« Intensité » est très certainement le terme qui définit le mieux Kvelertak. Il y a évidemment l’intensité de sa musique qui, bien que parfois élaborée voire progressive, dégage toujours une énergie folle et celle de leurs concerts, sorte de tourbillon quasi chaotique, mais il y a aussi l’intensité intrinsèque des relations entre les six musiciens. Il est amusant de voir comme le guitariste Vidar Landa n’hésite pas à utiliser des termes comme « agressif », « forces autodestructrices », « insoutenable », « recette d’un désastre » pour décrire l’environnement de travail au sein de Kvelertak. Après tout, ça prouve surtout que lorsque l’on écoute un album du groupe ou qu’on le voit sur scène, rien n’est feint, tout est ressenti, de la violence à la vulnérabilité.
Toujours est-il qu’on espère qu’ils réussiront encore longtemps à canaliser cette intensité, suffisamment pour ne pas « détruire le groupe », car celui-ci démontre avec son cinquième album, Endling, qu’il a encore beaucoup à dire et à apporter, à l’instar de Vidar dans l’entretien qui suit. On y parle évidemment du nouvel opus et de cette intensité, à tous points de vue, qui fait la marque du groupe, mais aussi d’une identité instaurée dès son premier album et des histoires locales, loin des clichés nordiques, qui les ont inspirés.
« On peut l’entendre dans l’influence des morceaux plus symphoniques d’Iron Maiden et de Queen : nous utilisons souvent les guitares et même le chant, en ce qui concerne les derniers albums, de façon symphonique. Nous essayons de maximiser l’utilisation des trois guitares. »
Radio Metal : Kvelertak a désormais réalisé tout un cycle avec Ivar et vous êtes sur le point de sortir un second album avec lui. Quel est ton sentiment sur ces cinq premières années en sa compagnie ?
Vidar Landa (guitare) : C’est passé très vite ! Ça a été bien amusant depuis qu’il est arrivé. Il s’est très bien intégré au groupe. Nous avons effectué quelques tournées avant de commencer à enregistrer ensemble, ce qui, je pense, a été une bonne chose. Mais c’était très amusant de se mettre à travailler sur un nouvel album avec lui. Avec Splid, nous avions déjà commencé à écrire des chansons avant qu’il n’arrive et il ne s’était pas encore habitué à notre manière de travailler en tant que groupe, alors qu’avec ce nouvel album, Endling, il était là dès le début et davantage impliqué dans la conception des morceaux. Sur le plan des tournées et des concerts, ça a été génial. Il y avait, grâce à lui, une énergie renouvelée au sein du groupe que le public pouvait certainement entendre.
J’ai lu qu’avant de rejoindre Kvelertak, c’était un peu un ermite. Ce n’était pas un changement brutal pour lui de se retrouver du jour au lendemain à tourner dans le monde entier et à jouer devant plein de gens ?
Il avait déjà fait ça dans sa carrière passée, car en particulier au début des années 2000, il a fait partie de groupes en Norvège qui tournaient pas mal et étaient réputés, avant qu’il n’abandonne tout ça et ne disparaisse dans les bois pendant un long moment [rires]. Pendant ce temps, il était dans la menuiserie, peignait des maisons et faisait de drôles de boulots comme ça. Les deux années avant de rejoindre Kvelertak, il bossait très dur dans la construction de maisons et ce genre de choses, donc le fait d’être sur la route, d’être dans un groupe, de se retrouver à manger du catering en backstage, etc. était une sorte d’aubaine pour lui. Il a tout de suite aimé ce changement de style de vie.
Vous sortez désormais Endling, votre cinquième album. Pour celui-ci, vous avez enregistré la plupart des chansons live en studio, et seulement une avec un click. Il est clair que Kvelertak est dans son élément et prend vie en live. C’était important pour vous de retrouver en studio l’énergie de vos concerts ?
Ça a toujours été difficile pour nous de faire ça. Lorsque nous enregistrions aux Etats-Unis avec Kurt [Ballou], nous le faisions toujours au click. La batterie passait en premier avec seulement une piste de guitare guide, puis nous rajoutions le reste par couches. C’était une méthode de travail sympa, notamment pour peaufiner toutes les parties de guitare, mais ça rend aussi le processus un peu statique. Avec le temps, nous savions que nous travaillions bien de cette façon avec Kurt, et vu que nous nous rendions aux Etats-Unis, en n’ayant que trois semaines pour faire un album, nous n’avions pas le temps d’expérimenter à faire des prises live et de prendre le risque que ça ne marche pas. Cette fois, notamment en raison de la pandémie, nous avions plus de temps, et le producteur de cet album voulait vraiment que nous fassions tout live. Voilà pourquoi nous nous sommes retrouvés à le faire ainsi. Je crois que nous sommes parvenus à capturer [l’énergie du groupe] bien mieux que sur Nattesferd, par exemple, avec lequel nous avions fait pareil mais en jouant au click et en le produisant nous-mêmes. Cette fois, nous avions aussi peut-être plus d’expérience, nous avions plus de temps, nous étions plus détendus, et ce n’était pas aussi dogmatique. Les prises live devaient être aussi bonnes que possible, mais nous avions le droit de corriger des choses après coup et nous savions que nous allions faire des overdubs. C’était très relax, surtout au début des enregistrements, quand nous faisions toutes les prises live avant que les disputes ne commencent [petits rires].
Penses-tu que vous perdez quelque chose quand vous enregistrez avec la méthode traditionnelle ? As-tu l’impression qu’il y avait un écart entre le studio et le contexte live ?
Pas forcément. Personnellement, quand je vais voir des concerts, je n’ai pas besoin que ce soit identique à ce qui a été enregistré. J’aime voir un groupe jouer les chansons différemment en live que sur album et avec un son différent. Ça n’a donc pas forcément toujours été l’objectif, mais étant un groupe qui a beaucoup tourné et qui a travaillé ses derniers albums principalement en salle de répétition, avec tout le monde réuni, nous avons l’impression d’avoir tiré le meilleur parti des identités individuelles des membres et de celle du groupe dans son ensemble dans l’enregistrement d’Endling grâce à la façon dont nous l’avons enregistré. Est-ce qu’il manquait quelque chose avant ? C’est dur à dire, parce que tout dépend comment ça sonne à la fin. Quand nous écoutons le mix final de cet album, ça nous fait clairement dire que c’était la bonne chose à faire, mais ce n’est pas quelque chose dont on a forcément conscience au moment où on commence à enregistrer un album. Dans tous les cas, c’était vraiment le bon choix cette fois et ça a donné un autre feeling à cet album, il a un côté un peu plus sauvage, en un sens, que les précédents, en tout cas pour nous. C’est dur parfois d’essayer de se réinventer, or ça a toujours été important pour nous de faire des albums qui apportaient du neuf. Dans notre genre musical, ça peut être dur de ne pas se répéter, et je crois que le fait d’aborder la production ainsi nous a permis de sonner un peu différent et frais – en tout cas, c’était l’intention.
« C’est très intense et nous nous emportons souvent. Il y a des mots très moches qui sont prononcés et beaucoup de cris, de portes claquées et de menaces. C’est un environnement assez agressif par moments en studio ! […] C’est tout le temps un équilibre entre création et destruction. Il y a de nombreuses forces autodestructrices au sein de ce groupe, qui se desservent mutuellement. C’est toujours deux pas en avant, un pas en arrière. »
Soit dit en passant, quelle chanson a été enregistrée au click, et pourquoi ?
C’est une chanson intitulée « Svart September ». Principalement parce que nous avons essayé de donner un côté plus mécanique au rythme de batterie. Donc le click, sur ce morceau, a davantage été utilisé comme un outil de production que par nécessité. Håvard [Takle Ohr] n’a aucun problème à jouer un rythme stable, donc c’était plus pour rendre ça encore plus mécanique. C’était plus pour faire un effet qu’autre chose.
Vous êtes six dans le groupe, dont trois guitaristes : ça ne devient pas compliqué parfois pour être en place avec autant de personnes, surtout quand vous enregistrez live en studio de toutes nouvelles chansons que vous ne maîtrisez peut-être pas totalement ?
Clairement. Nous avons eu le temps de beaucoup jouer ces chansons avant d’aller en studio cette fois, mais ça a toujours été source d’inquiétude pour nous par le passé quand nous allions en studio, et c’est pourquoi nous enregistrions les guitares couche par couche avec Kurt, car nous avions peur que ça ne sonne pas suffisamment en place. Nous n’avons jamais eu ce genre de problème en concert. Il est certain que c’est beaucoup de boulot pour préparer les tournées, mais Marvin [Nygaard], Bjarte [Lund Rolland], Maciek [Ofstad] et moi jouons ensemble depuis que nous avons vingt ans voire moins, donc nous nous connaissons très bien et ça se met en place assez facilement. Et puis Håvard à la batterie adore répéter et nous pousser à très rapidement être en place sur les parties, ce qui est super. Il y a juste qu’en studio, on se sent vulnérable, surtout quand on écoute les guitares individuellement et qu’on entend tous les petits bruits et erreurs. D’un autre côté, c’est l’intérêt d’enregistrer live, car ça fait que ça sonne plus sauvage et confus, parce qu’il y a ces petits trucs qui ne sont pas exactement sur la grille. Ça respire plus. Tant qu’on ne joue pas les mauvaises notes ou mal, le fait de jouer un peu plus librement, comme nous l’avons fait cette fois, ça crée un plus gros son en fait. Mais c’est sûr que le fait d’être trois guitaristes et six personnes représente plus de travail qu’un trio [rires], mais ça peut aussi parfois être plus marrant.
On retrouve aussi de nouveaux instruments sur certaines chansons, comme du piano et du synthé. Le fait d’avoir trois guitares apporte déjà beaucoup de possibilités créatives, alors qu’est-ce qui vous a fait penser que vous aviez besoin d’encore plus d’instrumentation ?
Ce n’est pas tant que nous avons beaucoup plus d’instrumentation sur l’ensemble d’une chanson, c’est plus que, quand il y avait de la place pour d’autres sons, nous en avons profité pour élargir notre spectre sonore, parce que nous en avons les moyens. Nous avons toujours utilisé un peu de piano, mais plus dans un style honky-tonk, façon rock scandinave, à la Hellacopters. Cette fois, nous avions Jørgen [Træen] – l’un des producteurs – qui pense la production de façon très cinématographique. Ça fait aussi partie des choses marrantes dans le fait d’enregistrer en Norvège, car sur cet album, toutes les paroles sont en norvégien, donc il pouvait ressentir les mots qui étaient chantés et les accompagner d’un petit son de piano, parfois en jouant sur les cordes mêmes du piano, par exemple, ou un petit son de synthétiseur pour les accentuer. C’est une manière d’aborder la production qui est nouvelle pour nous. Nous avons donc utilisé ça plus comme un effet ; ce n’est pas comme si nous avions un piano en plus sur toute la chanson, c’est surtout là pour élargir un peu le mix.
Vous pensez reproduire ça en live ?
Non, pour l’instant, nous n’en ressentons pas le besoin. Mais il y a de nombreuses années, nous avons fait un concert en Norvège, lors d’un festival, où nous avions un piano, un synthé et un guitariste acoustique en plus. C’était amusant, mais l’idée, c’est aussi, en tant que groupe, de se concentrer sur ce pour quoi on est bon, or nous sommes un pur groupe de rock et de metal en live. Ce serait cool à un moment donné d’avoir des instruments supplémentaires avec nous, mais pour l’instant, nous ne voulons pas nous perdre dans tous ces trucs sophistiqués en tournée. Nous voulons continuer à être un groupe de rock, car je pense que c’est ce que nous avons toujours fait de mieux en live. Ce n’est donc pas notre priorité pour l’instant, mais faire un jour un concert ou deux où nous proposerions autre chose, en faisant intervenir d’autres musiciens, serait une expérience sympa.
« Si nous nous disputons autant, c’est parce que ce groupe est très important pour chacun d’entre nous. C’est probablement ce qui va détruire le groupe un jour, mais c’est aussi un peu ce qui le maintient en vie, et ce qui fait qu’il vaut le coup. »
Kvelertak n’est donc pas prêt de devenir un groupe symphonique…
Non, pas tout de suite [rires].
Ceci étant dit, je suppose que d’une certaine façon, avec trois guitaristes, vous avez déjà un côté symphonique…
Absolument ! Et je pense qu’on peut l’entendre dans l’influence des morceaux plus symphoniques d’Iron Maiden et de Queen. Nous utilisons souvent les guitares et même le chant, en ce qui concerne les derniers albums, de façon plus symphonique. Il est clair que nous essayons de maximiser l’utilisation des trois guitares en ce sens.
Vous avez fait appel à pas moins de trois producteurs pour Endling : Jørgen Træen, Yngve Sætre et Iver Sandøy. Ça fait beaucoup, surtout pour un album qui a été enregistré live ! Quel a été le rôle de chacun d’entre eux ? Comment avez-vous organisé les sessions avec eux ?
Nous avons pas mal plaisanté en disant que nous nous disputons tellement que nous avons besoin de trois producteurs, mais la vérité est que le studio où nous sommes allés s’appelle le Duper Studio, à Bergen, et ces trois producteurs gèrent la live room ensemble, ils ont différents studios dans le même bâtiment, et ils travaillent souvent ensemble sur des albums. Par exemple, Iver est le batteur d’Enslaved mais il a produit ce groupe avant de les rejoindre, et c’est aussi un ingénieur. Il s’est donc occupé d’installer certains trucs pour cet album. Il donnait aussi son point de vue et son opinion sur les chansons qui avaient un côté plus black metal. Jørgen a mixé et masterisé l’album, et c’était un peu le producteur principal. Yngve travaille souvent avec Jørgen sur les albums. Ils ont travaillé de cette façon, par le passé, sur d’assez gros albums de rock norvégiens.
Une autre raison pour laquelle nous avons voulu procéder ainsi, c’est que nous logions là-bas – nous nous sommes rendus à Bergen et vivions dans une maison ensemble. Nous pouvions ainsi enregistrer vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Même s’ils sont trois, ils sont tous ingénieurs, producteurs et musiciens, donc ils sont tous très complets et si l’un devait rentrer chez lui ou faire une pause, il y avait toujours quelqu’un pour prendre la suite. En conséquence, nous pouvions enregistrer toute la journée et personne n’avait à se tourner les pouces. Etant un groupe de six membres, où tout le monde joue, fait des choses, est impliqué, etc. c’était une opportunité pour être constamment dans un espace créatif et pouvoir enregistrer quand nous en avions envie au lieu d’attendre sans rien faire.
Nous pouvions par exemple démarrer la journée en faisant une prise live et Ivar pouvait chanter en même temps que la prise, puis nous pouvions corriger ce qu’il y avait à corriger sur la prise live, faire les solos de guitare ou les leads, etc. Puis, au lieu de nous arrêter là et de rentrer à la maison, nous pouvions déjà commencer à travailler sur le chant le soir. Donc plutôt que de ne rien faire pendant deux semaines, Ivar pouvait se mettre à travailler sur ses parties dès le jour où nous avons commencé à enregistrer une chanson. C’était une super méthode de travail, surtout maintenant que le chant est un petit peu plus mélodique, et c’était plus facile de voir la chanson prendre forme car il y avait des parties vocales. Du coup, quand nous commencions à faire d’autres overdubs, nous pouvions fondre encore plus le chant dans le mix – nous n’avions jamais fait ça avant.
Tu as dit que vous plaisantiez pas mal en disant que vous vous disputez tellement que vous avez besoin de trois producteurs, mais il se trouve qu’Ivar a déclaré que « l’ambiance dans la pièce est toujours très intense et parfois même violente avec Kvelertak ». Qu’est-ce qu’il veut dire par là ?
C’est peut-être parfois un peu trop privé pour entrer dans les détails, mais c’est effectivement très intense et nous nous emportons souvent. Il y a des mots très moches qui sont prononcés et beaucoup de cris, de portes claquées et de menaces. C’est un environnement assez agressif par moments en studio ! Après avoir terminé l’enregistrement de cet album, nous étions très fatigués, nous n’avons même pas voulu écouter le mix ou quoi que ce soit pendant plusieurs mois. Il a fallu un peu de temps pour prendre du recul et écouter la musique pour ce qu’elle est. Je n’aurais pas dit ceci il y a un an et demi, mais maintenant – et c’est toujours comme ça –, je me dis que c’est aussi pourquoi c’est aussi amusant de jouer dans ce groupe, car tout le monde le prend très au sérieux. Si nous nous disputons autant, c’est parce que ce groupe est très important pour chacun d’entre nous. C’est probablement ce qui va détruire le groupe un jour, mais c’est aussi un peu ce qui le maintient en vie, et ce qui fait qu’il vaut le coup, que nous nous soucions de ce que nous faisons et que nous avons quelque chose à présenter. C’est du donnant-donnant. C’est constamment un amour vache dans ce groupe.
« Si nous avions été capables de jouer et faire tout ce que nous voulions, nous aurions sonné comme n’importe quel autre groupe. A la place, nos inaptitudes sont devenues notre point fort pour créer notre propre son. »
Penses-tu qu’il est plus difficile de traiter avec Kvelertak qu’avec la plupart des groupes ?
Oui, parfois. A bien des égards, quand nous faisons des chansons en salle de répétition, nous sommes souvent à l’unisson, nous sommes souvent d’accord, donc je pense que c’est plus quand nous sommes en studio, lorsque les parties sont enregistrées et qu’elles vont être figées à jamais, que ça devient un peu trop tendu. Il devient très clair que, contrairement à ce que nous croyions, peut-être que nous ne pensions pas exactement la même chose. C’est là qu’il est important d’avoir un producteur capable de clarifier la direction. Avec Kurt mais aussi Jørgen, Yngve et Iver, c’était bien pour nous d’avoir quelqu’un d’adulte dans la pièce pouvant nous dire : « Ceci est une bonne idée, on va essayer. Maintenant, toi et toi vous la bouclez. » Il faut quelqu’un pour superviser tout ça, parce qu’autrement, nous n’arriverions à rien. Tous les groupes ont leurs travers, mais je pense que c’est inhabituel d’avoir un groupe de six musiciens où chacun a son mot à dire. Ça fait que les décisions prennent plus de temps. Il y a plein d’avis différents et plein de gens qui ont leur mot à dire, ce qui peut parfois ralentir les choses et les rendre un peu confuses pour les tourneurs et le management. Ceci dit, je pense que la plupart des gens avec lesquels nous avons travaillé ou qui nous croisent ne voient pas cet aspect du groupe que nous voyons en studio. Je pense que la plupart des gens diraient que c’est plutôt sympa de travailler avec nous et qu’il y a des groupes bien plus difficiles que nous, mais l’intensité de notre amitié et de notre environnement créatif est assez unique. Je connais des gens faisant partie d’autres groupes et d’après ce qu’ils me disent, c’est un peu plus intense chez nous [rires].
Tu disais que c’est « probablement ce qui va détruire le groupe un jour ». Comment gérez-vous cette incertitude autour du futur du groupe ?
C’est peut-être le problème justement, nous ne le gérons pas, et ça rend le tout un peu précaire. Je pense que ma vie serait plus agréable si tout n’était pas aussi incertain, mais je crois que la musique et les concerts sont meilleurs grâce à ça. Comme je l’ai dit tout à l’heure, si ça avait été quelque chose que nous prenions pour acquis ou dont nous ne nous soucions pas trop… Le fait que ce soit si important pour chacun de nous d’être dans un groupe, de faire des albums et de partir en tournée fait que c’est plus explosif, mais aussi insoutenable par moments [rires]. J’exagère un peu, mais c’est vrai en un sens. C’est tout le temps un équilibre entre création et destruction. Il y a de nombreuses forces autodestructrices au sein de ce groupe, qui se desservent mutuellement. C’est toujours deux pas en avant, un pas en arrière.
Est-ce que tu dirais que ce côté explosif et incertain participe à la créativité du groupe ? Penses-tu que ça apporte une urgence et une forme de danger dont la musique bénéficie ? Ou, au contraire, devez-vous faire des efforts pour que ce ne soit pas trop destructeur ?
Non, je pense que la musique en bénéficie. Peut-être est-ce parce que j’étais dans la salle d’enregistrement et que je pouvais ressentir l’ambiance, mais je peux l’entendre dans la musique et dans le mix final. Il y a une sorte d’énergie qui, je crois, n’aurait pas été présente si nous ne faisions que nous amuser avec insouciance – ce n’est pas notre style de faire ce genre d’album. Il y a toujours eu une part de [tension], à des degrés divers suivant les albums et les époques du groupe, et je crois que c’est pourquoi nous sonnons comme nous sonnons. Si nous sommes trop à l’aise, ça pourrait devenir un peu ennuyeux.
La biographie promotionnelle mentionne que « Endling est à la fois l’œuvre la plus simple et la plus ambitieuse du groupe à ce jour ». Je ne sais pas si tu es d’accord avec ça, mais « simple » et « ambitieux » semblent être des termes contradictoires, ou alors penses-tu qu’on se fait une fausse idée du mot « ambition » ?
Oui et non. Je pense que « simple » renvoie à la structure de certaines chansons. Sur cet album, il y a des chansons plus rock et directes, et à la fois, il y en a d’autres qui prennent une direction plus progressive, et nous avons passé plus de temps sur les paroles, les mélodies vocales, l’instrumentation, etc. C’est en ce sens que c’est plus ambitieux qu’avant ; nous voulions faire quelque chose de nouveau. Avec Splid, par exemple, nous avons vraiment voulu revenir auprès de Kurt et faire un album de Kvelertak classique, presque comme une seconde version du premier album. Ce n’était pas très risqué. Je suis très fier de cet album, je le trouve super, mais maintenant avec Endling, c’était : « On a fait ça avec Kurt et le nouveau line-up, on peut désormais se lâcher. » Nous n’avions rien à prouver. Il n’y avait que notre créativité qui comptait. Nous n’avons rien fait dessus pour plaire à qui que ce soit. Il y a un côté vulnérable dans cet album. Je ne sais pas si les gens y seront respectifs. A bien des égards, nous en fichons, et à la fois, c’est une position très amusante. C’est ce que nous voulons dire quand nous qualifions cet album d’ambitieux. Et puis je pense qu’on peut faire des chansons rock simples tout en faisant un album ambitieux, même si je comprends qu’en lisant la bio ce n’est pas aussi évident de saisir ce que nous voulons dire [rires].
« Nous avons eu beaucoup de temps pour voyager en Norvège, aller dans la forêt, dans les paysages montagneux, en faisant des recherches sur de vieilles histoires relatives en particulier au coin où nous avons grandi. C’était cool de voir qu’il y avait autant de matière inutilisée et que nous étions un peu les seuls à pouvoir écrire dessus, car personne d’autre n’y avait accès ou n’avait les moyens de la comprendre. »
D’un autre côté, faire concis et efficace, ce n’est pas aussi un peu le challenge pour un groupe tel que Kverlertak, avec lequel il serait facile de surcharger la musique et de partir dans tous les sens ?
Absolument ! Mais aussi de sur-analyser les choses. Je crois que c’est ce que nous avons commencé à faire sur le second, le troisième et le quatrième album. Quand tu débutes dans la musique, tu es plus ouvert aux idées et à changer des choses, tu as une approche plus enfantine, puis tu rencontres du succès et tu commences à penser de plus en plus à ta façon d’écrire les chansons, tu te demandes si elles sont suffisamment bonnes, tu commences à faire des comparaisons, etc. Donc oui, ça peut clairement être plus facile de se disperser plutôt que de rester dans la concision. Nous avons essayé de faire ça sur plusieurs albums, en nous disant que ce serait un simple album de rock, puis nous nous sommes retrouvés avec tout à fait autre chose. Nos albums et la plupart de nos chansons ne prennent jamais la forme que nous les imaginions prendre [rires].
Kvelertak fait partie de ces rares groupes à avoir un son très identifiable – dès les premières secondes de l’album, on sait que c’est vous. Et cette identité a été établie dès le premier album. Comment avez-vous fait ?
« Mjød » a probablement été écrit en 2006, donc presque quatre ans avant que le premier album ne sorte. Nous avons donc passé quelques années à jouer et divers membres sont allés et venus avant d’obtenir le line-up final en 2009. Nous avons eu le temps [d’établir notre identité]. Aujourd’hui, beaucoup de groupes se forment et sortent directement leur musique sur Spotify, ils ont tout de suite la matière pour enregistrer un album. Nous sommes arrivés juste avant ça, ce qui fait que nous avons dû y passer du temps, faire des démos et laisser quelques années s’écouler avant d’être prêts à enregistrer un album. Même si l’album est sorti en 2010, beaucoup de choses se sont passées avant. Nous avions déjà joué ensemble et essayé des choses qui ont parfois échoué pendant presque quatre ans avant que l’album ne sorte. C’est bien de prendre quelques années pour apprendre à jouer et à être un groupe. Et puis, bien sûr, Kurt Ballou, qui a produit l’album, a joué un grand rôle. Personne dans le groupe n’avait enregistré d’albums avant. Nous avons eu des groupes avec lesquels nous avons fait des démos, mais nous n’étions jamais allés dans un vrai studio pour enregistrer un album. Donc le fait que Kurt nous montre comment faire et que Converge nous emmène sur notre première tournée, nous soutienne et nous apprenne des choses, c’était très important. Nous avons eu beaucoup de chance d’avoir des gens talentueux pour nous guider si tôt dans notre carrière. Nous sommes très reconnaissants envers Converge, mais aussi Mastodon, qui ont été un peu nos vieux cousins ou oncles. Ils nous ont toujours soutenus et aidés.
Vous mélangez black metal, punk et classic rock. Ça peut sembler être une combinaison contre nature, mais d’après toi, est-ce que ça l’est vraiment ? Comment ces trois genres musicaux se complètent-ils ?
Je ne sais pas trop. Si j’avais lu cette description, je ne suis pas sûr que j’aurais eu envie d’écouter ce groupe [petits rires]. C’est juste que nous sommes parvenus à faire ce mélange de façon à ce que ça sonne comme Kvelertak. Et je suis d’accord pour dire que c’est un mélange de ces différents genres de musique, mais ce n’est pas simple à faire. Quelques années avant que nous commencions, Satyricon avait sorti Volcano, l’album avec lequel ils sont partis dans ce qu’on appelle du necro n’ roll, et il y avait des groupes comme Carpathian Forest, et puis Turbonegro a été une grande inspiration ici en Norvège. Personnellement, j’ai grandi en écoutant pas mal de Guns N’ Roses et ce genre de choses. Bjarte a écouté beaucoup de classic rock mais aussi Fleetwood Mac, Dire Straits, etc. Nous avions donc toutes ces inspirations étranges que nous avons essayé de réunir dans un groupe. Je pense que c’est aussi une question d’âge. Si nous avions été de meilleurs musiciens à l’époque, ç’aurait été difficile de trouver ce son. Nos objectifs musicaux étaient toujours un peu plus élevés que ce que nos capacités nous permettaient d’atteindre [petits rires]. D’une certaine façon, c’est ce qui a créé notre propre son, parce que si nous avions été capables de jouer et faire tout ce que nous voulions, nous aurions sonné comme n’importe quel autre groupe. A la place, nos inaptitudes sont devenues notre point fort, d’une certaine façon, pour créer notre propre son.
« D’un point de vue créatif, j’en ai un peu marre des artistes qui copient ce qu’ils ont entendu ou vu ailleurs. C’est plus intéressant quand les gens trouvent quelque chose à eux sur lequel écrire et chanter, plutôt que de copier ce qui a déjà été fait de nombreuses fois. »
Vous avez même un côté country dans « Døgeniktens Kvad », avec le banjo…
Oui ! [Rires] En fait, c’est une guitare banjo. Les paroles de cette chanson sont chantées du point de vue de rednecks, donc ça collait bien. C’était rigolo.
Tu as mentionné Turbonegro comme l’une de vos influences, et je sais que Darkthrone en est une autre. Quel serait le point commun entre ces deux groupes, en dehors du fait qu’ils sont norvégiens ?
Darkthrone et Turbonegro ont probablement suffisamment d’humour pour ne pas être prétentieux. Fenriz et Happy-Tom sont assez terre à terre avec la musique, et je pense que c’est aussi le cas au sein de Kvelertak. Nous ne nous sommes jamais trop pris au sérieux. Même s’il y a des paroles inspirées par la mythologie et le folklore nordiques, nous avons toujours eu une relation pleine d’ironie à ça, et je crois que c’est pareil avec Darkthrone et Turbonegro. Musicalement, tous ces groupes ont probablement grandi en fans de Kiss.
Ces deux groupes montrent la diversité de la scène norvégienne : dirais-tu que Kvelertak soit un pur produit de la Norvège et de la pluralité de sa scène ?
Je ne sais pas. C’est difficile de se détacher de ses origines et de l’environnement dans lequel on a commencé à écouter de la musique et à en jouer, mais à bien des égards, même si, clairement, certains groupes de black metal ont été importants pour nous, le reste était autant britannique et américain que norvégien.
La mélodie est en partie ce qui rend Kvelertak aussi irrésistible et addictif. D’ailleurs, « kvelertak », ça veut dire « emprise » en norvégien : était-ce votre but depuis le début d’avoir une emprise sur l’auditeur, un peu comme une drogue ?
[Rires] Je suppose que c’est ce que tous les groupes de hard rock recherchent. A une époque, il y avait une tradition dans le punk et le black metal en Norvège consistant à adopter ce genre de noms basés sur des termes violents. Nous étions surpris que Kvelertak n’ait pas déjà été pris. C’était donc juste un nom sympa que personne n’avait encore utilisé. C’est clair que ça colle à la musique qui est agressive, mais nous sommes probablement plus mélodiques que ce nom ne le laisse entendre. Si on entendait uniquement le nom, on ne s’attendrait pas forcément à une chanson comme « 1985 » ou d’autres trucs plus mélodiques.
En termes de thématiques, vous vous êtes inspirés des traditions et du folklore local. Tu as déclaré que « sur Endling, [vous] racont[ez] les histoires d’hommes et de femmes norvégiens disparus et mourants ». Comment ces personnes et ces histoires vous ont-elles inspirés ?
Quand nous avons commencé à travailler sur cet album, nous avons voulu nous éloigner de tous les clichés et, à la fois, il nous fallait trouver de l’inspiration pour écrire des textes. Avant et pendant la pandémie, tout était tellement politique, il y avait tellement d’infos sur l’état du monde… Bien sûr, ce sont des choses dont nous nous soucions et sur lesquelles nous nous informons, mais nous voulions nous écarter de ça lorsque nous étions en train de faire l’album. Nous voulions faire quelque chose qui pourrait faire davantage office d’évasion, comme ces albums que tu achètes en vinyle, tu lis les textes, et même si c’est en norvégien, tu vois des noms de lieux ou de gens et tu peux chercher des informations dessus, tu peux regarder la pochette, les crédits, etc. L’idée était de faire un album qui n’était pas conceptuel mais qui permettrait aux gens de s’évader, plutôt que d’avoir des paroles qui t’expliquent à quel point le monde est déglingué ou qu’on en a marre de la pandémie.
« On ne peut pas allumer un service de streaming sans voir une série sur les Vikings. Dans la plupart, ils ne sont pas représentés de façon exacte. Il y a beaucoup de clichés et nombre de ces séries ressemblent plus à des publicités pour la Norvège qu’autre chose [rires]. »
Nous avons eu beaucoup de temps pour voyager en Norvège, aller dans la forêt, dans les paysages montagneux, en faisant des recherches sur de vieilles histoires relatives en particulier au coin où nous avons grandi, c’est-à-dire la côte ouest et sud-ouest de la Norvège. Il y a énormément d’histoires et de traditions folkloriques locales qui n’ont encore jamais été exploitées. Tout le monde se tourne tout le temps vers les sagas de la mythologie nordique ou la mythologie classique, ou vers la situation politique aux Etats-Unis et ce genre de chose. Donc c’était cool de voir qu’il y avait autant de matière inutilisée et que nous étions un peu les seuls à pouvoir écrire dessus, car personne d’autre n’y avait accès ou n’avait les moyens de la comprendre. C’était cool de trouver quelque chose d’unique. Nous avons donc passé beaucoup de temps là-dessus. C’était amusant ; c’était presque comme un passe-temps d’aller à la bibliothèque nationale pour dénicher de vieux livres et de vieilles histoires, mais aussi des plus récents. C’était ça l’idée. Même s’il y a des textes qui partent un peu plus dans tous les sens, pratiquement toutes les chansons, d’une façon ou d’une autre, se situent géographiquement sur la côte ouest et sud-ouest de la Norvège.
Le confinement et l’isolement vous ont donc poussés à vous replier sur vous-mêmes, votre esprit et votre propre pays…
Sur notre esprit, oui, clairement. Pour ce qui est du pays, nous avions commencé sur Splid à nous intéresser à l’histoire locale, donc il s’agissait plus de trouver quelque chose sur lequel nous étions les seuls à pouvoir écrire. C’est là que tu vas chercher les histoires que tu connais et sur lesquelles un groupe américain ou suédois ne peut chanter. Je dirais que le confinement a juste un petit peu amplifié ça.
Quels enseignements avez-vous retirés de ces histoires ?
Je ne sais pas si nous avons appris grand-chose. La condition humaine a toujours été un peu la même [rires]. Ce sont toujours les mêmes histoires sur les croyances, la mort et l’amour. On retrouve tous ces thèmes dans plein d’histoires et de lieux différents. C’est probablement ça que nous avons appris, qu’on n’a pas forcément besoin d’aller au cinéma ou de lire les grandes sagas pour trouver tous ces thèmes. C’était amusant par exemple de voir comment, il n’y a pas si longtemps que ça – et ça ne concerne pas que la Norvège –, les gens organisaient les funérailles, célébraient la mort et faisaient de grandes fêtes pendant plusieurs jours avec les morts pour que l’esprit et le corps puissent intégrer ce qui se passe. Je crois que Nikolaï Astrup, un artiste norvégien, avait décrit l’une de ces cérémonies de funérailles où il pouvait sentir la pièce trembler et où les corps commençaient presque à bouger au rythme des violonistes qui jouaient à l’époque. C’était intéressant et amusant de trouver de la matière aussi parfaite pour du heavy metal [rires].
Mais il y a aussi des histoires, comme dans la ville d’Egersund, à mi-chemin entre Stavanger et Kristiansand, où nous avons grandi. Il y a un cimetière qui est divisé en trois. Des familles se sont disputées, il y avait des désaccords, donc certaines sont parties pour créer une autre congrégation, ce qui fait que, tout d’un coup, dans une petite ville, il y avait trois cultes chrétiens différents, avec des interprétations différentes, et chacun pensait que les autres iraient en enfer, et personne ne pouvait entrer en contact avec les autres. Quand on passe à côté, on peut encore voir des clôtures et des arbres, et tous ces gens sont divisés en trois cimetières. On ne lit pas souvent ce genre de chose. De l’extérieur, on ne croirait pas que ça existe encore dans un pays laïque comme la Norvège. Ça, c’était intéressant. Un gars qui faisait partie d’un de ces cultes a d’ailleurs sorti un livre cette année sur son vécu quand il a cherché à en sortir. C’était le bon timing pour avoir une chanson là-dessus dans l’album [rires]. Peu de gens en Norvège connaissent toutes ces histoires.
« Il y a cette contradiction : c’est quand nous sommes les plus turbulents et agressifs que nous produisons la meilleure musique et les meilleurs concerts. Mais c’est aussi un peu la recette d’un désastre, d’une certaine façon [rires]. »
Penses-tu qu’on devrait davantage apprendre du passé, des vieilles traditions et du vieux folklore, et des personnes âgées, ou en tout cas utiliser ça pour prendre du recul sur la société actuelle ?
Oui, je pense que c’est toujours bien de regarder les expériences du passé, ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné, rien que pour mieux comprendre notre espèce. Mais par-dessus tout, je trouve ça fascinant, et d’un point de vue créatif, j’en ai un peu marre des artistes qui copient ce qu’ils ont entendu ou vu ailleurs. C’est plus intéressant quand les gens trouvent quelque chose à eux sur lequel écrire et chanter, plutôt que de copier ce qui a déjà été fait de nombreuses fois.
Dans la citation que j’ai mentionnée tout à l’heure, tu parlais aussi de « vieux et nouveaux mythes, cultures et rituels [qui] prennent vie – le folklore qui ne colle pas à un concept de série télé. Les Vikings et les trolls, c’est pour la télévision. Ceci est authentique. » Regrettes-tu la façon dont la mythologie, les traditions et le folklore nordiques sont abordés dans les séries et les films ?
Non, c’est très bien et des gens gagnent de l’argent grâce à ça. Même en Norvège, pendant de nombreuses années, les histoires de Vikings n’étaient pas tellement des choses qu’on apprenait à l’école, mais ces vingt dernières années, ça a été beaucoup plus en vogue et aujourd’hui, on ne peut pas allumer un service de streaming sans voir une série sur les Vikings. Dans la plupart, ils ne sont pas représentés de façon exacte. Il y a beaucoup de clichés et nombre de ces séries ressemblent plus à des publicités pour la Norvège qu’autre chose [rires]. Je m’en fiche un peu. Je trouve que c’est parfois du bon divertissement, mais il est peut-être temps d’apporter du neuf.
Est-ce que plus de gens se rendent en Norvège grâce à ces « publicités » ?
Probablement ! En tout cas, les gens posent toujours des questions dessus. Je suppose que c’est bon pour les Norvégiens d’habiter dans le « pays des Vikings » [rires].
Une tradition que vous avez brisée, c’est celle de la chanson « necro ». Il n’y en a aucune sur cet album !
Je sais ! Nous avons essayé, mais la chanson n’était pas assez bonne, donc nous la gardons pour le prochain album. Il faut que nous la travaillions et qu’elle soit suffisamment bonne, et nous n’avions pas les bonnes paroles pour cette fois.
Evidemment, le titre de l’album, Endling, fait référence aux gens dont vous narrez les histoires dans cet album, mais tu as aussi dit que Kvelertak était lui-même le dernier de son espèce. Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
Probablement ce dont nous avons parlé tout à l’heure, le fait que c’est un groupe avec lequel on ne sait jamais vraiment si ce sera le dernier album ou pas, le fait qu’il y ait ce côté fragile. Endling, ça veut dire « le dernier de son espèce », mais c’est surtout que ça sonnait bien dans la biographie plus qu’autre chose [rires]. Ceci dit, je trouve que c’est plutôt bien décrit dans la biographie, quand on est comparé à une supernova qui est le stade où l’étoile est la plus destructrice mais aussi la plus brillante. C’est un peu la vision que j’ai de Kvelertak. Il y a cette contradiction : c’est quand nous sommes les plus turbulents et agressifs que nous produisons la meilleure musique et les meilleurs concerts. Mais c’est aussi un peu la recette d’un désastre, d’une certaine façon [rires].
Interview réalisée par téléphone le 26 juillet 2023 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Stian Andersen.
Site officiel de Kvelertak : www.kvelertak.com