En place depuis bientôt huit décennies, les Nuits de Fourvière offrent chaque année leur lot de concerts mémorables. Vue imprenable sur les artistes, cadre millénaire, son aux petits oignons : difficile de résister à l’appel du live lorsque tombe la programmation de l’événement, surtout lorsqu’elle annonce la venue d’un certain Queens Of The Stone Age.

De passage dans le podcast de Bill Simmons l’an passé, Dave Grohl déclarait à propos de ses copains californiens : « Quand ils montent sur scène, c’est le meilleur groupe de rock du monde. De loin. Il y a des groupes live incroyables qui écrivent des chansons puissantes comme Rage Against the Machine. Il y a des groupes live incroyables qui peuvent faire jumper leur public comme The Prodigy. Mais pour la musicalité, et en tant que musicien, quand vous vous asseyez et regardez Queens Of The Stone Age, vous vous dites : ‘Ce n’est pas juste ! C’est quoi ce bordel ?’ Ils sont tous putain de badass dans le groupe, et ils le savent. » Inutile de dire que nous n’avions d’autre choix que de bloquer notre soirée.

Artistes : Queens Of The Stone Age
Date : 4 juillet 2023
Salle : Nuits De Fourvière
Ville : Lyon [69]

A peine arrivés dans l’enceinte gallo-romaine, on ne peut que ressentir l’impatiente excitation de l’assemblée qui avait eu deux mois pour se mettre en tête les ritournelles du dernier opus sorti en mai dernier. « Carnavoyeur », « Negative Space », « Emotion Sickness » ou encore « Paper Machete » : ce n’est pas loin d’un tiers de la set-list qui aura été consacrée à In Times New Roman… qui semble clairement avoir plus marqué les esprits que son prédécesseur, en live comme en studio. Là où les morceaux de Villains recevaient un accueil poli et mesuré il y a six ans, ceux du dernier-né entraînent déjà plus de ferveur dans la fosse.

C’est d’ailleurs depuis celle-ci que nous avons suivi l’intégralité du concert et force est de souligner le travail de la régie-son qui a su rendre justice à la musique tantôt frénétique, tantôt délicate du quintet. Chaque break de batterie, chaque ronflement de basse, chaque slide de guitare fait mouche. Le toucher des protagonistes n’est bien sûr pas étranger à ce régal auditif, l’intensité et le groove distillés par Troy Van Leeuwen et consorts font figure de masterclass. Précises mais pas proprettes, hargneuses sans être brouillonnes, les chansons de QOTSA résument en live ce que le rock ‘n’ roll sait faire de mieux : une énergie pure et communicative.

Évidemment les « No One Knows », « Little Sister », « My God Is The Sun » et autre «  Go With The Flow » décrocheront de plus belles ovations encore et Josh Homme ne restera pas indifférent face à la clameur lyonnaise. Le bonhomme communiquera à de multiples reprises, comme avant « Straight Jacket Fitting » où le chanteur décochera une rafale de « fuck » à l’adresse des gouvernements, réseaux sociaux, multi-nationales et autres entités anxiogènes. Le concert se conclura dans la liesse générale au rythme effréné de l’incontournable « Song For The Dead » qui verra Jon Theodore bolosser ses fûts comme si demain n’existait pas. Mais voilà, demain existe bien et il faut se résoudre à quitter notre terrain de jeu antique préféré. Et pour celles et ceux qui auraient loupé la fête, la captation d’Arte Concert sera disponible sur Youtube jusqu’au 11 juillet 2024…

Setlist (source setlist.fm) :

No One Knows
My God Is The Sun
Smooth Sailing
Carnavoyeur
The Way You Used To Do
Negative Space
Emotion Sickness
If I Had A Tail
The Evil Has Landed
Paper Machete
Make It Wit Chu
I Sat By The Ocean
Straight Jacket Fitting
Little Sister
In The Fade (dédié à Mark Lanegan)
God Is In The Radio
Go With The Flow
A Song For The Dead