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Chronique   

Bukowski – Cold Lava


Bukowski verse un nouveau jerrican de fuel dans la machine. Rudement éprouvé par la disparition de Julien Dottel, bassiste et membre fondateur, le groupe a fait le choix de continuer à avancer. L’album éponyme avait été enregistré avant cet événement tragique, et aura aidé les musiciens à faire leur deuil. Cold Lava est pour sa part l’album de la résilience, un septième disque par lequel le groupe se reconnecte à ses racines.

S’il s’est toujours positionné en solide artisan d’un heavy rock’n’roll qui tape du pied, Bukoswki s’était laissé porter au cours des dernières années vers des structures plus alambiquées, voire quelques expérimentations ci et là. Rien qui ne trahisse fondamentalement son ADN initial, mais quelques petites touches qui auront pu rendre sa musique légèrement moins directe. Avec Cold Lava, le groupe revient à l’essentiel, sans superflu ni circonvolutions. Il fonce droit, tête baissée, bouillonnant de feeling et de gimmicks irrésistibles. Parfaitement calibré et agencé, le disque exhale une authenticité rock vibrante et entraînante (le redoutable « Isolation », « Communication in Silence » ou le cri de colère « Criminals »). Les morceaux sont concis et ultra efficaces, dopés par des refrains aussi soignés qu’écorchés. Bukowski renoue certes avec une certaine forme de fougue originelle, tout en profitant de son expérience pour soigner ses contrastes et ambiances. Si Cold Lava regorge de bons morceaux aux tempos expéditifs, le groupe conserve tout son doigté lorsqu’il s’agit de faire redescendre la tension et de s’orienter vers des ballades pétries d’émotions (« Howls », « Cold Lava »). Matthieu Dottel y fait état de toute sa polyvalence, signant avec ce disque une ribambelle de lignes de chant à fleur de peau. Le frontman semble constamment sur la brèche, à quelques pas de sombrer. Il parvient pourtant à insuffler dans son chant un espoir palpable et réconfortant. Cold Lava est un pur disque de rock. Accessible sans être simpliste, il sonne vrai et tape en plein cœur. Aucun doute possible : Bukowski est plus vivant que jamais.

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Live Report   

Paradise Lost : quand le gothique rayonne


Paradise Lost a trente-sept ans et dix-sept albums au compteur. Ce groupe est le précurseur du metal gothique, inventant une formule qu’il n’a de cesse de bonifier avec le temps. En live, les cinq membres ne sont certes pas des plus spectaculaires, mais ils font preuve d’une grande constance dans l’interprétation.

Ils tournent en Europe cette fin d’année pour promouvoir leur dernier album Ascension. Acclamé par la critique, il s’agit d’un recueil de dix titres qui maintient le groupe au pinacle du genre. Quel est le secret du quintette pour se maintenir au sommet ? Comment vont-ils résumer une si longue carrière en une soirée ? Paradise Lost a-t-il encore la foi ? Son public a-t-il conservé sa ferveur ? Plongeons dans l’ambiance de ce 21 octobre 2025 à la Rayonne de Villeurbanne pour le découvrir, avec Lacrimas Profundere et Messa qui ont ouvert un bal à la teinte résolument gothique.

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Chronique   

Destruction Ritual – Providence


Même si Providence est le premier album de Destruction Ritual, ses membres sont loin d’en être à leur coup d’essai. C’est en effet TerrorReign (Necroblood), un certain Arafel, et MkM (Antaeus, Aosoth), avec son camarade Blastum (Antaeus, Merrimack) en renfort à la batterie, que l’on trouve aux manettes de ce groupe franco-américain, dont la première démo sortie en été 2021 augurait le meilleur. Fort de ces débuts solides et maîtrisés, Destruction Ritual continue dans la même lignée avec Providence, qui reprend là où la cassette s’arrêtait, c’est-à-dire dans la bile, le sang, et à deux doigts de la crise d’hystérie.

Car Destruction Ritual a les nerfs à vif : sans fioritures, ses morceaux sont bruts, servis par une production organique qui use avec parcimonie des ficelles habituelles du metal extrême (distorsion, delay, etc.). Au fil de morceaux assez longs, l’intensité et l’atmosphère viennent d’ailleurs. La batterie est vivante et nerveuse, la basse pulse, les guitares s’entrecroisent et étourdissent, expressives tant dans les arpèges menaçants que dans les longs solos habités (« Pride & Corrupted Dreams », « Washed Away Sins »). De tout cela émergent des voix paradoxalement moins humaines que la musique, à commencer par celle, comme toujours gutturale, presque d’outre-tombe, de MkM, mais aussi celles de samples méticuleusement intégrés à partir du lent et malsain « Gone Days Of Splendor ». La continuité avec la démo est établie par la réutilisation de longs passages de l’inoubliable scène de fausse couche/crise de nerfs de Possession d’Andrzej Żuławski, dont l’héroïne a sans doute inspiré la pochette. « J’ai peur de moi car je suis la créatrice de mon propre mal », l’entend-on dire dans le bien nommé « Closure », qui ferme l’album : c’est bien de ça qu’il s’agit avec Providence. Écorchage en règle, anéantissement programmé, ce premier album galvanise un genre pourtant largement arpenté – le black orthodoxe mêlé de death – en préférant les tripes et les respirations aux machines et à la saturation.

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Interview   

Les mille et une légendes de Sabaton


Sabaton change de cap. Après deux albums profondément ancrés dans la Première Guerre mondiale, nos chers Suédois férus d’histoire s’attaquent cette fois-ci à un territoire plus vaste : les légendes historiques. Avec Legends, Sabaton explore des personnages emblématiques allant de Jules César à Vlad III l’Empaleur, de la France à l’Égypte antique, mêlant récits dramatiques et histoires glorieuses parfois méconnues. Cette nouvelle ère s’accompagne du retour de Thobbe Englund à la guitare suite au départ de son prédécesseur – et successeur – Tommy Johansson, un retour après huit ans loin des pantalons camo ouvrant la voie à un souffle créatif renouvelé. Décidant de se détacher un peu des conflits armés modernes, Sabaton élargit son horizon tout en conservant sa puissance et son engouement caractéristiques.

Pour mieux comprendre ce tournant, nous avons rencontré Joakim Brodén, chanteur à la voix si spécifique et principal compositeur du groupe, et le revenant Thobbe. Dans cet entretien, ils reviennent sur la genèse de l’album, la place de l’ambition et des légendes dans l’histoire, la production hors du commun que le groupe a prévue pour la tournée à venir, mais aussi leur vision des conflits mondiaux actuels et des tabous de guerre. Passion évidente pour l’histoire, goût du spectacle, et engagement artistique : autant de thèmes qu’ils explorent avec franchise, enthousiasme et une pointe d’humour, offrant un éclairage unique sur l’évolution de Sabaton en ce dernier trimestre de 2025 et sur ce qui fait la force de cette nouvelle ère musicale.

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Chronique   

Bent Sea – The Dormant Ruin


Avec son casting de choix aux allures de super groupe – Dirk Verbeuren (Megadeth, Scarve, ex-Soilwork), Sven de Caluwé (Aborted), Shane Embury (Napalm Death, Lock Up) – et sa flopée de splits et d’EP prometteurs, Bent Sea a de quoi attiser la curiosité. Ça tombe bien : une grosse dizaine d’années après sa formation, le combo sort enfin son premier album, The Dormant Ruin. Conçu depuis le départ comme un hommage aux débuts du grindcore par des musiciens expérimentés (après tout, le titre de sa première sortie, Noistalgia, disait déjà tout), Bent Sea propose avec ce nouvel opus un concentré jubilatoire de musique extrême…

Car même si le bon vieux grind de l’époque où il pataugeait encore dans les mêmes eaux boueuses que le death metal a la part belle, ce premier album propose plus que ça. C’est que le passé n’est jamais révolu, à peine assoupi, et que cette ruine n’a rien d’ensommeillé. Elle est même bouillonnante d’énergie, tordue de dissonance, et étoffée de touches ambient voire industrielles lugubres (« Final Corridor »), de ralentissements méphitiques (« My Fall »), de riffing presque black (« Paragon Of Inhumanity ») ou de solos furieux (« Locked In Glitch »). Par définition pas très novateur, The Dormant Ruin a quelque chose de paradoxalement classique et soigné dans son respect du genre, mais aussi une complexité affûtée, jamais ostentatoire, servie par une production organique. La collection de guests prestigieux et passionnés appelés en renfort – Kevin Sharp (Venomous Concept, Brutal Truth), John Cooke (Venomous Concept, Napalm Death), Sylvain Coudret (Soilwork, Scarve) – parachève l’édifice. Malgré la violence de l’assaut, il s’agit avant tout de se faire plaisir, et celui des musiciens impliqués est contagieux au fil de cette succession de morceaux évidemment brefs mais variés et roboratifs – jusqu’au rendormissement en un long titre ambient, presque évanescent, justement intitulé « The Dormant Ruin ». Gageons que cette fois-ci, le sommeil ne durera pas aussi longtemps…

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CR De Festival    Live Report   

Rock Your Brain Fest 2025 : deux jours d’énergie brute aux Tanzmatten de Sélestat


Vendredi 17 et samedi 18 octobre 2025, les Tanzmatten de Sélestat ont vibré au rythme du Rock Your Brain Fest 2025. Deux journées de concerts intenses, mêlant découvertes locales, têtes d’affiche françaises et internationales, où metal, punk et rock alternatif se sont succédé sans temps mort. Entre sets survoltés, moments de détente acoustique et interactions avec un public toujours plus enthousiaste, le festival a une fois de plus confirmé son statut d’événement incontournable localement. Le festival a également fait la part belle aux artistes locaux en ayant mis en place une scène acoustique en extérieur pour entrecouper les têtes d’affiche de la mainstage.

A noter que la treizième édition du festival est d’ores et déjà annoncée pour les 23 et 24 octobre 2026, avec, à l’affiche, Tagada Jones, Les Ramoneurs De Menhirs, Cachemire, Didier Super, Opium Du Peuple, Los Fastidios, Darcy, Not Scientists, Schlaasss Et Corbillard…

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Chronique   

Moonspell – Opus Diabolicum


Adapter la musique de Moonspell à la sauce orchestrale résonne presque comme une évidence. Le groupe portugais est un pilier indémodable du metal gothique, style originel qu’il a su transcender au fil des années en témoignant d’une créativité aventureuse, et l’approche extrêmement théâtrale de son art s’accorde harmonieusement avec la puissance d’un ensemble symphonique. Comme à leur habitude, les Portugais abordent l’exercice sans jamais sombrer dans la facilité et apportent au travers de cet Opus Diabolicum une vision nouvelle de leur musique.

De nombreux groupes metal se sont risqués à habiller leurs travaux de cordes et de cuivres. La force de Moonspell est probablement de disposer d’un terreau fertile à une collaboration de cette ampleur, le travail conjoint proposé pour ce concert événement évitant avec brio l’écueil de l’ajout anecdotique d’arrière-fond. Moonspell et le Lisbon Sinfonietta Orchestra misent sur une partition symphonique ample et audacieuse. L’orchestre respire littéralement et prend le temps de s’installer le temps d’une introduction longue et sinueuse, qui impose une atmosphère inquiétante inspirée des compositeurs de la Renaissance. Une ambiance qui s’entremêle parfaitement à la noirceur vénéneuse des guitares, épaisses et hypnotiques. Il pourrait, à ce titre, paraître évident de les accompagner majoritairement par la puissance des cuivres, mais le chef Vasco Pearce de Azevedo fait le choix pertinent de laisser s’exprimer la finesse des cordes. Il évite également de multiplier les couches d’arrangements inutiles, respectant les fabuleux contrastes de la musique de Moonspell, et notamment ses passages les plus éthérés (les couplets de « Breathe »). Les décharges épiques gagnent elles en grandiloquence, dynamitées par des superpositions d’harmonies vocales profondes. Moonspell surprend parallèlement en optant pour des morceaux devenus peu courants ces dernières années, projetant notamment le mésestimé album 1755 au premier plan avec quatre extraits. Un superbe témoignage live.

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Interview   

Mammoth : l’héritage sans le poids


Depuis 2021 et la sortie de son premier album, Wolfgang Van Halen poursuit son chemin avec Mammoth, projet qu’il a choisi de construire seul, de la composition à l’enregistrement. Loin de se reposer sur son héritage familial, il s’est imposé en trois albums comme un musicien complet, capable de mêler efficacité rock et sincérité dans l’écriture. Après un deuxième disque paru en 2023, il revient en 2025 avec un troisième qui témoigne d’une évolution naturelle : plus assuré dans son rôle de frontman, plus ouvert à l’expérimentation, il n’hésite pas à explorer des terrains variés, du heavy de « Selfish » aux ambiances plus atmosphériques de « The Spell ».

Enregistré avec son producteur de longue date Michael « Elvis » Baskette, ce nouvel effort confirme la volonté de Wolfgang d’installer Mammoth comme un projet pérenne, loin des comparaisons et des a priori. À travers ces nouvelles compositions, il aborde sans détour ses angoisses, ses doutes, mais aussi sa passion intacte pour la musique. Nous avons échangé avec lui autour de ce disque et de la manière dont il conçoit aujourd’hui son identité artistique.

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Chronique   

Chat Pile / Hayden Pedigo – In The Earth Again


Si ce sont avant tout leurs deux albums, les remarqués God’s Country et Cool World, qui les ont fait connaître, les Américains de Chat Pile sont depuis leurs débuts ouverts aux collaborations, comme le montrent leurs splits avec Nerver et Portrayal Of Guilt. C’est avec un autre Texan, le guitariste Hayden Pedigo, qu’ils ont décidé de pousser cette logique encore plus loin. En effet, In The Earth Again n’est pas un split, mais le résultat des efforts conjugués de ces deux projets aux sonorités éloignées, mais partageant un rapport ambivalent avec l’Amérique rurale dont ils sont originaires, et un amour pour ce que la musique a de plus cinématographique. Grands espaces, villes désolées et société en décomposition sont donc au programme de cet album unique, à la fois parenthèse et ouverture pour tous les musiciens impliqués.

Cinématographique, In The Earth l’est résolument. De l’introduction douce et mélancolique « Outside » à l’intense et dépouillé « A Tear for Lucas », l’americana instrumentale d’Hayden Pedigo, avec son finger-picking traditionnel et son approche anticonformiste, se fond remarquablement bien dans les paysages plus chargés peints par Chat Pile. Protéiforme – les chansons oscillent du très Chat Pile (« Never Say Die! », « Fission/Fusion ») au très Pedigo (« I Got My Own Blunt to Smoke »), atteignant ici et là l’équilibre, voire de véritables moments de grâce (« Behold A Pale Horse ») –, cette collaboration donne lieu à des morceaux variés, inventifs et évocateurs, désespérés parfois, amers ou rêveurs, ponctués d’arpèges délicats et de couches de noise, de l’intermède (« Inside ») à la fresque dystopique (« The Matador »). C’est peut-être le single « Radioactive Dreams » qui illustre le mieux ce que ces deux entités se font l’une à l’autre : la guitare de Pedigo devient liminale, crépusculaire, et la rage de Chat Pile se teinte de beaucoup de vulnérabilité et d’une mélancolie très années 1990. Les musiciens de Chat Pile nous avaient confié qu’ils considéraient leur musique comme une forme – glauque, brute, urbaine – d’americana : aux côtés de l’un des représentants les plus rafraîchissants du style, c’est bien ainsi qu’elle apparaît, envers sombre et désabusé d’un rêve américain qui ne dupe plus grand monde.

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Live Report   

Helloween : La citrouille fête ses 40 ans


Helloween célèbre ses quarante ans de carrière, un anniversaire symbolique pour l’un des groupes fondateurs du heavy speed metal européen. En ce 22 octobre, sur la scène du Zénith de Paris, transformée pour l’occasion en véritable lieu de culte du metal, les rockers allemands ont choisi d’inviter en première partie les Beast In Black, héritiers directs de leur univers épique et mélodique.

Devant quatre mille cinq cents fans, toutes générations confondues, la soirée s’annonce comme un moment de communion électrique entre un public fidèle et des musiciens qui ont su traverser ces quatre décennies sans perdre leur énergie, leur musicalité ni leur humour.

Entre nostalgie des débuts et puissance scénique, Helloween promet un grand spectacle où la virtuosité technique rencontre une intimité métallique rare, rappelant à chacun pourquoi la citrouille réunie reste une légende vivante du heavy metal mondial.

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  • Arch Enemy + Eluveitie + Amorphis @ Paris
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