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Interview   

Audrey Horne envoie du lourd !


Avec l’album Youngblood sorti l’année dernière était apparu un Audrey Horne nouveau. Un Audrey Horne plus festif, plus collaboratif, plus tourné vers la fièvre des concerts, plus… heureux ! Paradoxalement, ce sang neuf, le quintet de Bergen est allé le chercher dans ses vieilles influences, dans les premières décennies des musiques rock lourdes. Visiblement impatient de retenter l’expérience studio à laquelle ils ont pris goût, les voilà de retour un an plus tard à peine, enfonçant le clou avec une ode au heavy, baptisée sans équivoque Pure Heavy.

Mais alors que s’est-il passé chez Audrey Horne pour avoir ressenti la nécessité d’entériner le changement, trouvant définitivement son bonheur dans une musique plus traditionnelle ? Toschie, chanteur du groupe, nous donne ses réponses dans l’entretien qui suit. De quoi bien comprendre d’où vient Pure Heavy, avec ces influences et clins d’œils que l’on retrouve, comme dans un jeu de pistes, d’un bout à l’autre sous la patte experte du combo, et où ils en sont aujourd’hui.

« Pour la musique comme pour le reste : si tu veux devenir un bon charpentier, un bon scientifique ou quoi que ce soit d’autre, il faut que tu étudies ce qu’ont fait tes prédécesseurs. »

Radio Metal : Pure Heavy continue dans la même lignée et le même esprit que Youngblood, qui constituait une rupture avec les albums précédents. Est-ce que le fait que Youngblood ait été si bien reçu vous a conforté dans votre démarche ?

Toschie (chant) : Oui, ça nous a encouragés, autant la manière dont l’album a été reçu que le fait que nous nous soyons vraiment éclatés en le faisant. C’est une combinaison de ça, et du fait qu’il ait été bien reçu. Ça nous a donné une sorte d’impulsion.

Comment se fait-il que vous vous éclatez plus à jouer ce genre de musique ?

En gros, avant de commencer à écrire Youngblood, nous en étions arrivés au point où nous travaillions [chacun] dans notre coin. Lorsque nous étions en studio, lorsque nous enregistrions, Ice Dale pouvait être chez lui à écrire, Thomas [Tofthagen] aussi… Puis lorsque nous étions en studio pour enregistrer, tout le groupe n’avait pas nécessairement à se trouver au studio au même moment. Ca donnait un peu l’impression que le groupe était de moins en moins enthousiaste… Ça se sentait que les gens étaient moins motivés parce que ça devenait difficile de les faire venir en répétition, de leur faire écrire de la musique, etc. Je pense qu’à ce moment-là, nous nous sommes rendu compte qu’il fallait que nous changions quelque chose, et nous avons décidé d’aller répéter en studio et d’écrire de la musique ensemble, et non plus de rester chez nous à ressasser la même idée encore et encore. C’est donc ce que nous avons fait, nous sommes allés en studio, et nous avons commencé à jouer avec quelques idées. Puis nous nous sommes mis à trouver de plus en plus de nouvelles idées et pour une raison ou pour une autre, elles se sont mises à changer un peu, musicalement parlant. Mais rétrospectivement c’est très compréhensible car quand tu es chez toi à écrire ta musique tout seul et à l’enregistrer sur ton ordinateur, ça donne à cette musique une atmosphère qui n’a rien à voir avec celle produite par cinq personnes qui se réunissent dans une pièce, mettent leurs amplis en route et se mettent à s’amuser avec la musique, parce qu’alors la musique est une histoire d’enthousiasme et de fun. Donc pour moi, c’est évident que c’est la raison pour laquelle notre musique a évolué dans cette direction. Ce n’est pas que nous nous sommes réunis et nous nous sommes dit : « Hé, il faut que nous écrivions de la musique un peu différente. » Nous n’avions pas besoin de ça parce que nous avions pas mal de succès et les gens aimaient beaucoup ce que nous faisions, donc nous n’avions pas besoin de changer. C’est plutôt la conséquence du fait que nous nous sommes beaucoup plus amusés.

Au début de ta réponse, tu dis que vous vous retrouviez à travailler beaucoup tous seuls avant Youngblood. Est-ce que c’était comme ça depuis le début ?

Non, pas pour nos premiers albums. Pour ceux-là, nous avons écrit beaucoup de musique ensemble, mais Le Fol et certains passages de No Hay Banda ont été écrits séparément. Quasi la totalité de Le Fol a été écrite par Arve (Isdal alias Ice Dale), certaines chansons ont été écrites par Thomas, mais la majorité a été faite par Ice Dale chez lui, il a écrit la musique, l’a enregistré avec son ordinateur et a programmé la batterie, et ensuite je suis venu pour écrire les lignes de mélodie, les chœurs et les harmonies. Ce n’était pas tant de la musique écrite pour être jouée par cinq personnes que de la musique faite pour être enregistrée en studio. C’est aussi une différence importante : la musique que nous écrivons maintenant est écrite pour les concerts alors qu’auparavant, nous écrivions la musique pour le studio puis nous en faisions une version adaptée au live, ce que nous n’avons plus à faire maintenant. Maintenant, ce que nous faisons, c’est que nous écrivions la musique, nous l’enregistrons, puis nous pouvons directement aller la jouer.

Et est-ce que vous voyez la différence en concert, dans l’impact des chansons ?

Oui, clairement ! Nos concerts aujourd’hui ont une bien meilleure atmosphère et beaucoup plus d’énergie. Le public réagit à cela parce qu’il s’éclate plus à nous voir sur scène, puisque nous nous éclatons plus à jouer pour lui…

Le titre de l’album, « Pure Heavy », semble être une célébration du heavy metal et du heavy rock traditionnels. Est-ce que c’est ce que vous aviez en tête ?

Oui et non. C’était surtout parce que c’était une sorte de blague récurrente dans la scène musicale de Bergen où nous vivons : beaucoup de groupes se sont remis à utiliser le terme « heavy ». C’était celui que nous utilisions à propos de la musique quand nous étions gosses. Si des gens nous demandaient quel genre de musique nous écoutions, nous répondions : « J’écoute du heavy. » De nos jours, les gens utilisent généralement le terme de « metal » pour parler de cette musique, mais dans notre scène, nous nous sommes remis à utiliser « heavy » pour rire. Donc pendant que nous enregistrions l’album, nous faisions plein de blagues dans ce genre. Au lieu de dire : « Ouais, c’était une bonne prise ! », nous disions : « Cette prise est super heavy ! » ou « C’est une bonne chanson, c’est une chanson vraiment heavy », tout était heavy, donc… Lorsque nous réfléchissions au titre de l’album, l’idée de l’appeler « Heavy » ou « Pure Heavy » nous est venue assez vite, mais c’était plutôt une plaisanterie. Nous nous disions : « Ouais, ce serait cool mais en même temps c’est trop kitsch, etc. » Mais au bout d’un moment, comme avec toutes les blagues récurrentes, quand on en fait une pendant suffisamment longtemps, elle finit par devenir sérieuse. Donc au bout d’un moment, nous nous sommes rendu compte que nous voulions vraiment appeler notre album comme ça ! Et nous nous sommes dits : « C’est notre album, nous pouvons l’appeler comme nous voulons ! » Nous pouvons l’appeler comme ça comme nous pouvons l’appeler « Black Rain », mais bon, qu’est-ce que ça signifie ? Donc c’était un peu comme tu le disais, une célébration de ce genre musical. Ça a commencé comme une blague qui représentait un hommage à ce style, et puis nous en sommes arrivés à nous dire que ça convenait bien à l’album. Ça colle à la musique, ça colle à l’ambiance de l’album et ça colle aux chansons.

Les chansons de l’album sonnent très old-school et classiques. Est-ce que tu estimes que c’est important de parfois regarder derrière soi pour pouvoir aller de l’avant ?

Oui, je trouve. Pour la musique comme pour le reste : si tu veux devenir un bon charpentier, un bon scientifique ou quoi que ce soit d’autre, il faut que tu étudies ce qu’ont fait tes prédécesseurs. Et je ne dis pas que tu dois leur piquer leurs idées, mais en tout cas, elles t’influencent. La musique avec laquelle nous avons grandi nous a toujours influencés, et je pense qu’au bout d’un moment, tu l’as dans le sang, et quand tu te mets à écrire de la musique, c’est ce que tu as écouté depuis si longtemps et qui est devenu une partie de ton histoire qui ressort dans ce que tu fais. Donc il y a beaucoup de références à toutes sortes de musiques, et beaucoup de célébration de groupes de classic rock dans la musique que nous faisons. Mais nous avons toujours eu pour objectif de jouer notre propre musique. Nous ne prétendons pas réinventer la roue, mais nous utilisons notre patrimoine musical comme un outil pour écrire notre propre musique. Je pense que c’est toujours bien de se retourner pour voir ce qui a été fait avant nous et qui nous a influencé, nous a donné envie de jouer dans un groupe, etc.

La musique est beaucoup plus joyeuse que sur vos premiers albums, surtout sur des chansons comme « Out Of This City. » Qu’est-ce qui vous a poussé à abandonner votre côté le plus sombre ? Est-ce que ça reflète votre état d’esprit actuel ?

[Petit rire] Oui, je crois ! Nous sommes heureux, bien entendu. Nous avons une chouette vie, des gens que nous aimons, nous aimons ce que nous faisons, donc nous ne sommes pas malheureux du tout ! Et il y a aussi le fait que nous vieillissons, et en vieillissant, tu es plus détendu, tu ne ressens plus le besoin de faire tes preuves ou de ne faire que des choses nouvelles et sophistiquées. Ça n’a pas à être comme ça si tu n’en as pas envie. Si tu veux que ce soit bien, positif et fun, alors tu peux le faire, parce que tu es suffisamment vieux pour te ficher de ce que les gens disent de toi. Je pense pouvoir affirmer qu’en tant que personnes, nous sommes mieux maintenant qu’à l’époque où nous enregistrions nos premiers albums. Non pas que nous étions des mecs sinistres à l’époque, mais nous sommes plus heureux et nous avons plus confiance en nous maintenant qu’il y a 12 ans.

« Nous ne cherchons pas à être originaux dans la mesure où je ne vois pas l’intérêt d’être original pour être original. […] Nous essayons seulement d’être Audrey Horne. »

Audrey Horne a commencé en jouant une musique plutôt originale. Est-ce que tu penses que vous avez conservé un peu de cette originalité dans votre nouveau style ? Est-ce que vous essayez de conserver une originalité ?

Ouais, je ne dirais pas que nous avons essayé de sonner original, mais nous avons essayé de sonner comme Audrey Horne, même avec une chanson comme « Out Of The City » , clairement influencée par Thin Lizzy. Mais nous n’avons jamais voulu être un groupe rétro, nous n’avons jamais voulu être un groupe dont l’intention est de sonner comme certains groupes qui nous ont influencés, notre but est de sonner comme Audrey Horne. Nous écoutons beaucoup les mêmes musiques, mais nous avons aussi des goûts différents… Thomas dit toujours que lorsqu’il écrit une chanson, il a une idée de la manière dont la voix devrait sonner, mais lorsque je m’y mets, il me dit : « Merde, ton chant ne ressemble pas du tout à ce que j’imaginais ! », et c’est essentiellement dû au fait qu’il a ses influences et que j’ai les miennes, ce qui fait que même si nous écoutons en grande partie la même musique, je suis aussi influencé par beaucoup de choses qu’il n’écoute pas et vice-versa, donc je suppose qu’une fois que j’y ai mis mon grain de sel, ça fait ce qui fait Audrey Horne. Nous sommes cinq personnes qui n’ont pas envie d’être les nouveaux Thin Lizzy, les nouveaux Metallica, les nouveaux Van Halen, les nouveaux Mastodon ou je ne sais quoi. Nous voulons être Audrey Horne, nous voulons avoir notre propre son. Je suppose que nous ne cherchons pas à être originaux dans la mesure où je ne vois pas l’intérêt d’être original pour être original, mais si nous écrivons une chanson qui fait penser à Thin Lizzy, nous nous disons toujours : « Eh bien, ça va passer par le filtre du son Audrey Horne, laissons ça comme ça. » Ça ne sera pas une chanson de Thin Lizzy. Tu peux entendre les influences dans la chanson, c’est ce qui se passe pour n’importe groupe. Si tu écoutes de vieux groupes, Ozzy Osbourne, par exemple, il y a beaucoup des Beatles dans sa musique, et il adore les Beatles, ce n’est pas du tout quelque chose qu’il cache. Donc tout le monde, même les gens qui nous influencent, ont été influencés par d’autres gens, et ces gens eux-mêmes ont été influencés par d’autres gens, donc en fin de compte, nous essayons seulement d’être Audrey Horne, c’est notre but principal.

Il y a une chose frappante dans la première chanson de Pure Heavy, « Wolf In My Heart » : elle commence comme une chanson de The Who, avec un riff de guitare typique. Est-ce que c’était une référence consciente ?

Non, je ne crois pas. C’est Thomas qui a trouvé ce truc de guitare et ensuite nous avons commencé à le jouer. A l’origine, il l’avait écrit de manière un peu différente. La guitare était identique mais la section rythmique et tout le reste étaient un peu différents, et nous nous sommes dit : « Faisons quelque chose d’un peu plus grandiose, qui sonnerait plus imposant, ce passage de guitare mériterait qu’on lui donne un côté explosif. » Et lorsque nous avons changé ça, même nous, évidemment, pouvions entendre ce côté The Who, mais c’est le seul passage de la chanson qui donne cette impression. Le reste de la chanson n’a pas grand-chose à voir avec The Who mais le début si. C’est cool, j’aime The Who donc ça ne me dérange pas ! [Petit rires]

On peut entendre tousser dans « Tales From The Crypt ». Est-ce que ça pourrait être une référence à « Sweet Leaf » de Black Sabbath, où on peut aussi entendre tousser d’une manière similaire ?

Ouais, ouais, ça vient de là. C’était moi et Espen [Lien], surtout. Le producteur voulait qu’il y ait cette ambiance de fête sur cette chanson, donc il m’a dit : « Va dans cette cabine d’enregistrement et crie des trucs, tout ce que tu veux, fais comme si tu étais dans une fête, parce qu’il nous faut des bruits de fond. » Et alors que je commençais à faire ce qu’il me demandait, je me suis mis à tousser. En fait c’était juste [il tousse], juste deux, mais il l’a enregistré, puis il a mis de l’écho dessus et a dit : « Mettons ça ici pour faire un petit hommage à Black Sabbath ! » Donc c’était volontaire, un petit clin d’œil à « Sweet Leaf », oui.

Est-ce que cette chanson parle de la série et la BD « Les contes de la crypte » (« Tales From The Crypt ») ?

Non. La chanson parle plutôt de quand tu grandis et que tu commences à jouer dans un groupe, que tu as l’impression d’être dans le meilleur groupe du monde et que tu vas conquérir le monde alors que tu es complètement naze… C’est plutôt une chanson qui évoque ce sentiment, lorsque tu as ton premier groupe et que même si il est complètement nul, tu as l’impression que c’est le meilleur du monde. Je pense que c’est très important d’avoir cette sensation lorsque tu commences quelque chose, parce que si tu montes un groupe, tu écoutes du Led Zeppelin et te dis : « Oh merde, nous ne serons jamais aussi bons que ces mecs… », alors tu abandonnes. Mais quand tu es dans ton local de répèt merdique, avec des amplis merdiques et que tu chantes et joues de manière merdique, malgré tout, tu t’éclates tellement que le simple fait de pouvoir bricoler une chanson et la jouer d’une traite te donne l’impression d’être le meilleur groupe du monde. La chanson est une célébration de ce sentiment qu’on a lorsqu’on commence un groupe. Je lui ai donné le nom « Tales From The Crypt » à cause bien évidemment des comics que je lisais quand j’étais gamin, mais j’ai trouvé que ça collait bien parce que ça parle de « contes », c’est le récit de quelque chose qui se passe au début d’un groupe, et ton premier local de répèt est toujours une sorte de crypte, c’est sombre, il y a de la moisissure partout, ça sent le champignon, etc., donc je me suis dit que « Tales From The Crypt » décrivait parfaitement – à mes yeux en tout cas – cette chanson.

Est-ce que tu t’inspires toujours de tes propres expériences dans tes paroles ?

Non. C’est le cas pour certaines, comme celles de cette chanson, par exemple, qui sont vraiment fondées sur ma propre expérience, mais d’autres sont plutôt comme des tableaux que je peindrais avec des mots, disons. Ça peut être une phrase que je trouve intéressante : alors j’écris mes paroles autour de ça. Dans certains cas, ce n’est que de l’imagination, en gros, ce ne sont pas des choses qui me sont vraiment arrivées ou que je ressens vraiment. Mais je sais qu’il y a des gens qui ressentent ce genre de choses, comme nos chansons les plus sombres, par exemple, qui sont basées sur la tristesse, le désespoir, une colère désespérée que personnellement, je ne ressens pas, mais je peux complètement comprendre que des gens soient déprimés… Tout le monde est un peu déprimé le lundi, mais [je parle d’être] plus sérieusement déprimé que ça. Je peux comprendre que des gens ressentent de telles choses, donc parfois, j’écris des paroles dans lesquelles j’essaie de me mettre dans une situation que je n’ai jamais vécue. J’écris ça en m’imaginant ce que peut être cette situation.

« Lorsque tu as ton premier groupe et même si il est complètement nul, tu as l’impression que c’est le meilleur du monde. Je pense que c’est très important d’avoir cette sensation. »

Il y a une grosse voiture sur la pochette de l’album. Est-ce que tu penses que c’est l’album idéal à écouter en conduisant ?

Oui [rires]. Pour nos trois derniers albums – celui-ci, Youngblood et Audrey Horne, le précédent – beaucoup de gens sont venus nous voir pour nous dire : « Votre musique est parfaite pour mes road trips, quand je conduis ma voiture », ou « Hé, j’ai écouté vos chansons en conduisant et c’était vraiment cool, c’est parfait pour conduire ! » Nous avions différentes idées pour l’illustration et à la base, je devais le faire moi-même, mais j’envisageais certaines idées différemment des autres mecs, ce qui est devenu matière à discussion, et nous ne nous sommes pas vraiment mis d’accord. Certains n’aimaient pas ma manière d’interpréter l’idée et ont fait des suggestions qui ne plaisaient pas à moi ou à d’autres, donc en fin de compte, j’ai confié ça à un ami graphiste. Il avait déjà souvent travaillé pour nous, il nous avait fait des illustrations pour le merchandising, des différents trucs. Je lui ai confié la tâche, je lui ai envoyé le mix de l’album et je lui ai dit : « Mec, écoute la musique et trouve une idée qui, selon toi, colle à l’album. Tout ce que tu as besoin de connaître, c’est la musique, et le fait que ça va s’appeler Pure Heavy. C’est tout ce que je vais te dire. » Ensuite, il m’a appelé et m’a dit : « Tu sais, il faudrait qu’il y ait une voiture parce que ça collerait très bien à la musique », et je lui ai répondu : « OK cool, fais ça ! » Donc il a fait cette illustration, il nous l’a montré et nous nous sommes dit : « Ouais, ça colle complètement ! » Pour nous, ce n’était pas tant ce que représentait l’illustration qui était important, c’était plutôt ce qu’elle apporterait à la musique, ou qu’elle lui colle bien. Et je trouve que c’est vraiment le cas.

La pochette de Youngblood était une sorte d’allusion à Kiss, peut-on donc supposer que celle de Pure Heavy en est une à ZZ Top et à cette fameuse voiture qu’on retrouve sur Eliminator ?

Eliminator, ouais, En fait, c’est quelque chose que plusieurs personnes m’ont déjà demandé. En réalité, je n’en sais rien, je ne lui ai pas demandé, mais pour être honnête, je ne suis pas sûr qu’il écoute beaucoup ZZ Top, même si évidemment, il a peut-être vu la pochette et s’est dit : « Je vais en faire ma propre version ou m’inspirer de ça. » Mais ce n’est pas quelque chose que nous lui avons suggéré en tout cas, et honnêtement, je ne pense pas que ce soit le cas, je crois que ses influences pour la pochette sont plutôt à aller chercher du côté des films de Quentin Tarentino… Je pense que c’était plutôt à ça qu’il pensait. Mais je vois complètement pourquoi les gens demandent si c’est inspiré par ZZ Top [rires].

Cette fois, vous avez travaillé avec deux producteurs : Sir Dupermann (alias Jörgen Traeen), qui a mixé Youngblood, et The Sun King (alias Iver Sandöy), l’ingénieur du son de Youngblood. Pourquoi ce choix ? Comment c’était de travailler avec deux producteurs ?

C’était super parce qu’ils travaillent très bien ensemble. Parfois, ils étaient complètement d’accord entre eux sur un point avec lequel nous n’étions pas d’accord, et quand deux producteurs viennent te voir pour te dire : « Oui je sais bien que vous voulez faire ça comme ça, mais écoutez-nous, c’est une meilleure manière de faire les choses », alors on est plus facilement convaincu puisque c’est l’avis de deux personnes. Mais ils n’étaient pas toujours d’accord sur tout, donc parfois ça donnait de très bonnes discussions où ils devaient argumenter pour défendre pourquoi ils voulaient s’y prendre d’une certaine manière… Nous pouvions nous asseoir, les écouter puis dire : « C’est vrai, il marque un point ! » parce qu’à force de les entendre se répondre l’un à l’autre, tu comprends vraiment les raisons qu’il y a derrière leur position, plus que s’ils débarquaient en disant : « Hé, faisons ça comme ça ! » Donc ça nous a beaucoup apporté d’avoir deux producteurs, et la raison pour laquelle nous les avons choisis c’est que comme tu l’as dit, l’un a mixé l’album Youngblood, et l’autre l’a enregistré. Nous leur avons parlé par la suite. Le mec qui a mixé l’album est un producteur très célèbre en Norvège, il a travaillé avec de très grands noms, donc nous en avons discuté avec lui. Il nous a dit qu’il était très heureux que Youngblood ait été aussi bien accueilli : « Ça me rend heureux parce que je me suis vraiment amusé à mixer cet album ! » Ensuite il nous a dit qu’il aimerait produire l’un de nos albums, et nous avons répondu : « Allons-y ! » parce qu’il est très excentrique, mais aussi très talentueux. C’est un mec bizarre à plein de niveaux mais il est aussi très gentil et extrêmement talentueux. Pour nous, ça a été un plaisir de travailler avec lui parce que, pour être honnête, ça faisait depuis Le Fol que nous essayions de le faire, mais il ne s’était pas montré très intéressé jusqu’à maintenant. Pour nous, le choix a été rapide lorsqu’il nous a dit qu’il voulait le faire. Nous étions là : « OK, bien sûr, faisons ça ! »

Les années 70, 80 et 90 sont toutes des décennies emblématiques pour la musique rock mais sont aussi des rivales, d’une certaine manière… Ceux qui aiment le hard rock des années 80 trouvent les années 90 épouvantables et vice-versa. Est-ce que tu dirais qu’Audrey Horne fait une sorte de synthèse de ces trois décennies en un seul groupe ?

Oui parce que tu sais, nous sommes influencés par ces trois décennies. Certains membres du groupe sont fans des années 70, d’autres sont fans des années 80 et d’autres sont fans des années 90. Nous avons grandi en écoutant Led Zeppelin et Black Sabbath, mais aussi Mötley Crüe et WASP, ou encore Soundgarden et Alice In Chains. Donc je pense que nous sommes tous influencés par ces trois décennies. Je sais que des gens voient ça comme une sorte de compétition, et que si tu aimes les années 90 alors tu détestes les années 80, mais je ne pense pas que ce soit le cas de qui que ce soit dans le groupe. Si c’est de la bonne musique, c’est de la bonne musique, peu importe la période à laquelle elle a été écrite.

Qu’est-ce qu’on peut attendre de la part d’Audrey Horne, maintenant ? Une tournée ? Pensez-vous venir en France ?

Nous allons venir en France, oui. Je crois que nous allons partir en tournée en novembre, et nous allons faire plusieurs villes en France. Je ne me souviens pas de toutes, mais nous allons faire Paris évidemment, Colmar, Marseille, je crois, et quelques autres que j’ai oublié. Mais nous ferons plusieurs dates, c’est sûr.

Et comme votre musique est désormais plus adaptée aux concerts, est-ce que vous avez songé à enregistrer un album live ?

Oui nous y avons pensé, et pour cet album nous allons faire ça quelque part, mais nous ne savons pas encore où.

Interview par téléphone réalisée le 27 août 2014 par Spaceman.
Retranscription et traduction : Chloé.
Introduction : Spaceman.
Photographies promo : Øystein Haara.

Site internet officiel d’Audrey Horne : www.audreyhornemusic.com.



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