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Metalanalyse   

Chimaira à la reconquête de sa couronne


Chimaira n’a plus grand-chose à voir avec ses débuts. Mais pourtant, Mark Hunter, l’inamovible et seul rescapé des origines du groupe tient la barre droit devant lui, ancré à des convictions qui selon ses paroles n’ont pas dévié, malgré les avis de tempêtes réguliers liés aux changements constants de line-up depuis 1999 : « Quand j’ai commencé, j’ai eu le désir de faire un metal éclectique et extrêmement lourd. Rien n’a changé à cet égard. » Cinq guitaristes, quatre batteurs et pas moins de cinq bassistes pour quinze ans d’existence n’auront pas eu raison de la motivation du frontman. En revanche, deux albums précédents prenant des directions musicales différentes – notamment par rapport à Resurrection, l’album le plus vendu du groupe – et peu comprises ont suffisamment fait tanguer le bateau pour que les fans du groupe se demandent s’ils monteront à nouveau à bord de la galère Chimaira.

Chimaira a construit son empire sur la vague Metalcore. Et de The Impossibility Of Reason en 2003 à Resurrection en 2007, le groupe a fait la part belle au style, celui-ci lui rendant bien en lui offrant sur un plateau des hordes de fans ravis d’unir enfin leurs goûts hardcore et metal. Et avec Chimaira, le metalcore a plutôt été abordé du côté brutal. Dans une autre démarche que Killswitch Engage, par exemple, Mark Hunter n’a pas choisi la voie du chant mélodique à toutes les sauces sur les refrains, préférant bien souvent la brutalité des growls et l’intensité des parties vocales graves. Cette voix grave, il l’a à nouveau fortement exploité entre 2009 et 2011 avec les albums The Infection et The Age Of Hell, mais dans un propos plus lourd, sombre, aux entournures du death, ralentissant copieusement les débats rythmiques. Sont-ce les changements de line-up qui ont apporté cette mutation ou les envies du chanteur de faire évoluer les choses ?

Il apparaît comme un fait évident qu’il semble difficile de garder une cohérence absolue quand on change autant d’équipage en si peu d’années ou que, par exemple, le bassiste passe à la guitare lead, comme ce fût le cas avec Emil Werstler en 2012… Mais maintenant que le groupe semble reformé un peu plus solidement, ayant au passage pris à Daath trois de ses membres, à la basse (Jeremy Creamer), à la guitare (Emil Werstler) et au clavier (le chanteur Sean Zatorsky), Chimaira semble avoir voulu synchroniser le passé metalcore du groupe avec l’univers plus sombre, lourd et lent des deux derniers albums dans ce nouvel opus, intitulé Crown Of Phantoms. Ce n’est donc ni du metalcore, ni du death, mais assurément du Chimaira.

Si le groupe a toujours su briser des cervicales par le passé, il fait part d’un nouvel élan pour le faire dans des titres plus complexes qu’auparavant mais faisant preuve d’efficacité dans un univers très rentre dedans : « No Mercy » ou « Spineless » sautent à la gorge de l’auditeur dans un discours élancé et intense. Pour autant, les morceaux aux atmosphères lourdes, mais toujours élaborés rythmiquement et techniquement, sont là sur des titres bien définis : « Wrapped On Violence », et ses effets de pédale Whammy à la guitare, emmènera l’auditeur dans un univers sombre proche d’un Korn décomplexé et brut de décoffrage, tandis que le groove de « Plastic Wonderland » évoquera davantage Devildriver, voire une pointe de Gojira. « All That’s Left Is Blood », lui, ira plutôt chercher vers Slipknot et l’époque Iowa… Le mélange des sensations, à priori voulu par Hunter, est bien là, la cohérence trouvée par un mix plutôt approprié qui incorpore plutôt subtilement les sons électroniques, incarnés par quelques breaks intenses et nappes en arrière plan.

Sean Zatorsky se met d’ailleurs en évidence avec un morceau à valeur d’intermède étonnant : « The Transmigration » évolue avec ses claviers grandiloquents et ses chants quasi liturgiques vers quelques notes de guitares sèches, un repos nécessaire, et peut-être même un peu court, du guerrier, avant d’attaquer les six brûlots finaux. L’alchimie entre les succès du passé, les envies les plus sombres et la dynamique présente retrouvée grâce à une formation qui semble fonctionner, sont autant d’éléments qui risquent bien de ramener à eux les fans du groupe un peu désarçonnés par les dernières productions du combo. Le Chimaira nouvelle version est là, chargé de l’intensité d’antan, avec une exécution tirée à quatre épingles grâce à la nouvelle paire de guitaristes qui donne l’impression de déjà bien se connaître. Un duo Matt Szlachta (ex-Dirge Within) / Emil Werstler qui apporte sa virtuosité et précision, envoyant la musique du groupe dans une autre sphère de maîtrise technique. La mutation du vaisseau Chimaira semble enfin arrivée à son terme ; et si tous les membres de l’équipage restent enfin à bord, celui-ci pourrait bien tracer une route longue et prospère.

Album Crown Of Phantoms, sortie le 12 août 2013 chez eOne Music.



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  • Tout le monde se touche sur cet album, moi je ne le trouve pas transcendant. Très très redondant, très peu de mélodies pour aider à digérer, c’est plat d’un bout à l’autre et j’ai beau avoir aimé Mark Hunter à l’époque, il ne varie plus assez son chant. Me plait pas du tout cet album.

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