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Interview   

Sylosis prend un nouveau départ


En octobre 2016, lorsque le frontman Josh Middleton rejoignait Architects suite au décès du guitariste Tom Searle, Sylosis annonçait parallèlement une pause. La réalité est qu’en coulisse, cette dernière avait été décidée bien avant et avait plus les traits d’une séparation que d’une pause. S’il était las du manque de retour sur l’investissement de temps, d’efforts et d’argent, c’est surtout un mécontentement profond sur les limites artistiques qu’il s’était lui-même imposées qui a poussé Josh Middleton à rayer Sylosis de la carte dans le but de fonder un nouveau groupe avec lequel il pourrait élargir ses horizons créatifs.

Finalement, convaincu par le label, Sylosis a survécu mais ne sera plus jamais tout à faire le même : il sera meilleur. C’est en tout cas ce que démontre Cycle Of Suffering, cinquième album qui marque vingt ans de carrière, largement encensé par les fans et la critique Sylosis à ce jour. Preuve que le rééquilibrage et re-paramétrage opéré par Josh Middleton a porté ses fruits.

Dans l’entretien qui suit, le chanteur-guitariste nous parle en toute franchise de cette période de remise en question en revenant aux sources historiques de son mécontentement, de son expérience auprès d’Architects et de ce retour au sommet, évoquant également son approche vocale (en partie inspirée par Gojira) ou encore son anxiété en avion.

« Je n’aurais jamais pensé que j’arrêterais le groupe, mais j’étais tellement mécontent à l’époque… Quand j’ai mis le groupe à l’arrêt, je ne savais même pas s’il referait un jour quelque chose. Je ne voulais pas mettre un nom dessus, parce que c’était très tôt pour dire que le groupe s’était séparé, mais c’est ce que je ressentais. »

Radio Metal : Depuis le premier album Conclusion Of An Age, Sylosis a connu une croissance constante, jusqu’à début 2016 quand le groupe s’est mis en sommeil. Qu’est-ce qui a motivé ce hiatus à ce stade, quand Sylosis avait plus ou moins atteint un pic artistique et de popularité ?

Josh Middleton (chant & guitare) : Ce n’est pas la raison du hiatus mais notre carrière s’est construite très lentement. Le groupe grandissait constamment mais nous étions loin de vivre du groupe. C’est évidemment frustrant quand tu es dans un groupe, que tu veux y investir beaucoup de temps et d’efforts, mais que tu n’arrives pas à gagner de l’argent avec. Ça a fait qu’il était plus facile de s’en éloigner parce que nous ne nous reposions pas dessus pour l’argent, c’est même l’opposé : ça nous coûte parfois de l’argent pour partir en tournée.

La raison du hiatus était que j’avais l’impression que je m’étais enfermé musicalement. Je m’étais depuis le début imposé beaucoup de restrictions sur ce que le groupe pouvait ou ne pouvait pas faire. J’avais l’impression que je m’étais refusé beaucoup de musique que je voulais jouer. Quand nous avons fondé le groupe, plein de groupes locaux essayaient de sonner comme Killswitch Engage, donnant de mauvaises versions de ce groupe. J’adore Killswitch mais chaque groupe faisait une version standard d’un riff de death metal mélodique suédois, un breakdown générique et un refrain chanté. Je trouvais ça assez ennuyeux, et tous les groupes faisaient ça. Les groupes comme Killswitch Engage sont géniaux, ils ont relancé cette nouvelle vague de groupes, mais pour moi, il fallait que nous nous en démarquions. Pas que nous sonnions comme ça, de toute façon, mais j’ai pris la décision de nous accorder plus aigu, donc nous ne nous désaccordions pas, nous jouions en accordage standard, il n’y avait pas de breakdown, c’était plus focalisé sur le thrash de la vieille école. Je trouvais que ceci nous démarquait vraiment des autres groupes, mais même si nous avons une influence thrash old school, nous n’étions pas un groupe de thrash rétro. Nous ne portions pas de ceintures à balles, nous n’avions pas les cheveux longs ou nous n’essayions pas d’être dans le revival thrash. Nous essayions juste de faire notre propre truc.

Le problème avec ça, qui n’est pas un gros problème mais qui est un peu dur quand même, c’est qu’il n’y avait pas vraiment de groupe dans notre style, car nous ne rentrions dans aucune case. Il y avait ce revival thrash en 2007, où on voyait apparaître tous ces nouveaux groupes ayant l’air de venir directement des années 80. Or nous avions tous ces autres éléments dans notre son, nous étions influencés aussi par des musiques plus progressives, y compris des groupes comme Cult Of Luna ; nous avions une grande variété d’influences chez d’autres groupes. Nous nous démarquions vraiment mais il y avait aussi beaucoup de restrictions sur le genre de musique que nous pouvions faire à l’époque. J’étais là : « On ne sous-accorde pas, on ne joue rien qui ressemble à un breakdown, etc. » J’imposais toutes ces règles sur ce que Sylosis avait le droit de faire, et ces règles se multipliaient au fil du temps. C’en est arrivé à un point où j’ai voulu sortir de cette boîte et ne plus me soucier de jouer en accordage standard ou de faire que chaque chanson soit très technique. J’étais très mécontent du groupe en 2016. J’ai juste dit aux gars : « Je veux arrêter. Je ne suis pas content. » Le groupe n’en était pas au stade que j’espérais niveau carrière. Evidemment, nous avions fait des tournées très cool, nous avons joué dans plein de festivals sympas mais, comme je l’ai dit, ce n’est pas quelque chose qui nous permettait de gagner notre vie.

J’ai donc arrêté le groupe à ce moment-là et j’ai commencé à composer. J’allais fonder un nouveau groupe et créer une musique plus directe et focalisée. J’allais écrire dans un nouvel accordage de guitare. Je sais que ce n’est vraiment pas grand-chose, mais c’était important pour moi, parce que Sylosis était connu pour ne pas du tout sous-accorder. J’ai donc commencé à composer cette nouvelle musique et j’ai soumis les démos au label et à mon manager après quelques mois, et ils étaient là : « Pourquoi veux-tu faire un nouveau groupe quand ça sonne exactement comme Sylosis ? » J’ai trouvé ça intéressant parce que je ne pensais pas que ça sonnait pareil. Mais évidemment, j’aimais encore les mêmes musiques, j’avais les mêmes influences. C’est juste que j’ai abordé la musique différemment. J’ai changé un peu l’accordage, j’ai rendu les chansons un peu plus focalisées. C’est tout ce qu’il me fallait. J’avais juste besoin d’une nouvelle approche de la composition pour Sylosis sans trop me soucier de ce que nous pouvions ou pas faire.

Doucement, je me suis fait à l’idée que ça pourrait fonctionner, que nous pouvions faire un nouvel album et que je pourrais donner un second souffle au groupe, et que ça serait vraiment énergisant et inspirant. Juste au moment où je me suis fait à cette idée, c’est là que Tom Searle est mort et que j’ai commencé à jouer de la guitare avec Architects. Je me suis dit que je ne voulais pas précipiter les choses en revenant avec Sylosis, que de toute façon j’étais mécontent et que je voulais me donner du temps hors du groupe. Je n’ai pas voulu que le hiatus dure aussi longtemps mais l’album a pris beaucoup de temps à aboutir. Une grande partie de la musique était écrite mais je revenais dessus pour chanter des trucs, changer des paroles, etc. Nous n’avons même pas enregistré la batterie avant la fin 2018 et ensuite le mixage a aussi pris beaucoup de temps. C’était un très long processus.

« Je m’étais depuis le début imposé beaucoup de restrictions sur ce que le groupe pouvait ou ne pouvait pas faire. J’avais l’impression que je m’étais refusé beaucoup de musique que je voulais jouer. »

Donc tu dis qu’à l’origine, le plan n’était pas juste de faire une pause, mais carrément de mettre un terme au groupe…

Oui. Plein de gens ne le savent pas vraiment, car nous avons publié un communiqué quand j’ai commencé à jouer avec Architects qui disait que le groupe était à l’arrêt, mais le hiatus du groupe a commencé bien avant ça. Ça n’avait rien à voir avec le fait que je jouais avec Architects, c’était parce que j’étais mécontent. Mais comme je n’étais pas sûr de ce qu’il se passait à cette période, je n’ai pas voulu faire d’annonce radicale le jour où nous avons décidé d’arrêter. Je n’ai pas voulu faire d’annonce radicale ou prendre une grande décision comme celle-ci précipitamment. Je voulais juste voir comment ça allait évoluer. Si je n’avais pas commencé à jouer avec Architects, peut-être que l’album serait sorti plus tôt, mais j’ai l’impression qu’en ayant passé du temps hors de Sylosis, je suis revenu beaucoup plus focalisé et je pense que l’album est bien meilleur grâce à ce break, grâce au fait que j’ai pu réfléchir à la musique que nous avons faite par le passé, etc. D’ailleurs, nous avons joué la semaine dernière notre premier concert depuis notre retour et les nouvelles chansons passent tellement mieux en live parce qu’elles sont bien plus directes et concises. Je suis content que nous ayons eu un hiatus parce que j’ai beaucoup appris durant cette période, pour ce qui est de simplifier un peu les chansons et ce genre de choses.

Tu as mentionné le fait que tu as rejoint Architects durant le hiatus, suite à la mort du guitariste lead Tom Searle. Ça a dû être lourd et délicat pour toi d’intégrer ce groupe dans ces circonstances. Comment as-tu abordé ta position et ton rôle dans ce groupe ?

C’était évidemment une période difficile, mais je suis très ami avec ces gars depuis longtemps. Nous avons l’habitude de faire des concerts ensemble depuis 2006. De tous les gens qui pouvaient commencer à jouer avec eux, j’étais celui qui les connaissait le mieux et était le plus proche d’eux. Ça, déjà, m’a aidé à gérer les circonstances et à ne pas me dire : « Dans quoi est-ce que je m’embarque ? » J’étais très proche d’eux et de Tom. J’ai été à ses funérailles, donc je connaissais suffisamment bien les gars pour savoir quelle était la situation et comment ils allaient. Ça a pris du temps avant que nous ne commencions à composer. Dan [Searle] et moi avons parlé de comment ça fonctionnerait et avons établi une relation avec la composition, car Tommy écrivait quasiment toute la musique pour Architects. Nous avons parlé de comment ça allait fonctionner à l’avenir. Dan écrit beaucoup de musique mais, évidemment, ce n’est pas un guitariste. Donc j’écrivais une chanson, je l’envoyais à Dan et il dégraissait ça, bougeait des parties ou apportait ses propres trucs. Je voulais être très respectueux de toute la situation. J’étais un très bon ami de Tom et je ne voulais pas que ça tourne autour de ma personne. J’ai fait profil bas et j’ai essayé de faire du mieux que je pouvais.

Comme tu n’avais pas Sylosis comme exutoire à ce moment-là, est-ce que Holy Hell t’a permis de jouer ce rôle, pour évacuer certaines émotions que tu avais en toi, surtout étant donné que tu étais ami avec Tom Searle et que l’album traite justement de la douleur ?

Evidemment, je n’ai écrit aucune parole, Dan a écrit tous les textes. Principalement, c’était rafraîchissant d’écrire de la musique dans un style différent, car la raison première pour laquelle Sylosis a été en hiatus, c’était parce que, comme je l’ai expliqué, je me sentais enfermé dans la musique que j’écrivais. Je voulais me libérer de ce que je faisais. Donc c’était très rafraîchissant d’écrire de la musique pour Holy Hell.

Durant le hiatus de Sylosis, non seulement tu étais actif avec Architects mais tu as aussi sorti deux albums personnels avec le Josh Middleton Project et Passages. Dans les deux cas, tu as fait ça en duo avec le batteur Craig Reynolds…

Oui. En gros, j’ai commencé ces deux projets en 2014 ou 2015, juste pour m’amuser. J’aime bien faire de la musique, Craig est un de mes meilleurs amis et il avait son propre studio pour enregistrer la batterie, donc je me suis dit : pourquoi pas ? Ça ne coûtait rien de faire l’album. J’aime créer toute sorte de musique. Ça m’a donc beaucoup aidé de faire quelque chose de complètement nouveau. Mais ces albums, même s’ils sont sortis après le hiatus de Sylosis, ont été écris et enregistrés bien avant que nous ne songions à faire une pause.

Au final, quand exactement t’es-tu dit que c’était le bon moment de revenir avec Sylosis ?

Pour être honnête, ce n’était qu’une question de finir l’album, d’être content de toutes les chansons et de les mixer. Ça a pris énormément de temps ! J’ai mixé l’album moi-même et j’avais une idée très claire du son que je voulais pour l’album, mais ça prend beaucoup de temps et je suis encore un peu novice en matière de mixage d’album. Ce n’était pas forcément qu’une question de trouver le bon moment. Enfin, évidemment, j’ai beaucoup tourné avec Architects, et Architects a eu du temps libre, donc c’était le bon moment pour sortir l’album. Mais en dehors de cette fenêtre de temps pendant laquelle Architects était inactif, ça a pris énormément de temps de terminer l’album. Comme je disais, je n’arrêtais pas de revenir dessus et de changer des trucs, l’enregistrement de la batterie n’a pas été fait avant 2018 et le mixage a pris une éternité, donc c’était un processus interminable. Dès que l’album était fini, j’ai dit : « Sortons-le dès que possible. »

« De tous les gens qui pouvaient commencer à jouer avec [Architects], j’étais celui qui les connaissait le mieux et était le plus proche d’eux. Ça, déjà, m’a aidé à gérer les circonstances et à ne pas me dire : ‘Dans quoi est-ce que je m’embarque ?' »

Tu as déclaré qu’il y a eu un grand changement dans ton approche pour composer la musique de Sylosis. Tu en as déjà un peu parlé, mais une fois que tu as décidé que cette musique serait pour Sylosis, quelle a été ton attitude envers la composition par rapport à avant ?

Je voulais m’assurer que les chansons étaient plus concises, car j’ai réalisé que ma capacité de concentration, comme c’est le cas je pense de la majorité des gens, devient plus faible à cause de notre rapport aux médias, comme Spotify ou Netflix, dans la société actuelle ; tout est très instantané. On doit pouvoir retenir l’attention des gens, peut-être encore plus qu’avant. Dans le temps, si tu sortais acheter un album, tu écoutais tout l’album et tu l’écoutais plusieurs fois avant de te décider à le rendre parce que tu ne l’aimais pas. Même si tu n’étais pas sûr, tu continuais à écouter l’album en te disant qu’il allait finir par te plaire. Mais ça n’arrive plus aujourd’hui avec Spotify. Si tu n’aimes pas une chanson, tu ne l’écoutes plus, parce que tu n’as rien payé pour avoir la chanson, tu as juste payé ton abonnement Spotify. C’est ce que je voulais dire en parlant de la capacité de concentration. Je voulais que toutes les chansons retiennent l’attention des gens et soient énergiques, intenses et concises. Je voulais vraiment une urgence dans la musique. Mon approche était de m’assurer que tout soit plus simple, sans avoir de longues chansons de six minutes, car on n’en a pas besoin. C’était un peu frustrant en live, parce que nous jouions ces longs arrangements et si nous faisions un concert en festival, nous ne pouvions jouer que cinq chansons en une demi-heure, à cause de la longueur des chansons. Je voulais aller droit au but, faire que tout soit simplifié, plus focalisé, plus intense, et très heavy, et puis composer ce que j’avais envie de composer.

On voit beaucoup de groupes qui avant avaient une tendance à compliquer leur musique évoluer vers des compositions plus concises et focalisées… Est-ce une sagesse qui s’acquiert avec l’âge ?

Peut-être. Il s’agit juste de trouver un équilibre. Je sais ce qui attire les fans chez Sylosis. Je sais qu’ils aiment qu’il y ait plein de riffs, je sais qu’ils veulent entendre un jeu de guitare complexe, etc. On retrouve toujours ça dans le nouvel album, c’est juste que les chansons ne font pas cinq minutes trente. En ayant moi-même grandi en fan d’un tas de groupes, parfois quand certains d’entre eux ont commencé à simplifier leurs chansons ou les rendre plus concises, je ne trouvais plus ça intéressant. Donc je vois les deux côtés de l’attrait. Je ne veux pas que les chansons soient trop longues et je veux qu’elles soient très énergiques et pertinentes mais je veux aussi qu’elles conservent tout ce qui a attiré les fans de Sylosis vers notre musique. Nous avons toujours un jeu de guitare technique, mais nous voulons aussi avoir des passages un peu plus simples. C’est important que nous ne perdions pas de vue ce qui fait que nous sonnons comme nous sonnons, car si nous allions plus loin dans cette direction, en rendant tout plus simple ou concis, nous pourrions commencer à perdre ce qui rend le groupe spécial.

Tu as déclaré que tu voulais que le groupe « ait un son reconnaissable, mais aussi montrer toutes les influences que [tu as] ». N’est pas un autre équilibre délicat à trouver ?

Oui, ça peut l’être. J’écoute plein de groupes différents. En l’occurrence, j’adore les vieux Death ou Sepultura, comme Arise qui était une grosse influence pour moi, c’est un classique du thrash old school. A la fois, j’adore OK Computer de Radiohead et j’adore Tool, qui sont plus – comme certaines personnes diraient – de la musique d’intello, pas aussi décérébrée que certains trucs old school que j’aime également. Ça peut donc être assez dur de combiner ces deux univers, car les deux sont très importants pour moi. Quand tu veux jouer quelque chose de super heavy et rapide sans pour autant négliger le côté plus profond – à l’image de groupes comme Radiohead ou Tool qui ont une vraie profondeur dans ce qu’ils font –, oui, c’est délicat de trouver le bon équilibre, mais plus je fais d’albums, meilleur je suis pour trouver comment ça peut fonctionner.

Cette nouvelle approche a apporté plus de dynamique et de variations dans l’intensité de la musique, ce à quoi ta voix doit s’adapter. Penses-tu que cet album t’a donné de plus grands défis vocalement ?

Assurément. Pas à cause de la manière dont l’album sonnait, mais parce que durant cette période en 2016, juste après que le groupe a été mis à l’arrêt, j’étais aussi mécontent de mon chant. Donc j’ai commencé à travailler sur ma technique, à essayer de m’améliorer en tant que chanteur autant que je pouvais. J’ai fait beaucoup d’efforts sur le chant et je voulais qu’il soit plus intense qu’avant. Ça a beaucoup joué, je pense. Car à l’origine, j’ai commencé en tant que guitariste et le riff était le truc le plus important pour moi. Avec le chant, je me disais juste : « C’est du metal, c’est juste du cri. Tant qu’il y a des vocaux, ça va » [petits rires]. Mais plus je vieillis, plus je réalise que la voix est ce sur quoi les gens font le plus une fixation, à moins qu’ils soient vraiment à fond sur l’instrument qu’ils pratiquent eux-mêmes. Maintenant, je mets bien plus l’accent sur les voix, sans pour autant négliger tout le jeu de guitare, mais je travaille délibérément bien plus sur mon chant qu’avant.

« Je voulais m’assurer que les chansons soient plus concises, car j’ai réalisé que ma capacité de concentration, comme c’est le cas je pense de la majorité des gens, devient plus faible à cause de notre rapport aux médias […]. On doit pouvoir retenir l’attention des gens, peut-être encore plus qu’avant. »

Quel genre d’entraînement vocal fais-tu pour t’améliorer ?

J’expérimente, tout simplement. Je n’ai jamais pris de cours. Il s’agit juste d’essayer différentes choses et de voir ce qui fonctionne. J’ai un peu changé ma technique de cri et je pratique bien plus aujourd’hui. J’enregistre bien plus, je fais bien plus de démos, je m’entraîne, de façon générale. Il n’y a rien de spécifique qui me vienne à l’esprit qui m’ait vraiment aidé, autre que le fait de pratiquer plus et de m’exercer, et que l’échauffement fait partie de ma routine quotidienne. Même si je ne chante pas un jour donné, je fais des échauffements, je maintiens ma voix en forme, etc.

Il y a quelque chose de très caractéristique dans ton approche vocale dans Sylosis : ta manière de crier avec de la mélodie…

Oui, j’appelle ça du pitched screaming – je crois que d’autres gens emploient ce terme. C’est quelque chose que j’ai plus ou moins pris chez Joe [Duplantier] de Gojira. Ma voix peut être un peu plus aiguë que la sienne, peut-être, pour le pitched screaming, mais quand From Mars To Sirius est sorti, cet album a été énorme pour la plupart des gens qui aiment la musique heavy. C’était un album vraiment excitant. Enfin, tous leurs albums sont super, mais ils se sont vraiment démarqués avec cet album. Il y a plein de cris très mélodiques sur cet album, on dirait qu’il y a toujours une hauteur dans son chant, et ça m’a énormément influencé. J’ai même grandi en écoutant pas mal de Pantera, et Phil Anselmo criait toujours avec une hauteur aussi. Je trouve que c’est cool parce que je veux que les chansons soient accrocheuses et mélodiques mais sans être kitsch. Donc je n’aime pas trop utiliser le chant clair ou le chant normal dans notre musique. Du coup, j’essaye toujours de trouver une manière de mettre de la mélodie et des accroches dans le chant, tout en sonnant très intense et agressif.

Tu as mentionné l’influence de Gojira sur ton chant, mais dirais-tu que ce groupe t’a tout autant influencé sur ton jeu de guitare ? On retrouve un peu de Gojira sur une chanson comme « Calcified » par exemple…

Oui, c’est sûr. C’est une énorme influence. C’est un groupe très inspirant, j’aime globalement leur approche et, je suppose, leur esthétique également, car ce groupe est super heavy mais il n’y a rien de kitsch ou de très cliché chez eux, ce qui est très plaisant. C’est aussi quelque chose que nous faisons, car nous ne voulons pas rentrer dans une esthétique metal cliché, que ce soit avec les illustrations ou autre chose.

L’une des chansons les plus surprenantes dans l’album est probablement la dernière, « Abandon », avec le piano, la guitare acoustique, le chant clair, etc. Le dossier de presse la décrit même comme « une marche funéraire grandiose et mélodramatique ». Quelle est l’origine de cette chanson ?

Il arrive souvent que je compose à l’envers, que j’écrive un bout de musique qui me paraît très puissant et je veux qu’il soit le centre d’attention de la chanson. La première partie que j’ai trouvée quand j’étais en train d’écrire cette chanson était la section d’outro, qui est ce vers quoi toute la chanson mène, mais je n’avais pas anticipé le type de chanson que ça allait devenir. J’ai juste pris une guitare un jour, j’improvisais et c’est ce qui en est ressorti. A partir du moment où la guitare acoustique commence, à mi-chemin dans la chanson, jusqu’à la fin, j’avais toute cette section depuis 2014 ou 2015, et les parties principales de la chanson – les couplets et le refrain – sont venues tout à la fin, littéralement juste avant d’aller en studio. Comme je disais, je travaille à l’envers. Une grande partie de cette musique existe donc depuis un bon moment. J’ai toujours eu des influences progressives, j’aime des groupes comme Radiohead, Opeth… Il y a même un peu de synthé là-dedans pour la première fois, ça n’était jamais vraiment arrivé avant car je ne veux pas utiliser trop de sons électroniques, j’aime que Sylosis soit organique. Mais j’adore Nine Inch Nails ou même de la pop des années 80 comme Kate Bush, et certains de ces sons sont inspirés par des trucs que Peter Gabriel ou Pink Floyd faisaient. Il y a un côté un peu différent, mais je trouve que ça fonctionne quand même bien dans l’album, ce n’est pas trop décalé de finir là-dessus.

Au bout du compte, quel impact a eu ton expérience avec Architects sur la manière dont tu as abordé Cycle Of Suffering ?

La majorité de la composition de l’album était terminée avant que je commence à jouer avec Architects en 2016. Le groupe s’est mis à l’arrêt et j’ai commencé à composer pour ce qui, dans mon esprit, allait être un nouveau groupe. Quand j’ai commencé à soumettre des démos au label et à mon manager, c’est là qu’ils ont dit que c’était un album de Sylosis. Une grande partie de l’album était écrite à ce moment-là, donc je ne peux pas dire qu’Architects a beaucoup déteint sur moi. Mais le fait de jouer avec eux, de faire des chansons plus concises, de voir que ce type de chanson passait mieux en live, ça m’a fait réaliser que je faisais ce qu’il fallait en rendant les chansons de Sylosis plus focalisées et plus nettes.

« En ayant moi-même grandi en fan d’un tas de groupes, parfois quand certains d’entre eux ont commencé à simplifier leurs chansons ou les rendre plus concises, je ne trouvais plus ça intéressant. Je ne veux pas que les chansons soient trop longues et je veux qu’elles soient très énergiques et pertinentes mais je veux aussi qu’elles conservent tout ce qui a attiré les fans de Sylosis vers notre musique. »

Mon collègue qui a chroniqué Cycle Of Suffering a dit qu’on pourrait presque considérer l’album comme une version thrash de Holy Hell. Qu’en penses-tu ? Vois-tu le moindre lien entre ces deux albums ?

Je suppose. J’ai l’impression que les gens comparent les deux groupes parce que je suis dedans maintenant. Je n’ai pas tout écrit sur Holy Hell mais il y a beaucoup de ma musique là-dedans. Je n’y peux rien, à ce stade de ma carrière, je pense qu’un certain son ressort de la musique que je fais. Je penche vers certains types de mélodies et Sylosis a toujours eu ces couches de guitare ambiantes, dès notre premier EP, où on retrouve ces crescendos ambiants de guitare mélodiques par-dessus de la musique heavy. C’est quelque chose qu’Architects a un peu fait avant et j’ai aussi beaucoup fait ça sur Holy Hell. Quoi que j’écrive, il y aura forcément des similarités entre Sylosis et Architects, ainsi que Passages. Je ne peux pas m’empêcher, la musique ressort d’une certaine manière quand je la compose.

Même au niveau des textes, la douleur et la souffrance semblent être un dénominateur commun…

Je suppose, oui. J’ai vécu une période en 2016 où j’étais assez déprimé. Je suis sujet à l’anxiété, c’est de là que je tire nombre de mes textes. J’ai tendance à écrire des textes seulement quand je me sens ainsi. Avec Architects, évidemment, ils ont traversé une grande période de chagrin avec la mort de Tom. Les deux albums tournent autour de la peine et de la souffrance, mais avec différentes origines. J’ai toujours été attiré par la musique mélancolique, donc ça a toujours fait partie du son de Sylosis. Ce serait bizarre d’avoir des textes vraiment positifs par-dessus une musique assez sombre [petits rires]. Je suis sincèrement plutôt heureux, j’ai une épouse et une fille de neuf mois maintenant. Quand je suis content, je suis quand même inspiré pour composer de la musique, c’est sûr, mais pour les textes en particulier, si je suis content, c’est dur d’écrire quelque chose qui soit en phase avec cette musique. Mais tout n’est pas personnel dans les paroles que j’écris.

A propos du titre de l’album, Cycle Of Suffering, tu as déclaré que ça « fait référence au fait d’accepter que la souffrance est une part inévitable de la vie de tous ». C’est une idée qui peut paraître très négative, de se dire qu’on est prisonnier de ce cycle de souffrance. Mais penses-tu qu’accepter la souffrance est un premier pas vers une vie heureuse ?

Oui. Enfin, il y a différentes significations derrière le titre ou différentes manières de le voir. Quand je dis que c’est une part inévitable de la vie, je ne veux pas dire que les gens seront toujours déprimés. C’est plutôt que nous devons apprendre à gérer l’inconfort mieux que nous ne le faisons. Même à un niveau dérisoire, si on est dans la salle d’attente d’un médecin ou à un arrêt de bus, c’est impossible pour la plupart des gens aujourd’hui de ne pas être sur leur téléphone et d’accepter de s’ennuyer. L’ennui est un inconfort de très bas niveau, « souffrir » serait un mot un peu trop fort pour décrire ça [petits rires], mais les gens sont incapables d’accepter de vivre une période d’ennui, sans regarder leur téléphone ou être distraits. On peut ensuite élargir ça au fait d’être distrait par la drogue, la boisson, un style de vie malsain… Pour ma part, Sylosis était mon bébé, c’est tout ce que je voulais faire dans ma vie, c’est le centre d’attention de ma vie. J’ai tout mis dans ce groupe, mais j’étais vraiment mécontent en 2016. Je n’aurais jamais pensé que j’arrêterais le groupe, mais j’étais tellement mécontent à l’époque et c’était vraiment important d’arrêter Sylosis… Quand j’ai mis le groupe à l’arrêt, je ne savais même pas s’il referait un jour quelque chose. Je ne voulais pas mettre un nom dessus, parce que c’était trop tôt pour dire que le groupe s’était séparé, mais c’est ce que je ressentais. Procéder à un énorme changement comme celui-ci était en fait ce qui a mené à mon bonheur, car je n’avais pas cette pression sur mes épaules, je n’avais pas le fardeau, le stress de devoir le faire. Parfois, il faut un très grand geste ou changement dans notre vie pour sortir d’une période de mécontentement. Ça peut être le fait de sortir une personne négative de notre vie ou arrêter de boire ; parfois, le simple fait de faire un changement radical comme ça peut être ce dont on a besoin pour sortir d’un cycle de souffrance, pour reprendre le titre de l’album [petits rires].

La souffrance est aussi ce qui rend les moments agréables de la vie encore plus intenses et appréciables…

Exactement, on a besoin des deux. Tout le monde, évidemment, adore être heureux mais quand tu es déprimé ou en deuil, on peut avoir l’impression que ça ne va jamais s’arrêter. Ceci n’arrive pas quand on est heureux…

Tu as toi-même créé l’illustration de l’album. Quel est ton background en matière d’art graphique ?

Je n’ai aucune sorte de formation dans le domaine. Ma mère enseignait l’art à l’école et faisait beaucoup d’art à la maison. J’ai grandi en dessinant beaucoup et j’ai visité pas mal de musées, y compris en France. Ça a toujours fait partie de ma vie, j’ai toujours apprécié l’art et la peinture. J’ai commencé à faire des illustrations pour des groupes vers 2013, juste des petits groupes, pour des pochettes d’EP et ce genre de choses. J’aime bien être créatif, tout simplement. Crois-le ou non, l’illustration de l’album a été peinte sur un iPad avec un stylet Apple [rires].

« Je veux que les chansons soient accrocheuses et mélodiques mais sans être kitsch. Donc je n’aime pas trop utiliser le chant clair ou le chant normal dans notre musique. Du coup, j’essaye toujours de trouver une manière de mettre de la mélodie et des accroches dans le chant, tout en sonnant très intense et agressif. »

Du coup, quelle a été ton inspiration pour cette illustration ?

Il n’y a pas de sens caché ou profond autour de ce qu’on voit sur l’illustration. Je pourrais sans doute inventer quelque chose qui conviendrait, mais je ne peux pas faire comme s’il y avait une vraie signification dans ce qu’on voit sur cette image. Ceci étant dit, l’illustration vient de mon anxiété. En 2018, j’ai pris l’avion à Los Angeles et pendant que l’avion était en train de décoller, nous sommes passés dans un trou d’air et l’avion a fait « boom ! », l’arrière de l’appareil a tremblé violemment. Il y avait beaucoup de méchantes turbulences sur ce vol. J’ai passé tout le vol terrifié, agrippé au siège devant moi. Ça a provoqué une période où j’avais peur de prendre l’avion. Peu de temps après, j’ai réalisé qu’être créatif détournait mon attention du sentiment d’anxiété. Dès que je prenais l’avion, je sortais mon iPad pour faire des illustrations, ou je sortais mon ordinateur portable pour travailler sur de la musique. J’ai réalisé qu’être créatif et faire des illustrations étaient une forme de thérapie. L’illustration de l’album a été réalisée durant l’été 2019 lorsque Architects se produisait sur un tas de festivals, et nous avons beaucoup pris l’avion, car nous nous envolions pour un weekend ou pour rentrer chez nous. Je me sens bien mieux en avion maintenant mais je reste anxieux, donc j’ai fait cette illustration pour me distraire. Je ne pensais pas spécialement à ce que je peignais, je créais ce qui me venait. C’est comme ça que cette illustration a été faite, sur ces différents vols, pour m’éviter d’être anxieux, ce qui fait le lien avec le titre de l’album, la souffrance et le sentiment d’anxiété. Pour ce qui est des visages, c’était plus un truc subconscient.

Le batteur Ali Richardson est déjà dans le groupe depuis six ans, mais Cycle Of Suffering est son premier album avec le groupe, puisque Rob Callard avait enregistré Dormant Heart. Je suppose qu’il avait hâte d’enfin mettre sa patte dans un album de Sylosis. Penses-tu qu’il ait apporté une excitation supplémentaire au processus ?

C’est un batteur très distinctif, il a un style vraiment unique et une manière de jouer reconnaissable. C’était super de travailler avec lui. Je jouais de la batterie avant, j’ai une bonne compréhension de la batterie et quand j’enregistre les démos des chansons, j’ai une idée très précise des parties de batterie. J’enregistre les démos avec une batterie programmée et il arrive souvent que je dise : « S’il te plaît, peux-tu ne pas changer ça ? » [petits rires], ce qui est énervant pour un batteur. Je comprends que ce n’est pas idéal d’avoir quelqu’un qui a écrit toutes ces parties batterie à notre place. J’essaye de laisser des espaces dans les chansons, sachant que j’ai appris à davantage collaborer, surtout après avoir composé de la musique avec Dan et Architects, après avoir vu ma musique être modifiée et avoir appris à lâcher prise. J’essaye de le laisser exprimer sa créativité un peu plus que peut-être je ne le faisais avant avec Rob. Il a fait un boulot extraordinaire, la batterie est vraiment excitante, c’est sûr.

Ce n’était pas frustrant pour lui que le groupe se mette à l’arrêt juste au moment où il l’a rejoint ?

Je suis sûr que ça a dû être très frustrant. Evidemment, je me suis senti mal de mettre le groupe à l’arrêt. Au final, c’était mon idée de faire ça, mais je n’ai tiré aucun plaisir à dire : « Hey, le groupe s’arrête, faites avec. » Ce n’est pas quelque chose que je prends à la légère, mais à la fois, j’étais vraiment mécontent. Mon exemple serait que l’on dise à quelqu’un travaillant à McDonalds et qui veut démissionner qu’il ne devrait pas. La personne est malheureuse et n’apprécie pas ce qu’elle fait. Peut-être que tu aimes sa manière de préparer la nourriture [petits rires] mais si elle n’est pas contente, c’est probablement mieux qu’elle ne reste pas travailler ici. Je suis sûr que c’était énervant pour lui et le reste des gars quand j’ai mis le groupe à l’arrêt, à cause de tout le boulot que nous avions abattu. Je ne veux pas paraître égoïste, mais il fallait que je fasse passer mon bonheur en premier. En plus, nous ne gagnions pas notre vie avec ce que nous faisions avec Sylosis, ce n’était pas notre boulot principal, ce n’était pas quelque chose sur lequel nous nous reposions pour vivre. J’aurais beaucoup plus appréhendé si j’avais arrêté le groupe et que ça aurait empêché les gens de pays leur loyer. Ce n’est pas comme si je les avais privés de leur salaire.

Ça fait quelques semaines maintenant que Cycle Of Suffering est sorti, et il est déjà encensé comme étant le meilleur album de Sylosis à ce jour. Je suis sûr que tu en es très content, mais vois-tu ceci comme une validation de la nouvelle approche prise sur cet album et est-ce que ça t’encourage à peut-être aller plus loin ?

Il est clair que c’est encourageant. Je me sens très créatif en ce moment, j’ai déjà commencé à composer pas mal de nouvelle musique. J’ai envie de conserver un pied dans le son de Sylosis tel qu’il est et puis bouger l’autre pied autour, si ça a du sens. C’est comme quand tu as un compas et que tu peux bouger le crayon autour. J’ai envie de conserver ce qui fait le son du groupe : les éléments techniques, les éléments rapides, l’agressivité seront toujours là. Mais je me sens plus libre de faire des choses différentes sur le plan créatif maintenant. J’apprécie que les chansons aillent davantage droit au but et soient plus concises sur cet album, et je pense que c’est ce qui parle aux gens, ce qui fait qu’ils l’apprécient. A la fois, je n’ai pas non plus envie de trop simplifier et d’aliéner nos fans. J’aime toujours la musique que nous jouons mais je trouve qu’il y a plein de choses que nous pourrions essayer sans abandonner notre son. Je me sens très inspiré aujourd’hui, donc je suis surexcité et heureux que l’album ait été reçu comme il l’a été. C’est comme si c’était un nouveau premier album, c’est un tout nouveau départ, d’une certaine façon.

« J’ai passé tout le vol terrifié, agrippé au siège devant moi. Ça a provoqué une période où j’avais peur de prendre l’avion. Peu de temps après, j’ai réalisé qu’être créatif détournait mon attention du sentiment d’anxiété. Dès que je prenais l’avion, je sortais mon iPad pour faire des illustrations, ou je sortais mon ordinateur portable pour travailler sur de la musique. »

Le fait de t’être éloigné pendant un moment de Sylosis a de toute évidence été une saine décision. Est-ce que ça te motiverait peut-être à faire ça plus souvent ou du moins à prendre plus de temps entre les albums ?

Si je le peux, j’aimerais faire avancer le groupe comme nous le faisions avant et faire un album tous les deux ou trois ans, qui est le temps standard pour les groupes. Je n’ai pas l’intention de remettre le groupe en hiatus, par exemple. Ceci étant dit, je suis toujours dans Architects, c’est avec ça que je gagne mon argent et c’est mon centre d’attention maintenant, donc il s’agit de faire en sorte que les deux groupes soient compatibles. Même si on a l’impression qu’Architects tourne beaucoup, nous ne partons jamais plus de cinq mois par an, ce qui laisse beaucoup de temps pour faire des choses avec Sylosis. Donc peut-être que caler les deux groupes de manière à ce que l’un n’interfère pas avec l’autre sera parfois compliqué et ça pourrait retarder des choses ici et là, mais il est clair que je ne veux plus de hiatus. Heureusement, les deux groupes partagent le même imprésario. C’est facile de voir quand un groupe est libre parce que cette personne qui cale tous les concerts est la même. Ça peut être épineux mais, au moins pour le moment, nous voulons que les concerts de Sylosis soient un peu plus exclusifs et ne pas trop tourner. Nous ne voulons pas nous précipiter, nous voulons nous assurer que c’est spécial. Pareil avec les festivals, nous ne faisons pas beaucoup de festivals cette année avec Sylosis, mais nous voulons être certains que quand nous en faisons, nous nous investissons dans le concert et mettons en place une bonne production.

Cycle Of Suffering est en effet un album qui donne l’impression d’être un second départ pour Sylosis, et il sort justement l’année où le groupe fête ses vingt ans. Avez-vous l’intention de célébrer ça ?

Tu es la première personne à me le faire remarquer ! C’est cool ! Je n’y ai pas vraiment réfléchi, pour être honnête. Même si le groupe a effectivement commencé à cette époque, nous n’étions que des gamins à l’école, nous avions environ douze ans. Donc le nom existe depuis tout ce temps, mais je suis le seul membre qui ait été dans le groupe depuis lors. Nous n’avons pas commencé à sortir des albums avant 2008. Durant les huit premières années du groupe, nous n’étions que des gamins qui jouaient. Donc je vois plutôt ça comme les dix années après le premier album que les vingt ans de la création du groupe.

Quelle était ton ambition il y a vingt ans quand tu as formé ce groupe étant gamin ?

D’en vivre, tout simplement. Je n’avais aucune intention de devenir riche mais je savais que je voulais tout le temps faire de la musique, être dans un groupe, partir en tournée… Gagner ma vie, être heureux et créer de la musique, c’est tout ce qui m’intéressait. Je n’ai pas besoin de beaucoup, j’aime tourner, j’adore créer et produire de la musique. Evidemment, je voulais que le groupe soit énorme parce que c’est marrant de faire de gros concerts, mais je ne me suis jamais trop soucié de l’argent. Je pense que c’est évident quand on voit que nous avons sorti quatre albums avant celui-ci avec de très longues chansons et rien qui ressemble à un gros single [petits rires]. J’apprécie juste de créer de la musique heavy. Si le groupe continue à grossir, je serais content parce que j’aime beaucoup ce que nous faisons, mais l’intention quand nous étions gamins était juste d’être dans un groupe.

Du coup, tu parviens à vivre de la musique maintenant que tu es dans Architects ?

Oui. J’ai la chance maintenant de pouvoir gagner ma vie en étant à plein temps dans un groupe. C’est extraordinaire, j’en suis très reconnaissant !

As-tu dû quitter ton boulot ?

Plus ou moins. J’ai beaucoup travaillé pour moi-même. J’ai produit des groupes, j’ai fait des illustrations pour des groupes, je donne des cours de guitare et j’ai fait tout un tas de choses qui m’ont permis de ne pas avoir un travail normal. Donc je n’ai pas eu à quitter un boulot. Il y a aussi que je vivais chez mes parents à l’époque [petits rires].

Interview réalisée par téléphone le 21 février 2020 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Emilie Bardalou.
Traduction : Nicolas Gricourt.

Site officiel de Sylosis : www.sylosis-band.com.

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