que la mienne et ont leurs racines dans les années 70 et 80, jouer en pilote automatique. Ce sont de très bons musiciens et chanteurs, mais ça devient un piège si on ne fait pas attention, car ce type de musique n’a de sens que si on a la flamme et qu’on y met de la passion, autrement c’est inutile. Quand tu écoutes du rock dans la voiture ou à la maison, tu veux ressentir l’excitation comme si tu étais à un concert. Un musicien incapable de donner ça ne devrait pas jouer du rock, à mon avis. Par exemple, l’un de mes premiers héros, Eric Clapton, a arrêté Cream, qui reste l’un de mes groupes préférés de tous les temps car leur sens musical était extraordinaire. Il est allé en désintox soigner son addiction à la drogue et a sorti son premier album 461 Ocean Boulevard. Sa musique est devenue très relax. C’était une bonne décision parce qu’ainsi, il a évité de partir en pilote automatique avec Cream.

J’ai vu d’autres personnes prendre la bonne décision, en disant : « D’accord, je n’ai plus la flamme pour jouer ce genre de rock, donc je vais jouer une musique en phase avec ma vie actuelle. » Mick Jagger des Stones est une autre grande source d’inspiration pour moi : il assure toujours ! Il a quatre-vingts ans. Quand ils avaient vingt-huit ans, les gens leur demandaient : « Vous ne pensez pas être trop vieux pour jouer du rock n’ roll ? Vous avez presque trente ans ! » Regarde-les maintenant ! Ils ont quatre-vingts ans et ils jouent encore « Start Me Up », « Satisfaction » et toutes ces super chansons. Pour moi, ils ont toujours la flamme. Quand tu vois Mick Jagger sauter partout sur scène, il écrase la plupart des gosses de vingt-cinq ans avec son énergie et son côté rock. Toutes ces choses sont des preuves à mes yeux qu’il faut entretenir la flamme et la passion, autrement il faut faire un autre genre de musique.

Il est clair que Mats ne tombe pas dans ce piège, car lorsque nous sommes sur scène, il scotche le public, il donne tout. Nous avons joué au festival Alcatraz – un grand festival en Belgique –, il faisait tellement chaud que, même quand on jouait de la guitare, c’était difficile d’aller au bout du concert, mais Mats a quand même tout donné. Je me suis demandé comment il faisait ! Car chanter c’est encore autre chose que de jouer de la guitare. Notre batteur s’est presque évanoui à cause de la chaleur. Des gens dans le public tombaient dans les pommes. Mais lui, pas de problème, il était à fond !

Votre tout premier concert en tant que Vandenberg en trente-six ans était en novembre 2021 au Planet Rockstock. Comment c’était ? D’autant que tu avais toi-même pas joué live depuis longtemps…

C’était très excitant ! Ça s’est beaucoup mieux passé que ce qu’on aurait imaginé. C’était presque comme si nous étions de jeunes chevaux qui avaient été enfermés dans leur écurie tout l’hiver. Puis l’été arrivé, les portes s’ouvrent et ils repartent galoper dans les prés. C’est le sentiment que ça nous a procuré. C’était un très bon concert. Nous avons nous-mêmes été très surpris, parce que nous n’avions jamais joué ensemble. Nous n’avons fait qu’une seule répétition avec Mats, et j’en ai fait deux ou trois avec Koen [Herfst] et Randy [van der Elsen], et c’est tout. Je ne fais jamais plus de répétitions que nécessaire avec un groupe, car sinon, selon moi, les concerts peuvent devenir un peu trop propres et rodés, et on risque là encore de passer en pilote automatique. Bref, je n’aime pas trop répéter. J’aime les concerts, et les répétitions doivent juste permettre de les faire. Il y a donc toujours une part de danger et c’est ce que j’aime.

« On évolue en tant qu’être humain, donc je compose de la musique différente. C’est un petit peu plus agressif parce que l’époque est un peu plus agressive. En ce sens, je ne nous considère pas du tout comme un groupe nostalgique. »

Vous revenez donc avec un nouvel album intitulé Sin. Evidemment, Mats Levén sonne comme lui-même, mais c’est drôle comme il a parfois des intonations à la David Coverdale, surtout au début de la première chanson « Thunder And Lightning », sur « Hit The Ground Running » ou même le morceau éponyme. C’est parfaitement en phase avec ton riffing qui rappelle aussi ton passage au sein de Whitesnake. Est-ce que son chant t’a poussé à aller encore plus loin dans cette direction ?

Je compose toujours ma musique en ayant en tête le chanteur avec lequel je travaille. Je savais ce dont Mats était capable. A la fois, d’autres gens ont mentionné ce côté Whitesnake, ce qui est logique car j’ai fait partie de ce groupe pendant treize ans. De même, probablement plus important encore, quand David m’a initialement demandé d’intégrer Whitesnake, nous avons beaucoup discuté de musique et de nos influences respectives. Il se trouve que David et moi avons des influences musicales très similaires, comme Led Zeppelin, Free, Bad Company, le vieux blues, évidemment Deep Purple et Rainbow, etc. Au tout début, David a dit qu’il trouvait qu’un certain nombre de chansons sur les albums de Vandenberg auraient pu être des chansons de Whitesnake et vice versa. C’est donc parfaitement logique qu’ensemble, nous composions des choses analogues à ce que nous composons séparément. Pour moi, des chansons comme « Your Love Is In Vain » et « Wait » sur le premier album de Vandenberg auraient pu être des chansons de Whitesnake. Quand je compose naturellement de la musique et que j’ai un chanteur qui a le timbre de gars comme Mats et Coverdale, il y aura toujours des références croisées. C’est bien, parce que c’est naturel. C’aurait été très bizarre, vu le temps que j’ai passé au sein de Whitesnake, que je fasse quelque chose de complètement différent. Ça aurait voulu dire qu’un des deux groupes n’était pas motivé par ma passion. Or c’est le genre de musique que j’ai toujours adoré et composé. Même le tout premier groupe que j’ai fondé et avec lequel j’ai enregistré un album quand j’avais vingt ans, qui s’appelait Teaser, ressemblait aussi beaucoup à du vieux Whitesnake. C’est juste le genre de musique que j’aime et que j’écris.

Je dois aussi dire que je me suis rendu compte plus tard, une fois la chanson « Sin » terminée, qu’elle aurait pu être sur l’album Slip Of The Tongue et qu’elle me permettait de montrer comment cet album aurait sonné si j’avais pu jouer dessus – car je n’ai pas pu jouer sur Slip Of The Tongue à cause de ma blessure au poignet à l’époque. Il y a donc probablement des éléments de Whitesnake dans la chanson « Sin » parce qu’il y a des similarités dans mon écriture, car j’avais composé cet album, c’est logique.

Comment c’était de travailler avec Mats sur ces nouvelles chansons ? Y avait-il une synergie entre vous ?

Oui, absolument ! C’était la seule et unique fois – après et avant Whitesnake – car j’ai écrit seul tous les vieux morceaux, y compris les paroles. Là, c’était la première fois depuis ma collaboration avec David que je travaillais avec le chanteur sur les mélodies de chant, les textes et les arrangements des chansons. Le chant de Mats m’a beaucoup inspiré à creuser profondément dans mon expression. Je crois que je joue de manière plus agressive sur cet album que sur aucun autre album de Vandenberg, et c’est super car ça correspond à la façon dont Mats chante. On veut s’influencer mutuellement, on veut se réunir et voir où ça va, car c’est ça l’aventure avec ce genre d’album et quand on travaille avec de très bons musiciens. Car Koen et Randy sont l’une des sections rythmiques les plus solides qu’on puisse espérer en tant que musicien ; ils posent des fondations en béton armé pour l’édifice musical qu’on essaye de construire. C’est donc un groupe de gars très inspirants !

L’album 2020 avait un artwork qui faisait écho à celui du premier album de Vandenberg, et désormais on retrouve les requins présents sur Heading For A Storm, le second album. Était-ce intentionnel ? Doit-on s’attendre à voir un crocodile sur le suivant ?

Je ne sais pas pour le crocodile, mais tu as raison ! Avec l’album 2020, je me suis dit que c’était bien de réintroduire le logo un peu retouché, un peu usé. J’avais dessiné le premier logo sur le premier album de Vandenberg au crayon, même s’il a l’air d’avoir été fait à l’aérographe, mais je me suis dit que ce serait super de reprendre le fil rouge, pour ainsi dire, de ces peintures à l’huile que j’avais faites pour les albums de Vandenberg. Je me suis dit que personne ne savait vers quelle destination volaient ces requins au-dessus de cette autoroute, car ils se dirigeaient vers nous. Alors j’ai pensé que j’allais les amener à New York, qui est évidemment la ville du péché mais qu’on appelle aussi la Grande Pomme, or jusqu’à mes quatorze ans, j’ai dû aller à l’église avec mes parents et tout, donc je connais la Bible, et j’ai trouvé que le lien avec le péché originel, le serpent et la pomme était super – on le retrouve aussi dans la vidéo de la chanson « Sin », avec le serpent blanc au début qui est un clin d’œil. Je me suis dit qu’avec le serpent, la pomme, le péché originel, New York la ville du péché surnommée la Grande Pomme, ce serait super de voir les requins voler dans la ville et ensuite y créer le chaos.

« Quand je peins, je compose avec des couleurs ; quand je fais de la musique, je compose avec des sons ; quand je fais la cuisine, je compose avec des saveurs. Pour moi, tout ça est très similaire. »

Verrais-tu des parallèles même musicaux entre ces deux albums, le nouveau et Heading For A Storm ?

Oui ! Il y a des gens qui disent que, même si j’appelle aujourd’hui ce groupe Vandenberg, la musique est très différente, mais je réponds que non. A l’époque, tel était le genre de musique que j’ai essayé de faire avec l’expérience que j’avais à ce moment-là – on parle d’il y a quarante ans. Evidemment, avec le temps, on change en tant que musicien et qu’être humain, et le monde a changé. Au début des années 80, tout allait bien, la paix était partout – enfin, pas au Moyen-Orient –, c’était une époque très joyeuse. Comme on dit aux Pays-Bas : les arbres poussaient droit vers les cieux. C’est pourquoi le rock des années 80 est très enjoué, comme Van Halen, Mötley Crüe, Bon Jovi, Def Leppard, Whitesnake, etc. Tout ça, c’était du stadium rock qui faisait du bien. Aujourd’hui, le monde est un peu différent, plus agressif, et en tant qu’artiste, tu suis le pouls de l’époque. Je ne le laisse pas m’influencer consciemment, mais ça m’influence probablement de manière inconsciente. Je me suis rendu compte que je jouais de façon un peu plus agressive et que la musique était devenue un peu plus agressive. Le son de l’album est très rentre-dedans, très direct. Mais je pense qu’il y a plein de liens. Une chanson comme « Walking On Water » aurait pu être sur le second album de Vandenberg. Les chansons au tempo plus rapide, comme « Thunder And Lightning », auraient pu être sur les premiers albums de Vandenberg mais aussi sur un album de Whitesnake, car il y a toutes les similarités dont nous avons parlé.

En regardant les artworks de Vandenberg, on a des requins et un crocodile, deux espèces animales très féroces. Penses-tu que ça représente la façon dont tu vois ta musique voire le hard rock en général ? Crois-tu que le hard rock a besoin d’un côté bestial ou, en tout cas, instinctif pour être du hard rock ?

Oui ! La toute première pochette d’album que j’ai peinte était pour cet album de Teaser dont j’ai parlé plus tôt, quand j’avais vingt ou vingt et un ans. J’étais encore à l’université à étudier l’art. J’ai peint une sorte de reptile, dans le même style à la peinture à l’huile. J’ai donc très tôt commencé dans cette veine. J’ai toujours eu cette association avec les animaux – des tigres, des serpents, des crocodiles, des requins, etc. – comme représentation d’une forme d’énergie, de dynamisme, d’agressivité pour véhiculer un certain punch. Mais c’est intéressant que tu le mentionnes, car je n’y avais jamais consciemment réfléchi, c’était plus intuitif.

Et est-ce que cette musique fait ressortir l’animal en toi ?

Oui ! Car dans la vie de tous les jours, je suis quelqu’un de très relax. Je profite de la vie, je suis heureux et je suis un grand optimiste, un gars très positif. Sur scène, tu te laisses emporter en jouant du rock et par l’échange d’énergie avec le public, donc je crois que j’apparais un peu différent, je n’en suis pas sûr mais c’est ce que ma mère m’a dit. Elle est venue me voir jouer avec Whitesnake une fois et elle a été un peu choquée par mon comportement sur scène. Elle était là : « Qu’est-ce qui s’est passé ?! » J’étais là : « Je ne sais pas, maman ! » Ça prend le contrôle de ton corps et tu fais ce que tu ressens.

L’album s’intitule donc Sin (Péché, NdT). Te considères-tu donc comme un pécheur ?

Pas au sens large, non. J’ai opté pour ce titre parce que c’est un mot très intéressant. Ce sont trois lettres et ça peut se référer aussi bien au fait de voler un biscuit dans la boîte à biscuits de sa maman quand on est enfant qu’à un meurtre de masse et à tout ce qu’il y a entre les deux. Par exemple, les petits mensonges avec son mari ou son épouse : « Non, je ne regardais pas cette femme, je regardais l’église derrière ! » Ces petites conneries sont aussi considérées comme des péchés, parce que c’est un mensonge et on n’est pas censé mentir. Personnellement, je ne me considère pas comme un pécheur, mais je sais que, bien sûr, il arrive qu’on se retrouve dans une situation où on peut être tenté de commettre un petit péché ou de prononcer un petit mensonge pour ne pas blesser une personne quand ce n’est pas nécessaire de la blesser. Par exemple, quand une femme vient te voir et te demande : « Tu trouves aussi que je suis grosse ? » Tu réponds : « Non, non, tu as de belles courbes… » Alors que tu penses : « Bordel, elle est grosse ! » Tout le monde a ses petits mensonges et péchés sans conséquence, ce n’est pas un souci, c’est la nature humaine. La différence principale, selon moi, entre les humains et les animaux, c’est que ces derniers ne peuvent pas mentir, de ce que j’en sais. Les gens peuvent mentir, donc ils peuvent pécher.

« J’adore aller diner au restaurant et voir ce qu’un bon chef créé avec des ingrédients que tout le monde peut utiliser. C’est comme la bonne musique : tout le monde peut acheter une Gibson Les Paul et jouer quelques accords, mais ce ne sera jamais comme lorsque Eddie Van Halen ou Angus Young jouent sur la même guitare. »

Quel serait le plus grand péché que tu aurais à confesser ?

Si j’avais commis un meurtre, je pense que ç’aurait été mon plus grand crime. Heureusement, je ne l’ai pas fait ! Mon plus gros péché… Je ne sais pas. Je ne crois pas avoir commis de très gros péchés. Ça n’a été que des petites choses, de petits mensonges pour ne pas blesser quelqu’un comme je viens d’en parler. Quand j’étais gamin, il y avait de petits péchés comme sécher l’école parce que je voulais répéter avec mon groupe. Il y avait le fait de penser à d’autres femmes quand je n’étais pas censé le faire. Je n’ai donc jamais commis de gros péché, mais il n’y a jamais de garanties [rires].

L’idée du péché est souvent associée au rock n’ roll en général, peut-être dans le sens de liberté. Penses-tu que ce mot définit cette musique, c’est-à-dire le fait de prendre la liberté de faire tout ce qui peut être considéré comme un péché selon les règles ou la religion d’autres personnes ?

Oui, absolument ! Tu as raison. Je n’y avais pas pensé sous cet angle, mais tu as raison. Car il y a des gens très conservateurs, surtout aux Etats-Unis, qui croient que c’est la musique de Satan. Ils voient ça comme un péché quand on chante à propos du sexe, de la mort ou d’autres choses qui ne sont pas relatives à Dieu. Il y a beaucoup de choses qui sont considérées comme des péchés dans le rock n’ roll, comme la drogue, le fait de tromper son ou sa partenaire, les orgies sexuelles, les comportements en backstage, etc. Tout ça est lié au rock n’ roll. A la fois, j’ai pleinement conscience que ça se produit dans tous types de business. Par exemple, les avocats : je connais des cabinets d’avocats à Amsterdam où tous les cinq jours, il y a des gens qui ont des relations sexuelles dans leur bureau, même s’ils sont mariés à côté, et qui font un tas de trucs. Les gens partent du principe que ça n’arrive que dans le rock n’ roll, mais ça arrive partout. Je suppose que c’est simplement dans la nature humaine de parfois se laisser aller, et peut-être qu’on a raison de le faire, parce qu’au final, ce sont des règles qui ont été établies autrefois par l’Eglise et certaines personnes. L’Eglise était sur le dos des gens en leur promettant qu’ils iraient en enfer s’il faisait ci ou s’ils ne priaient pas, etc. Mais les choses ont changé ces dernières décennies, heureusement. Mais oui, c’est facile pour les gens de dire que tous les péchés sont dans le rock n’ roll, alors qu’ils sont partout.

Tu as déclaré que le mot « péché » méritait une chanson puissante, heavy et épique pour lui rendre justice. Est-ce que ça veut dire que cette chanson a été musicalement taillée, spécifiquement, pour illustrer ce mot ?

Oui, ça allait main dans la main, car j’ai eu des idées de paroles pour le refrain et l’intro, que j’ai transmises à Mats, et il a fait des couplets qui allait bien avec mes mots et le sens de la chanson. J’avais déjà des parties musicales et, ensemble, nous avons arrangé le tout. Nous n’avons pas pu raccourcir le morceau en dessous de sept minutes. C’est devenu une chanson épique, presque comme un film. Elle t’installe au début et ne te lâche pas. Je continue à l’écouter au casque et je me dis : « Merde, comment on a fait ça ?! » C’est extraordinaire la façon dont ce type de processus se déroule.

A propos du premier single « House On Fire », tu as dit qu’il parlait d’« une personne frustrée par ce que les autres possèdent. Elle ne peut contrôler sa colère et met le feu là où elle se trouve ». Penses-tu que l’une des vertus de la musique peut-être de nous aider à contrôler nos émotions, comme la frustration et la colère ? Est-ce que c’est ce qu’elle fait avec toi ? Par exemple, quand tu te sens mal, tu évacues tes sentiments dans la musique ou tu prends une guitare ?

Oui, absolument ! Là où on peut probablement le voir le plus, c’est dans le metal. Le genre de rock que je fais et d’où je viens est loin d’être aussi agressif que des groupes de metal vraiment heavy. Il y a beaucoup d’agressivité dans ce genre musical et au fil des années, j’ai rencontré énormément de gens qui font ce type de musique, et la plupart sont des personnes très gentilles qui ont le contrôle de leurs émotions. Je pense que ça a toujours été le cas, y compris dans des musiques qui sont aujourd’hui considérées comme étant très innocentes, que ce soit les Beatles, Elvis Presley, etc. Il y avait une agressivité contrôlée là-dedans. De ce que j’en sais, tout ceci vient à l’origine des débuts du blues, de la frustration des gens de couleur qui étaient réprimés et travaillaient dans les champs de coton. Ils trouvaient une forme de libération dans le fait de jouer et d’écouter du blues. Quand ça a été récupéré par les Britanniques et qu’un aspect rock y a été rajouté au début des années 60, ça a fini par évoluer et donner des groupes comme Led Zeppelin, puis ce que l’on connaît aujourd’hui. Il y aura toujours des gens qui emmèneront ça plus loin. Par exemple, l’album 1987 de Whitesnake était considéré comme un album vraiment heavy à l’époque. Quand on l’entend aujourd’hui, presque quarante ans plus tard, on ne le trouve pas si agressif que ça ; quand tu écoutes Five Finger Death Punch, c’est bien plus agressif et heavy. Comme dans le sport, chaque génération reprend le flambeau pour voir jusqu’où elle peut aller.

« Il s’agit toujours de creuser dans son âme en essayant d’ouvrir des portes dont on ne connaissait pas l’existence, et certains vins, certaines nourritures, la musique et l’art peuvent faire ça pour soi. »

Tu as déclaré : « Nous ne sommes pas du tout un groupe nostalgique qui essaye de récréer ce qui s’est passé des années en arrière. Ceci est un groupe avec une toute nouvelle dynamique, avec un nom ayant un héritage. » As-tu eu peur que les gens voient Vandenberg comme un groupe nostalgique ?

Je n’ai pas eu peur parce que je suis très fier de mon passé, mais j’aime montrer que nous ne jouons pas exactement la même chose qu’il y a quarante ans. Si j’avais su que j’allais être capable aujourd’hui de faire un album de cette qualité, j’aurais eu constamment la banane pendant ces quarante dernières années – ce qui, de toute façon, était déjà le cas [petits rires]. Ça a commencé avec l’album 2020, j’en était vraiment fier, j’étais très content d’avoir l’occasion de créer ce type de musique avec des musiciens d’une telle qualité. Maintenant, je trouve que, selon mes standards, nous sommes allés un peu plus loin avec un chanteur comme Mats, dans la façon dont nous avons évolué en tant que groupe. En toute modestie, cet album peut qualitativement rivaliser avec n’importe quoi dans ce domaine. Il ne déçoit pas. On peut l’écouter à la suite, par exemple, de mes albums préférés de Rainbow, Whitesnake ou Led Zeppelin, et il ne déçoit pas, selon moi. J’espère que les gens le penseront également. D’un autre côté, tout ce qu’on peut faire en tant que musicien et artiste est de donner tout ce qu’on a et voir si ça se rapproche de ce qu’on entend dans sa tête. Cet album est très proche de ce que j’avais en tête et j’en suis très content.

D’un autre côté, étant donné le succès des groupes dits « héritages », des tournées anniversaires, et de tous les mouvements rétro, les groupes nostalgiques ne sont-ils pas ce qu’une grande partie des fans de rock recherchent aujourd’hui ?

Tu as raison. Je ne crois pas qu’il y ait quoi que ce soit de mal à ça. Il y a évidemment deux facettes de la nostalgie – c’est un autre mot ayant une large signification. J’ai vu quelques-uns de ces groupes qui ne jouent que leurs chansons datant de quarante ans en arrière… Ce que je voulais dire par cette déclaration est que nous créons encore de la nouvelle musique, sur la base que j’ai posée en 1982, mais en essayant de l’emmener plus loin, de lui donner une nouvelle dynamique et de l’exprimer de nouvelles manières. Quand je vois des groupes jouer ce qu’ils jouaient il y a quarante ans sans la flamme qu’ils avaient à l’époque, et sans rien apporter de neuf, sans nouveau morceau en phase avec leur manière de jouer actuelle, pour moi c’est de la pure nostalgie. Je joue très différemment aujourd’hui qu’à l’époque. On évolue en tant qu’être humain, donc je compose de la musique différente. C’est un petit peu plus agressif parce que l’époque est un peu plus agressive. En ce sens, je ne nous considère pas du tout comme un groupe nostalgique. Même les vieilles chansons que nous continuons à jouer dans le set sont jouées différemment parce que Mats chante différemment et que je joue différemment, même si j’essaye de rester assez fidèle à la façon dont je les jouais à l’origine parce que je veux que ça puisse parler aux gens. A chaque fois que je suis allé à un concert d’un groupe que j’adore et qu’ils jouaient de vieux morceaux avec une approche complètement différente, j’étais un petit peu déçu. Par exemple, quand je vais à un concert des Black Crowes, je veux voir les chansons du premier album jouées d’une façon très semblable à celle dont ils les jouaient dans le temps. Pas exactement pareil, mais je pense qu’il faut que l’arrangement soit assez proche, à mon sens – j’imagine que c’est différent pour tout le monde. J’essaye d’éviter de faire de Vandenberg un groupe nostalgique, et c’est pour cette raison que nous ne jouons qu’une certaine quantité de vieilles chansons et de chansons de Whitesnake, et un bon pourcentage de nouvelles chansons pour que ça reste frais.

Au-delà de la musique, tu es donc aussi un peintre, et tu as déclaré que pour toi, « la musique, c’est vraiment comme une peinture ». Penses-tu que ces deux formes d’art différentes ont plus en commun que les gens ne l’imaginent ?

Oui, je suis d’accord. J’adore cuisiner aussi, j’ai plusieurs amis chefs étoilés au Michelin, et pour moi, c’est pareil. Ça puise dans la même source. Quand je peins, je compose avec des couleurs ; quand je fais de la musique, je compose avec des sons ; quand je fais la cuisine, je compose avec des saveurs. Pour moi, tout ça est très similaire, même si, comme tu l’as dit, pour la plupart des gens c’est très différent, mais je peux leur dire que c’est comparable. J’admire beaucoup les grands chefs, j’adore aller dîner au restaurant et voir ce qu’un bon chef crée avec des ingrédients que tout le monde peut utiliser. C’est comme la bonne musique : tout le monde peut acheter une Gibson Les Paul et jouer quelques accords, mais ce ne sera jamais comme lorsque Eddie Van Halen ou Angus Young jouent sur la même guitare. C’est aussi comme un écrivain ou un poète : on utilise tous à peu près les mêmes mots, mais lui les met dans un certain ordre et le résultat est sublime, ça touche notre âme. C’est de l’art et de l’expression, et tout dépend de ce que qu’on fait avec les ingrédients qu’on nous donne et qu’on peut utiliser.

« Je ne prends pas de drogue dure, de cocaïne ou quoi que ce soit, ça ne m’attire pas du tout. Il m’est juste arrivé occasionnellement de fumer un joint quand des amis en fumaient, et je me suis dit : ‘Ok, intéressant. Ça agit vraiment sur l’esprit.’ Autrement, le bon vin m’inspire suffisamment. Dès que je suis en France, je suis inspiré pour écrire des chansons. »

Vu que tu as la peinture et la musique dans ta vie, est-ce que les deux servent des buts différents pour toi ? Y a-t-il des moments plus propices à la peinture et d’autres plus à la musique ?

Oui. Depuis que je suis gamin, je peux me poser et dessiner et peindre pendant plusieurs jours d’affilée, et tout d’un coup, je suis traversé par un sentiment que j’ai envie d’exprimer à la guitare ou au piano, car je ne trouve pas le moyen de l’exprimer sur une toile ou du papier. C’est très abstrait. Encore une fois, on peut comparer ça à un très bon chef, quand tu manges un très bon plat, comme un coq au vin. J’ai goûté beaucoup de coqs au vin, notamment deux ou trois en Bourgogne qui m’ont fait dire que ça venait purement du cœur, car ça te touche profondément et ça t’inspire.

C’est pareil avec le vin. J’adore les grands vins. Je ne bois pas beaucoup, mais quand c’est le cas, je bois de très bons vins, généralement français bien sûr, comme un grand bourgogne blanc ou un bordeaux grand cru classé. Il suffit de voir l’histoire et les liens qu’il y a entre les peintres, musiciens, écrivains, poètes, et les grands vins. Il y a trois ou quatre siècles, les rois de France envoyaient leurs serviteurs dans les mêmes régions de Bourgogne et du Bordelais pour ramener les mêmes vins qui sont toujours considérés comme étant parmi les meilleurs. Tout est une question de terroir, comment les vignes sont cultivées, etc. Au fil des siècles, ça a inspiré des gens, ça leur a ouvert des portes dans leur esprit, de la même manière que beaucoup de musiciens ont utilisé de la drogue ou que Vincent Van Gogh a été inspiré en buvant de l’absinthe – ça a ouvert des portes dans son esprit, l’inspirant à travailler avec des combinaisons de couleurs que d’autres ne faisaient pas. Les Beatles ont révélé après coup que Sgt. Pepper était très lié à la drogue qu’ils ont consommée à l’époque ; des choses se sont passées dans leurs esprit, auxquelles ils n’auraient pas pensé en temps normal, s’ils avaient juste mangé du fish and ships en buvant de la bière chaude comme c’est courant en Angleterre [rires].

Il s’agit toujours de creuser dans son âme en essayant d’ouvrir des portes dont on ne connaissait pas l’existence, et certains vins, certaines nourritures, la musique et l’art peuvent faire ça pour soi quand on y est ouvert. Par exemple, l’année dernière, à Toulouse, je suis allé à l’expérience Vincent Van Gogh. Je la recommande chaudement. Même quand on ne s’intéresse pas vraiment à la peinture ou à Vincent Van Gogh, on y va, on se pose et on se fait aspirer par les combinaisons de couleurs, de paysages, de dynamiques, etc. C’est extraordinaire. J’ai vraiment envie d’y retourner deux ou trois fois, voire plus, rien que pour me poser là-bas, peut-être en fumant un joint avant d’y aller, pour ouvrir encore plus de portes dans mon esprit. Je ne prends pas de drogue dure, de cocaïne ou quoi que ce soit, ça ne m’attire pas du tout. Il m’est juste arrivé occasionnellement de fumer un joint quand des amis en fumaient, et je me suis dit : « Ok, intéressant. Ça agit vraiment sur l’esprit. » Autrement, le bon vin m’inspire suffisamment. Dès que je suis en France, je suis inspiré pour écrire des chansons. J’ai écrit le second album de Moonkings, l’album 2020 et pratiquement tout l’album Sin ici, en France. Je me pose, je regarde dehors, personne ne me dérange, j’ai ma guitare à portée de main, j’enregistre sur mon iPad ou mon iPhone, je prends un bon vin – dans la région de Cahors où je suis, c’est du malbec bien sûr – et plein d’idées me viennent. La vie est belle !

Penses-tu que, comme un bon vin, la peinture et la musique se bonifient avec le temps ?

Oui. Je pense que c’est l’un des grands avantages quand on vieillit. J’ai commencé à boire de l’alcool à la fin de ma vingtaine. Tous mes amis buvaient de la bière, or je trouvais la bière ennuyeuse – et c’est toujours le cas. Je bois un verre quand j’ai très soif et je me dis que c’est sympa, mais ça s’arrête là, je ne trouve pas ça intéressant. J’ai donc toujours préféré le vin à partir du moment où j’ai commencé à boire. Mais la combinaison de tout ça permet à son esprit de rester ouvert aux apports extérieurs et ça enrichit la vie. Je suis content que ce genre d’apport augmente avec l’âge, tout le monde le constatera. Je me souviens quand mes parents nous ont emmenés, ma sœur et moi, en France, nous avions huit ou neuf ans. Nous allions dîner quelque part. Quand mes parents commandaient des escargots, des huîtres ou du coq au vin, nous disions que nous voulions de la pizza ou des frites. Mais avec l’âgé, on apprend à aimer des plats plus élaborés et on développe son sens gustatif. Quand je suis en France, je cherche toujours à découvrir un nouveau bistro, restaurant ou autre, et je vois comment le chef cuisine ce que j’aime – j’aime à peu près tout, le poisson, la volaille, le bœuf… On apprécie quand le chef est très bon et ça inspire ! Et quand quelqu’un ouvre une bouteille de très bon vin, bien fait, authentique… Il y a des vignerons vraiment authentiques qui font du très bon vin dans la région où je me trouve, on a vraiment le goût du terroir. C’est une source constante d’inspiration et c’est très lié à l’âge.

En termes de peinture, quels ont été tes maîtres ?

Mes maîtres, ça va de Rembrandt, Frans Hals, Vermeer, aux peintres paysagistes anglais, à Van Gogh, à Appel. Il y a aussi des peintres modernes comme Willem de Kooning. Salvador Dali a été une grande influence pour moi quand j’étudiais l’art à l’université. Le genre de peinture que j’ai fait sur cet album et les autres a été en grande partie inspiré par Salvador Dali et d’autres peintres surréalistes. Mais ce sont surtout les maîtres belges et néerlandais qui m’ont marqué quand j’étais gamin. J’étais très impressionné par leur savoir-faire. Quand on regarde la peinture de très près, les coups de pinceaux sont très précis, et quand on prend de la distance, ça devient vraiment réaliste, on est épaté. Et ces gars n’étaient pas vieux. Généralement, ils dépassaient rarement les quarante-cinq ans, donc ils étaient déjà géniaux quand ils avaient la vingtaine.

Qu’est-ce qui t’est venu en premier : la musique ou la peinture ?

Les deux sont venus en même temps. Mes parents m’ont dit que quand j’étais enfant, soit j’étais assis derrière le piano – j’ai commencé à jouer un peu de piano avant de jouer de la guitare –, soit je peignais pendant des heures, notamment le dimanche, des cartoons, des paysages dans un style classique, etc. Quand j’étais au téléphone ou en salle de classe à l’école, je faisais toujours de petits dessins, sans vraiment écouter ce qui se disait, j’étais dans mon petit monde imaginaire. J’avais hâte que la journée d’école se termine pour faire ce que je voulais vraiment faire, c’est-à-dire de la musique et de la peinture… et de la cuisine, bien sûr ! J’ai aussi commencé tôt la cuisine.

C’est tout pour moi, je te remercie d’avoir pris le temps de nous parler !

Merci à toi. C’était une chouette conversation. Tes questions étaient très originales et inhabituelles. J’adore parler de ce genre de choses qui rendent la vie belle. Où habites-tu ?

A Lyon !

La capitale culinaire de la France ! Ma première petite amie française était lyonnaise. Son père avait un hôtel. Elle était belle et très timide. J’avais environ dix-neuf ans, je crois. Elle s’appelait Christine. J’espère qu’elle lira l’interview ! [Rires]

Interview réalisée par téléphone le 25 juillet 2023 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Neil A. Lim Sang (1, 4, 8) & HP van Velthoven (2, 3, 7).

Site officiel de Vandenberg : vandenbergband.com



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