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Interview   

Parole aux machines


Vous vous souvenez de Soul Machine et de son remix du morceau « Blackened » des Mets, j’imagine ? Non ? Eh bien voilà qui vous rafraîchira la mémoire alors !

DJ Soul Machine sera l’invité spécial de l’émission High Hopes qui se tiendra ce soir dès 20h. Cette High Hopes étant d’ailleurs la dernière de l’année. Mais ne vous en faites pas car Pamela Andergoth et moi-même seront de retour dès les premières semaines de 2011 munis de nos casques et épées pour défendre la cause incomprise des artistes oubliés. Pour en revenir à l’émission de ce soir et à l’interview « bouge ton corps », sachez que DJ Soul Machine répondra à nos questions vers 20h30. Possibilité de réagir sur le sujet (et sur d’autres) via le chat de Radio Metal menu « Extras » (sans mot de passe).

Interview :



Première chose : présente-toi. Qui es-tu et que fais-tu ?

A la base, comme un peu tous vos auditeurs, j’étais un bon gros métalleux dans l’âme. Je pense que j’ai passé toute ma jeunesse à headbanguer et à m’exciter sur ma guitare le plus fort possible. Au fil du temps, et surtout des concerts, j’ai été subjugué par certains artistes électro alors que c’était un style musical que j’ai dénigré par le passé. En fait, c’était lors d’un festival à l’époque où je vivais aux États-Unis, dans le désert du Nevada près de Las Vegas. Pour moi, la véritable tête d’affiche restait la reformation de Rage Against The Machine et je pensais que tout le monde était venu pour ça. Et pourtant, la moitié des personnes étaient venues pour Daft Punk. Et je me suis laissé totalement subjugué par le concert qu’ils ont donné, ça m’a un peu fait changé d’idée sur ce genre musical. Puis, dans un autre festival, celui de Coachella en Californie, j’ai découvert toute la troupe de Ed Banger, le label qui produit Justice, Sebastian, etc. C’est à la découverte de ces artistes que j’ai vraiment eu envie d’approfondir ce genre musical puisque je trouvais que l’énergie qu’on retrouvait dans cette musique était commune à celle qu’on pouvait retrouver dans le metal. J’ai vraiment retrouvé ce que je recherchais…

Daft Punk a donc été la première révélation pour toi ?

Oui. Pour moi, c’était la révélation inattendue. Moi, bien sûr, j’allais à leur concert parce que je connaissais leur réputation et étant donné qu’ils sont rares sur scène, je voulais voir ça. Mais je ne m’attendais à prendre une claque comme ça ! Pour moi, c’était le concert où je pensais passer un bon moment sans me prendre de baffe.

Quand tu dis que tu étais métalleux, cela veut-il dire que c’est fini ? Pour toi, le metal a-t-il su se renouveler ou es-tu parti chercher dans des registres différents et que tu n’en écoutes plus trop ?

Ça a été mon genre de prédilection pendant longtemps…

Parce que tu as quel âge maintenant ?

J’ai vingt-six ans. On va dire que j’en ai écouté jusqu’à environ vingt-quatre ou vingt-cinq ans. J’ai eu une grosse période entre dix-huit et vingt-cinq où je n’écoutais que ça, jusqu’à parfois écouter Darkthrone toute la journée. Je fonctionne un peu par période : j’ai eu ma période où je n’écoutais que du rock des 70’s, une période où je n’écoutais que du metal et là, je suis à fond sur l’électro. Mais ce que je garde tout le temps dans chacun des genres, c’est l’énergie qu’on peut en tirer, ce qui m’intéresse vraiment, c’est l’énergie. C’est pour ça que je n’ai jamais peur d’avouer que j’adore Soulfly et des groupes qui ne fonctionnent que sur une corde mais qui font sauter. Cette énergie qu’on retrouve dans l’électro actuellement. Je trouve que le metal « stagne » un peu alors que l’électro est en train de prendre un deuxième envol avec une nouvelle série de groupes, ou plutôt de DJs et de collaborations dont le but est de vraiment faire une musique énergique. Souvent, on a l’impression que l’électro, c’est juste David Guetta qui passe dans les boîtes et c’est que je croyais aussi à une époque (rires). Mais ce n’est pas du tout vrai. Notamment en France, il y a vraiment d’excellentes choses qui se font et j’ai été le premier surpris.

Tu as fait un remix de « Blackened » de Metallica. Penses-tu arriver à toucher le public metal à travers des remixes ? Mine de rien, il faut avouer que ce n’est pas un exercice très répandu dans le milieu du metal.

Beaucoup plus sur le temps et je pense que c’est notamment dû à cette nouvelle vague d’électro dont je parlais. Je pense par exemple à Justice, le groupe français qui a lancé ça car il terminait ses concerts en remixant « Master Of Puppets » et de toute façon, leur nom est un hommage à l’album And Justice For All. Rien que leur MySpace s’appelait « Et une justice pour tous » déjà. Je pense que cette nouvelle vague électro vient un peu du rock et du metal et qu’on voit arriver de plus en plus des remixes de metal alors que ça se faisait moins à une époque. Je sais que le groupe italien The Bloody Beetroots avait repris « Seek & Destroy » de Metallica.

Comment considères-tu les groupes qui reprennent les autres par l’intermédiaire du remix ? Je te pose la question dans le sens où tu as pas mal de fans de Metallica, par exemple, qui considèrent que dès lors que tu es dans la thématique du remix, cela n’a aucune valeur artistique, juste un amusement. Quel est ton regard là-dessus ?

Ce que j’aurais à leur répondre, dans ma vision des choses, un remix est un hommage. Pour moi, le rôle du DJ est de rendre hommage aux artistes qu’il adore et de les faire découvrir et partager aux gens. Faire danser les gens sur la musique qu’on aime, je trouve ça génial ! Lors de mes concerts, j’adore voir les gens danser sur du Behemoth. Pour moi, il y a purement une notion d’hommage. Comme je le disais tout à l’heure, c’est vraiment saisir l’énergie de la chose. Ce qui va faire sauter ou danser les gens, c’est un truc bien rentre-dedans. Si on trouve ça dans un riff de Slayer ou de Behemoth, je trouve qu’il n’y a pas de raison de s’en priver, surtout que c’est un clin d’œil et les gens vont adorer reconnaître que c’est ça.

Je pense à Moby qui a une démarche très ouverte et qui s’amuse avec des samples pour en faire une musique vachement émotionnelle et qui parvient pour autant à conserver une vraie touche personnelle à l’ensemble. Cela en fait donc une personnalité incroyable en terme musical.

Ça, c’est certain. Je pense aussi qu’au-delà de l’hommage, le remix est de donner sa personnalité au morceau, de donner son propre son. Le but n’est pas de reprendre juste le riff de Metallica, le mettre en boucle et espérer que les gens bougent dessus. Après, la valeur ajoutée est la façon de mettre en forme, telle qu’on la personnalise et telle qu’on lui donne sa personnalité. C’est là où je pense qu’il y a la recherche artistique. Après, je comprends que certaines personnes pas forcément habituées à cet exercice ou à écouter ce genre de musique considèrent ça comme un pillage d’un artiste qui s’est fait chier à composer le riff du siècle et qu’un DJ arrive pour mettre en sample afin de mettre un gros beat derrière sans rien de plus. Ça ne m’étonne qu’à peine, j’ai eu ce raisonnement il y a longtemps. Quand j’ai commencé à faire mes propres productions, on se rend quand même très bien compte que c’est différent Et même en écoutant les choses que font les autres artistes, on voit que ce n’est pas du tout le cas.

On parlait de Moby… Tu sais peut-être qu’il a monté un groupe de metal/rock. Comptes-tu toi aussi reprendre la guitare pour une démarche similaire ?

Non, pas forcément. J’ai joué de la guitare pendant longtemps dans différents groupes. C’est vrai que mon style de prédilection est souvent lié au matériel que j’affectionne à une époque donnée. Pendant longtemps, ça a été les guitares, c’est pour ça que j’ai été très rock/metal. Après, j’ai commencé à appréhender des synthés puis à aimer jouer avec des effets, des boîtes à rythmes, des machines, etc. Pour le moment, ce côté technologique/machine me plaît énormément et même si j’aime encore beaucoup jouer de la guitare, je ne pense pas monter sur scène pour jouer mes remixes avec une guitare à la main. Je n’ai pas forcément ce projet-là.

Tu as fait une vidéo sur le remixe de « Blackened » où tu as bien réussi à faire headbanguer Trujillo, Hetfield et sa bande sur un riff électro. Tu as bien dû te marrer à faire ça !

Oui ! J’aime beaucoup allier le visuel au son. D’ailleurs, puisqu’on parlait un peu des projets futurs, je suis en pourparlers avec des DJs pour monter quelque chose afin d’allier l’image au son que j’envoie en concert. J’ai toujours été quelqu’un de très touché par l’image et je trouve qu’on peut toucher beaucoup de gens avec ça. Il faut l’avouer, le but était que la vidéo tourne, que les gens la voient car mettre un morceau sur MySpace, ça ne tourne et ne touche pas forcément beaucoup de gens rapidement. Là, une vidéo un peu rigolote qui gardait l’esprit du morceau et de l’original, c’était le but et effectivement, je me suis bien marré à la faire !

Tu ne t’intéresses pas qu’au metal. Pour preuve, tu as fait un remixe de Jayce Et Les Conquérants De La Lumière. Que peux-tu nous dire là-dessus et pourquoi cet anime en particulier ?

C’est vraiment, depuis mon enfance, le dessin animé qui m’est resté dans la tête (rires). Il m’a marqué et j’adorais également ce générique, sa mélodie. Récemment, je me l’étais réécouté et je me suis dit qu’il y avait un potentiel incroyable de le refaire. Là, ça n’a pas été autant de sampling comme je l’avais fait pour Metallica. Les synthés, je les ai rejoué par exemple. Refaire ce morceau, lui donner vraiment une touche plus moderne, je me suis dit que ça pouvait vraiment être amusant et faire quelque chose de super sympa qui peut toucher les gens. Bien sûr, un nombre limité, ça ne va pas sortir de France et ce ne seront que les fans du Club Dorothée dans les années 80 qui se reconnaîtront (rires) ! Je pense qu’on a tous baigné dans cette ambiance et rendre hommage comme ça à son enfance, je trouve ça génial. Et puis faire quelque chose de musicalement abouti et qui tient la route, c’était plus que possible avec ce générique de dessin animé.

As-tu d’autres projets par rapport aux dessins animés ? D’autres remixes, d’autres samples, Dragon Ball Z, Hélène Et Les Garçons ?

Oui, dans un de mes lives, j’avais pris un kamehameha lors d’un morceau mais ça n’a pas été plus loin que ça (rires) !

Quels sont tes projets à court terme ? Qu’est-ce que tu as envie de faire ? Finalement, peut-être as-tu l’envie de te lancer dedans de manière plus professionnelle ou alors pas du tout ?

Pour le moment, c’est 100% plaisir de toute façon puisque mes prestations live sont un peu différentes de celles des autres DJs. Ce n’est pas un simple DJ-set où tous les mecs viennent avec leurs CDs et leur platine et ils enchaînent les musiques. Moi, je compose vraiment mes sets, je fais du mashop, c’est-à-dire superposer deux voire plusieurs chansons les unes au-dessus des autres. Je travaille donc avec des samples tout petits et ça prend énormément de temps. Tous mes sets sont composés, ça veut dire forcément que je ne fais pas beaucoup de concerts puisque j’essaie de faire évoluer mes prestations une fois sur l’autre. J’aimerais bien en faire plus mais là, je suis plus dans une phase de composition qui fait figer les choses pour quelques dates. Même si ce n’est que dans la région, je n’ai pas forcément d’ambition plus grosse pour le moment.

De la région, tu veux dire la région Rhône-Alpes. As-tu eu déjà l’occasion de jouer sur Paris ? De toute façon, pour tout ce qui est électronique, Paris doit être LA place idéale en France ?

Oui, bien sûr. J’ai eu quelques opportunités mais pour des raisons d’ordre professionnel, ça n’a pas forcément pu se faire. Mais à un peu plus long terme, je suis en contact avec un festival du cinéma dans le nord de la France et qui est jumelé à un autre festival du cinéma dans le sud de l’Italie. Ces personnes m’ont contacté pour que je clôture le festival et ce serait donc montée une vraie prestation avec des images sur ma musique.

Intéressant. Et comment as-tu été découvert ? Quelqu’un qui était fan de ce que tu faisais ?

C’est par contact avec deux DJs qui m’ont vu en live et ont vu que c’était clairement différent de ce que propose une autre DJ. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, on voit que le mode opératoire n’est pas le même qui se situe plus dans la démarche artistique et musicale. Vu qu’ils ont dans un art visuel un peu trash, un peu bizarroïde, ils trouvaient que ça pouvait vraiment coller un peu aux ambiances que je donne sur scène parce que j’aime bien mélanger les genres: du metal et de la house, un vieux rock des années 80 avec quelque chose de plus actuel… Voilà un peu les projets à moyen et long terme.

Question très importante : quels sont vraiment les DJs de référence en France et à l’international, des mecs qui t’influencent et qui sont reconnus dans le milieu ? C’est vrai que, à mon avis, la plupart des gens se font une image fausse de cette scène et confondent tout. Tu parlais par exemple de David Guetta tout à l’heure…

C’est vrai que moi aussi j’avais cette image-là de l’électro, de ce qu’on entendait à la radio et qui est totalement imbuvable. C’est une démarche qui est purement commerciale et je comprends pourquoi ça marche, pourquoi ça fait danser les gens. Après, moi musicalement, je n’adhère pas forcément et il se trouve qu’en France, il y a justement une scène qui est peut-être LA meilleure scène électro de ce côté-là. Ce qu’on appelle la french touch, c’est quand même nous qui l’avons inventé. C’est Daft Punk qui a lancé le mouvement, même s’il y a eu une époque de trop. Maintenant, c’est les gars de Justice ou justement le patron du label Ed Banger, Busy P ou un de leurs poulains qui est totalement hallucinant, Sebastian. Je conseille vraiment aux gens qui veulent découvrir de se plonger dans ce que produit le label Ed Banger et dans d’autres artistes qui commencent à faire leur trou comme l’Allemand Boys Noize ou même le Français Vitalic. Puis, s’ils veulent vraiment la claque des claques en concert, qu’ils aillent voir DJ Missill. C’est une nana qui n’est pas plus vieille que nous et qui envoie. A chaque fois que je la vois sur scène, à chaque fois, c’est une baffe de plus en plus incroyable. C’est vraiment quelqu’un d’hallucinant !

Justement, qu’est-ce qui différencie un DJ qui te marque toi et les autres artistes ?

Ça dépend un peu de la démarche choisie. Déjà sur album, c’est un peu comme tous les genres de musiques, il y aura des gens qui auront une démarche plus commerciale et rechercher les trois accords qui marchent à tous les coups et ceux qui vont plus se casser le cul et faire quelque chose de différent. Sur scène, c’est ceux qui se contentent de faire un fade entre les morceaux puis agiter les bras le reste du temps comme David Guetta ou ceux qui tenteront plus d’entremêler les morceaux entre eux pour proposer quelque chose de différent, voire ceux qui proposeront carrément des live qui ne se contentent pas de leurs CDs et platine mais avec tout le matériel. Un peu comme Daft Punk qui a ses synthés, ses machines… C’est vraiment là ce qu’on peut appeler un concert.

Que ce soit sur scène ou en live, à partir du moment où un DJ s’exprime, c’est une musique qui donne forcément toujours envie de danser. Y en a-t-il qui ont un rapport à la musique qui sortent du cadre du dancefloor ?

C’est vrai qu’il y toujours dans l’électro un côté dansant. Mais je pense qu’il y a des DJs qui essaient parfois un peu d’explorer certains domaines. Je pense à Vitalic qui a fait des pistes plus atmosphériques ou même Mr Oizo ou Boys Noise sur leur dernier album qui ont fait des pistes sans rythme. On peut citer carrément Daft Punk qui n’hésite pas à explorer de nouveaux horizons.

Comment se situe la France au sein de la scène électro ?

Je pense qu’au niveau mondial, la France est vraiment reconnue comme un des plus gros producteurs de house. Il faut vraiment avoir vécu aux États-Unis pour voir l’engouement des DJs français. On rigole quand on voit Justice ou Daft Punk ne faire qu’une date en France mais ils font un nombre de dates hallucinant aux États-Unis car la demande est énorme là-bas. Quand on dit qu’on est Français, on est tout de suite assimilé à ces groupes-là parce qu’ils ont ouvert la voie il y a quelques années. On est assimilé à ce style de musique qui a un son particulier aussi. Par exemple, l’Angleterre se défend très bien mais leur son est différent. Quand on connaît un peu plus de groupes, on peut reconnaître quelque chose qui vient d’Angleterre ou de France… C’est vrai que le son français est très recherché et qui n’est pas forcément facile à obtenir car il sort du lot. En tout cas, il est vraiment très, très apprécié.

Va-t-on pouvoir te voir en live prochainement ou est-ce la composition qui prend le pas en ce moment ?

Non, ces derniers temps, je me concentre plus sur la composition. Je prépare toujours mes sets en parallèle pour un futur live mais c’est encore moi qui fait les démarches. Je n’ai pas encore assez de notoriété pour qu’on vienne me chercher. De temps en temps, on me repère, on me propose de jouer et j’en suis toujours ravi. Mais la majeure partie du temps, si j’ai envie de jouer, c’est vraiment à moi de me bouger les fesses. Ces derniers temps, j’étais plus en train de peaufiner des morceaux tout en composant un nouveau set. J’aimerais bien faire un petit EP car je voudrais bien avoir quelque chose à fournir pour mes lives. C’est vrai que ce que je fais en live est différent de ce que je produis en studio et ce n’est pas toujours facile de le faire comprendre. Ça donne toujours un support de base.

Soundcloud de Soul Machine : www.soundcloud.com/djsoulmachine

Suite à un souci technique, l’audio et le podcast de l’émission n’ont pas été enregistrés. Merci à DJ Soul Machine et ses amis geeks d’avoir pu nous donner un enregistrement correct de l’interview.



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  • Si vous n’êtes pas sectaires et aigris, voilà une interview à lire. La version texte vient d’être ajoutée. Bonne lecture.

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